Une photo géante de Saïed sur la façade d’une mosquée : le retour en force du culte de la personnalité ?

Une photo géante de Saïed sur la façade d’une mosquée : le retour en force du culte de la personnalité ?

Une photo géante du président de la République Kaïs Saïed déployée en haut de la façade du minaret d’une mosquée de Sidi Ali Ben Oun du gouvernorat de Sidi Bouzid a intrigué les internautes et a créé la polémique dans les réseaux sociaux.

Ils ont été nombreux à ne pas avoir cru leurs yeux en découvrant l’image tant elle leur paraissait d’une autre époque. Cela fait plus de dix ans qu’aucun, des hommes politiques qui ont tenu les rênes du pays, n’a osé aller aussi loin dans le culte de la personnalité.

Il faut revenir au vieux temps de Bourguiba et de Ben Ali pour trouver ce genre de manifestation. Si à ces époques là cela était toléré c’est que le peuple ne jouissait pas de la liberté conquise depuis et que les laudateurs étaient légion à vouloir montrer un attachement au « Combattant suprême » ou à « l’Artisan du changement » qui tous deux ont été lâchés par ceux-là même qui leur manifestait une indéfectible fidélité.

Mais plus que le culte de la personnalité qui est en lui-même une insulte à la dignité du citoyen et du peuple « seul dépositaire de la souveraineté », selon Saïed lui-même, c’est le confusion entre religion et Etat qui pose problème. La « neutralité » des lieux de culte est un élément essentiel en démocratie, et personne fut-ce-t-il le chef de l’Etat en personne ne peut utiliser ce « bien commun » pour son propre usage.

Kaïs Saïed est-il au courant de la démarche du Festival de Sidi Ali Ben Oun qui serait derrière cette initiative, ce qu’elle a d’ailleurs nié contre toute évidence ? S’il est au courant et qu’il a laissé faire c’est très grave. Si cela s’est fait à son insu c’est bien plus grave encore car ce genre de manifestation risque de se multiplier surtout à la lumière des pouvoirs étendus accordés par la nouvelle constitution au président de la République.

Kaïs Saïed se doit de réagir avec la plus grande vigueur contre de telles pratiques. S’il les tolère c’en est fini avec la liberté, la démocratie et tous les acquis de la révolution qu’elle date du 17 décembre ou du 14 janvier.

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