Les cinq grands dossiers du nouveau ministre de l’intérieur

Les cinq grands dossiers du nouveau ministre de l’intérieur

Après une longue journée émaillée par des rebondissements et des revirements, Hichem Fourati, proposé au poste de ministre de l’Intérieur a remporté, samedi 28 juillet 2018, sans difficulté, un vote de confiance au Parlement.

L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a voté cette confiance avec 148 voix pour, 13 contre et 8 abstentions.

Le changement de position du groupe parlementaire de Nidaa Tounes a enlevé tout suspens quant à l’issue du vote. Même le groupes, dont notamment celui d’Al Horra, qui ont annoncé leur intention de voter blanc, se sont rétractés et ont accordé leur confiance au nouveau ministre.

Hichem Fourati qui succède à son ancien patron Lotfi Brahem démis de ses fonctions le 6 juin dernier et remplacé à titre intérimaire par le ministre de la Justice Ghazi Jeribi, a beaucoup de pain sur la planche. Dans son allocution d’ouverture, le chef du gouvernement Youssef Chahed lui a déjà tracé uen feuille de route, avec au moins cinq grands dossiers qui ne sont pas de moindres.  « Si Hichem Fourati obtient le vote de confiance du parlement, la feuille de route qu'il aura à réaliser portera sur 5 points », a expliqué Youssef Chahed.

Fourati a l’avantage de bien connaitre ce ministère où il a passé toute sa carrière dont il était directeur de cabinet jusqu’à sa nomination.

1.« Renforcer les capacités opérationnelles de l'institution sécuritaire en matière de lutte contre le terrorisme, sa vocation républicaine et sa protection contre toute tentative d'infiltration ». L’attaque terroriste contre une patrouille de la garde nationale le 8 juin dans la région d’Ain Soltane à Ghardiamou, survenue à l’orée d’une saison touristique prometteuse, est venue nous réveiller de notre torpeur et nous rappeler que le terrorisme est toujours là et qu’il ne faudrait pas dormir sur nos lauriers.  Elle souffre d’un manque de matériels et de logistique, d’où l’annonce d’une ouverture d’enquête sur ce sujet précis.

Le nouveau ministre doit rassurer les touristes qui sont de retour après trois années     difficiles.

2. Le nouveau ministre « aura également pour mission d'améliorer la situation matérielle et sociale du personnel du ministère ». L’institution sécuritaire qui a été frappé au cœur au lendemain du 14 janvier 2011 dont elle ne s’est pas complètement relevée, fait, ces derniers temps l’objet de plusieurs tiraillements. Elle a fourni plusieurs martyrs et la moral de ses troupes n’est pas au beau fixe. Le remaniement opéré dans la hiérarchie de la garde nationale en juin 2018, à la suite du limogeage de Lotfi Brahem a suscité plusieurs interrogations. Le ministre devra composer avec les syndicats sécuritaires mais également avec la société civile et les syndicats des journalistes qui se plaignent des dépassements de la police et réclament davantage d’outils de contrôle de son action. L’un des griefs contre son prédécesseur est cette tension entre journalistes et activiste de la société civile d’une part et la police de l’autre.  Il doit à la fois les rassurer et remonter le moral de ses troupes.

3. Hichem Fourati doit aussi « se focaliser sur la lutte contre la migration irrégulière, la traite des êtres humains et le crime organisé et de lutter contre le trafic de drogue et la contrebande », a souligné le chef du gouvernement. L’émigration clandestine est devenue un véritable phénomène en Tunisie et il ne se passe pas un seul jour sans qu’une tentative ne soit avortée. Le drame de Kerkennah qui, officiellement, a précipité la révocation de Lotfi Brahem, a provoqué plus de 80 morts. La société civile tunisienne et les ONG étrangères tous comme les médias nationaux et étrangers observent scrupuleusement les actions policières. De son côté, l’Union européenne fait pression sur la Tunisie pour abriter des « centres de d’accueil » pour migrant secourus en mer. Les autorités tunisiennes ont rejeté cette demande, mais par contre, elles se sont engagées à assurer la sécurité de ses frontières pour juguler le phénomène migratoire et rapparier les Tunisiens en situation irrégulière.

4. « Renforcer le sentiment de sécurité chez les citoyens ». Le niveau de la criminalité en Tunisie a augmenté ces dernières années. Selon une étude réalisée par l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques, la criminalité a pris une ampleur considérable en chiffres et violences. Durant les dernières années, le nombre des plaintes déposées pour crime a atteint 200.000. Ce chiffre n’englobant que des crimes graves et pourrait tripler si on compte les crimes d’agression par violences verbales ou physiques. Elle s’est développée aux abords des établissements éducatifs, hospitaliers et des stations de transport public. Les campagnes menées de temps à autre, si elles ont permis l’arrestation de milliers de personnes recherchées, n’ont pas, toutefois, réussi à juguler ce phénomène.

5.  Arrêter l’un de ses prédécesseurs, Najem Gharsalli qui se trouve sous le coup d’un mandat d’amener mais qui s’est volatilisé depuis. L’ancien ministre de l’Intérieur et ancien ambassadeur au Maroc, doit être entendu par la justice dans le cadre de l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’État dite « affaire Chafik Jarraya ». Il est à rappeler qu’une information avait couru avant le limogeage de Brahem faisant état d’une injonction du chef du gouvernement à son ministre de trouver Gharsalli en 48 heures sous peine d’être révoqué.  Fourati est averti et un homme averti en vaut deux.

B.O

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