Atteinte à la liberté d’expression au sein de la télévision nationale

Atteinte à la liberté d’expression au sein de la télévision nationale

 

Inadmissible. C’est le moins qu’on puisse dire pour commenter la décision de Lassaâd Sakar, chef du service des sports de la chaîne de télévision nationale, de renvoyer l’entraineur de hand-ball, Chedli El Gaïed, lors de la mi-temps du match de handball entre le Club Africain et l'ESS.

En effet, El Gaïed a été invité par la télévision nationale pour commenter ce match au sommet en compagnie de la journaliste Lamia Dhaouadi. Mais lors de ses interventions, il s’est permis, en tant que technicien, d’émettre certains avis critiques sur la fédération tunisienne de Handball et sur le choix du sélectionneur.Ce qui n’a pas plu à certains membres de la fédération dont l'un s’est permis de téléphoner à la mi-temps de ce match, au chef du service des sports, pour lui signaler ce qu’il a considéré comme un écart.

Au lieu de refuser cet interventionnisme et cette atteinte à la liberté d’expression, le responsable en question s’est précipité et a ordonné de faire évacuer Chedli El Gaïed lors de la mi-temps. Alors que même, si l’entraineur pourtant connu par ses qualités morales, a gaffé ou dérapé, le chef du service des sports de la télévision nationale aurait pu traiter l’affaire autrement en demandant à la journaliste de le recadrer ou de lui répondre.Ce renvoi a provoqué un tollé concernant le retour des méthodes de l’ancien régime au sein de la télévision nationale. Des méthodes qu’on croyait révolues à jamais depuis la révolution dont le seul acquis est cette liberté d’expression. 

Il a, en outre, ouvert la porte à de nombreuses spéculations et questionnements sur le degré de l’indépendance des journalistes sportifs, surtout si les fédérations les invitent à accompagner les sélections et prennent en charge leurs séjours. Face à ce tollé, la Fédération va, semble-t-il, éclaircir la situation pour dire qu’elle n’est pas responsable de ce renvoi qui a été décidé par Saker.

Du côté de la FTHB, une source nous a précisé que même s’il y a eu ce coup de fil, il ne s’agit que d’une initiative personnelle et que son auteur l’a prise pour attirer l’attention sur les intentions de Gaïed et pour demander à le recadrer, sans jamais exiger de le renvoyer.

Il semblerait que même du côté de la télévision, on a déploré cette initiative de Saker qui a pris cette décision sans même consulter sa direction. Une enquête a même été ouverte à ce sujet. Mais quoi qu’il en soit, et quels que soient les motifs, cette décision de renvoyer un entraineur pour ses avis, prise par le chef du service des sports est une grave atteinte à la liberté d’expression.

Cheker Berhima