Marzouki, Mraihi, Djait et Saied: Des idées à débattre au débat d'idées

Marzouki, Mraihi, Djait et Saied: Des idées à débattre au débat d'idées

Par Naoufel Ben Aissa 

Entre le médecin et l'enseignant à la Présidence de la République, la probité est le seul point de convergence.
Mohamed Moncef Marzouki, remarquable élève et étudiant, puis farouche opposant et enfin président, est aussi brillant dans bien d'autres domaines.
Très bien instruit et cultivé, il avait dans son entourage des amis penseurs et "intellectuels" qui l'appréciaient dont Hichem Djait. Tous les deux hommes de principe, de conviction et d'engagement, ils ont le courage de leurs opinions.
Lors d'un débat télévisé, Marzouki Président a invité Djait à être présent. Ce dernier, discret, n'a pas cherché à s'imposer dans la discussion. Toutefois, il ne s'est pas  empêché de donner un avis sur son ami Président et a lancé: " mais c'est un bon Président, pourquoi vous lui en voulez autant?". Auparavant, il a émis l'avis suivant sur le "changement" et le coup du 7 Novembre 1987: " c'est un évènement historique important'.
Le lendemain de sa parution à la télévision, les foudres des opposants au médecin Président se sont abattus sur Djait, allant, dans un élan d'acharnement sans précédent, jusqu'à le taxer de sénile en reprenant la fameuse :" la vieillesse est un naufrage"!
Venant de supporteurs de Beji Caied Essebsi, âgé de près de quatre vingt dix ans, à l'époque candidat aux présidentielles, c'est surprenant, non!?
Après avoir critiqué "les Califes Maudits" de Héla Ouardi et émis des réservés, il a subi le même traitement qu'auparavant. Seulement cette fois ci, les auteurs de son agression ne sont autres que les prétendus démocrates et soit disant "classe intellectuelle" des salons et des " Maudits Medias ".
Au lendemain de l'assassinat de Chokri Belaid, outré, Djait a annoncé son adhésion symbolique au parti de la victime. C'est ainsi que sans faire de politique, il "fait acte" de dénonciation de la violence, de l'intégrisme et du terrorisme.
Hichem Djait a toujours "fait acte' de présence dans le monde des pensées, sorte de soufisme intellectuel, sans se soucier, mais aucunement, de ce que peuvent en penser "les autres" de tous bords. C'est ce qu'on appelle défendre ses libertés, de penser et de s'exprimer.

Lotfi Mraihi, et depuis qu'il s'est mis à faire de la politique, n'a jamais raté une occasion pour "faire acte' et prendre position. Ainsi, il a dénoncé à tour de bras la prolifération de l'hépatite C, l'affaire des stents périmés et toute forme de corruption dans le système de santé, dans les finances et dans les affaires de l'Etat.
Ses déclarations fracassantes et ses sorties remarquables lui ont value une certaine popularité et même une popularité certaine auprès d'un électorat, acquis car convaincu de ses thèses, de plus en plus nombreux. C'est sa manière de gagner en politique, doucement mais sûrement.
Ainsi, Mraihi "fait acte" en faisant de la politique.
Depuis, il est "sous surveillance" des parties qui craignent l'ouverture de la "boîte de Pandore" ou qui cherchent des alliances pour redorer leur blason et gagner en popularité. Approché par Ennahdha, ses adversaires, soutenus par ses détracteurs qu'il a mis à nu, ont sauté sur l'occasion pour l'accuser de "nahdhaoui déguisé". C'est ce qu'ils ont fait aussi à Hichem Djait!
En principe, on ne doit pas faire de la politique quand on a quelque chose à cacher et peur d'être dévoilé. C'est ce qui explique l'agressivité de celles et ceux qui n'osent pas poser nus.
En son temps, Bourguiba s'est toujours méfié des libres penseurs et les a tenus à l'écart. Seuls les "négres penseurs" étaient intégrés dans le système du pouvoir.
Ben Ali quant à lui, s'est mis à jouer avec au chat et à la souris. Il les a embobinés et attirés dans ses filets. Ainsi, les deux Charfi, Mohamed et Abdelmajid à titre d'exemple, sont tombés dans le piège. Hichem Djait ou Moncef Marzouki par contre, ont continué à cavaler en libres penseurs.
Qu'en restera-t-il? De Djait et Marzouki des œuvres, des ouvrages, des pensées et des disciples, certainement.
Qu'en est-il des "casse-pipe" ? Des chauve-souris qui fuyant la lumière sévissent la nuit, peut être. Une sorte de meute de chiens errants, qui ne savent qu'aboyer et se dérober. De là à leur demander de comprendre ce qu'est un débat d'idées, c'est un vaste projet!.
En fait, Il est impossible de s'exprimer sur un sujet quand on est soi-même sujet. C'est pour cela que même déchus, ils ont la nostalgie d'un passé désormais révolu.
Quant à l'énigmatique Kaies Saied, toujours en tête d'après les sondages, loin d'être à la hauteur de la fonction, il n'a rien d'un politique. Il ne sait ni faire acte, ni être présent au bon moment. Pourtant, c'est LE Président! 

 

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