Gaza: le déblaiement de 37 millions de tonnes de débris pourrait prendre jusqu’à 14 ans

Gaza: le déblaiement de 37 millions de tonnes de débris pourrait prendre jusqu’à 14 ans

Il faudrait environ 14 ans pour déblayer l’immense quantité de décombres, y compris les munitions non explosées, laissés par la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, a annoncé vendredi un haut responsable des Nations Unies.

Pehr Lodhammar, haut responsable du Service de lutte antimines des Nations Unies (UNMAS), indique que la guerre a laissé environ 37 millions de tonnes de débris dans cette enclave palestinienne densément peuplée.

Selon lui, bien qu’il soit impossible de déterminer le nombre exact de munitions non explosées trouvées dans la bande de Gaza, l’enlèvement des débris, y compris ceux des bâtiments détruits, pourrait prendre 14 ans dans certaines conditions.

750.000 jours de travail et 100 camions

Il s’agirait notamment des décombres des bâtiments détruits par les bombardements israéliens, qui ont réduit la majeure partie de l’étroite enclave côtière à un champ de ruines, la plupart des civils étant sans abri, affamés et exposés à des risques de maladie.

« Et le chiffre était de 300 kilos par mètre carré de surface avec des débris. Un chiffre que je peux vous donner est qu’une estimation a été faite sur la base du nombre actuel de tonnes de débris à Gaza », a déclaré lors d’une conférence de presse à Genève, Pehr Lodhammar.

Selon ces projections et sur la base d’un travail de 100 camions, les opérations pourraient durer au moins 14 ans. « C’est donc ce chiffre qui a été retenu. 14 ans pour enlever les débris avec environ 750.000 jours de travail, jours de travail d’une personne pour enlever les débris », a-t-il fait valoir, relevant qu’il s’agit donc « de chiffres importants en ce qui concerne les débris ».

Environ 300 kilos de débris par mètre carré

Comme pour compliquer la mission, il a indiqué qu'on sait « qu’il y a généralement un taux de défaillance d’au moins 10 % des munitions terrestres qui sont tirées et qui ne fonctionnent pas ».

« Ce que nous savons, c’est que nous estimons à 37 millions de tonnes la quantité de débris, ce qui représente environ 300 kilos de débris par mètre carré. 65 % des bâtiments détruits sont des immeubles résidentiels », a dit M. Lodhammar.

D’ores et déjà, les équipes se préparent. A ce sujet, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Service de lutte antimines des Nations Unies a organisé il y a deux semaines un atelier à Amman (Jordanie) sur la gestion des risques d’explosion du point de vue des débris et sur l’élimination des risques d’explosion dans les débris, en se concentrant sur Gaza. « Nous avons organisé cet atelier avec la communauté des ONG afin de nous préparer à une éventuelle intervention à Gaza », a-t-il précisé.

Des millions de dollars nécessaires

Dans un entretien accordé à ONU Info le 4 avril, le Service de lutte antimines avait estimé que des millions de dollars seront nécessaires pour nettoyer Gaza des bombes non explosées.

« La quantité énorme de bombes larguées sur Gaza depuis le 7 octobre signifie qu’il faudra des millions de dollars, et de nombreuses années, pour décontaminer l’enclave des munitions non explosées », avait dit dans cet entretien, Mungo Birch, le chef d'UNMAS en Palestine, à l’occasion de la Journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines et l’assistance à la lutte antimines.

Par ailleurs, le Centre satellitaire des Nations Unies (UNOSAT) a déclaré fin mars avoir constaté que 35% de tous les bâtiments à Gaza – 88.868 structures – ont été endommagés ou détruits, en comparant les images satellites haute résolution de Gaza recueillies le 29 février avec les images prises avant et après le début du dernier conflit.

Parmi ceux-ci, le Centre a identifié 31.198 structures comme détruites, 16.908 comme gravement endommagées, et 40.762 comme modérément endommagées. Cela représente une augmentation de près de 20.000 structures endommagées par rapport à l’évaluation précédente basée sur des images prises en janvier, lorsque le chiffre total s’élevait à 30%.

 

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