Faut-il faire taire Mohamed Talbi ?

Faut-il faire taire Mohamed Talbi ?


Depuis quelque temps, le penseur tunisien Mohamed Talbi multiplie les apparitions médiatiques pour tirer à boulets rouges sur les fondements mêmes de la charia qu'il tourne en dérision de façon on ne peut plus condescendante.

Pour cet historien de formation, qui se dit également "islamologue", le Coran n'interdit pas le vin. La sodomie n'est pas haram. La prostitution est légale. Le Prophète de l'Islam n'était pas illettré. La charia est galvaudée...Et puis quoi encore !?
 
Agrégé d’arabe depuis 1952, titulaire d'un doctorat d'histoire à la Sorbonne depuis 1968, professeur et ancien doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Tunis, membre fondateur de l'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts...,Nul ne conteste le "bagage" de ce penseur qui porte plusieurs cordes à son arc.

Auteur également de plus d'une vingtaine d'ouvrages sanctionnés de titres les plus honorifiques ( Chevalier de la Légion d'honneur (France), Prix Hiroshima pour la paix et la culture (Suède)..., ce nonagénaire assez bien conservé (il a 93 ans) ne cesse de créer la polémique, en tentant de remettre en question un ordre établi depuis des millénaires dans la jurisprudence islamique. Et de bousculer au gré de ses humeurs fantasques les convictions et la foi d'une kyrielle de fidèles.
 
Son grand âge et son savoir méritent certainement un profond respect. Seulement voilà, ce respect doit-il annihiler tout notre esprit critique et nous éblouir jusqu'à gober tout ce qu'il "pond" comme inepties et raisonnements bancals. Que nenni ! Dire que le Coran n'interdit pas le vin c'est prendre des vessies pour des lanternes. Sur ce point, nul besoin de dissertation, cela est connu même du vulgum pecus. C'est à croire que le penseur est réfractaire au fameux concept de versets abrogés et abrogeants du Coran.
 
Le Professeur Mohamed Talbi se considère "musulman coranique", en ce sens qu'il ne se réfère qu'au Saint Coran, et que tout le reste (sunna, charia, sira, aquida...) n'est que "foutaise", littérature et mensonges à ses yeux.

Lisons-nous le même Coran que Mohamed Talbi !?
 
Comment un penseur de son calibre peut-il se prévaloir d'un concept aussi "ridicule"? Comment un musulman peut-il se targuer de ne se conformer exclusivement qu'au Coran, alors que ce même Coran nous recommande, à plusieurs reprises, de suivre le prophète (Pssl) dans ses faits et gestes. Ce serait aberrant pour un musulman de ne suivre seulement que le Coran et en rejetant la sunna. A notre avis, Coran et sunna se complètent. Ils ne s'excluent guère !
 
Que Mohamed Talbi répète à l'envi que la lapidation des personnes adultères ou la peine de mort de l'apostat ne sont  pas mentionnées dans le Coran, cela est sans conteste. Mais qu'il ose lancer le défi qu'on lui cite un seul verset coranique qui nous demande de nous conformer aux faits et gestes du prophète...là il y a quand même un sérieux problème de lecture des textes.

Comment Talbi a-t-il pu faire l'impasse sur tous ces versets du texte sacré qui nous invitent sans cesse à suivre le Prophète (Pssl)? Et des versets de ce genre, il y en a à tire-larigot. Sourate 33, verset 21: "En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre]..." (لَقَدْ كَانَ لَكُمْ فِي رَسُولِ اللَّهِ أُسْوَةٌ حَسَنَةٌ ). Et d'autres abondent dans ce sens: Sourate 59, Verset 7: "Prenez ce que le Messager vous donne; et ce qu'il vous interdit, abstenez-vous en..." '.وما آتاكم الرسول فخذوه وما نهاكم عنه فانتهوا ). En fin de compte, lisons-nous réellement le même Coran que Talbi !? C'est la question qu'il faut se poser !
 
Autre incohérence et non des moindres, Talbi ne cesse de s'acharner sur les compagnons du prophète (Psl). Et le comble, pour Talbi qui se dit "islamologue", c'est qu'il dit toujours Mohammad, sans ajouter (Paix et salut sur lui ). Ce qui est une autre absurdité pour quelqu'un qui dit suivre le Coran. Car il s'agit encore là d'une recommandation divine. Le verset est clair (33:56):"Certes, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète; ô vous qui croyez priez sur lui et adressez [lui] vos salutations."

Si Talbi avait été un tantinet lucide, il aurait vu en lui même la contradiction qui saute aux yeux. Il dit être "musulman pratiquant". Comment fait-il alors pour ses 5 prières quotidiennes et le nombre des "rakaa", puisqu'ils ne sont mentionnées nulle part dans le Coran? En filigrane, ce monsieur nous prie gentiment de brûler nos Boukhary et Muslim. Nos Rissalas. Nos sunan abu Daoud. Nos Tirmizi...Et tutti quanti !


In fine, il n'est pas besoin d'être un foudre d'intelligence, ni même rompu aux arcanes de la science de l'Islam pour balayer d'un revers de main les "hérésies" de Talbi. Est-ce parce qu'il s'appelle Talbi et qu'il a publié une tonne de livres que l'on doit ingurgiter toutes ses divagations ? S'agit-il d'un penseur devenu très lunatique avec l'âge? Ou simplement d'un homme à l'égo surdimensionné qui veut avoir son quart d'heure de gloire, quitte à "corrompre" les vraies lois d'Allah ? A vrai dire, cet homme... savait, mais ne sait plus ! Et c'est bien dommage !

Oumar DIAGANA