Hamma Hammami: «Le Front est victime de campagnes orchestrées pour le salir »

Hamma Hammami: «Le Front est victime de campagnes orchestrées pour le salir »

 

L’affaire des fraudes des candidats à la présidentielle, l’évolution de la campagne électorale, la polémique autour de son parrainage par des députés de la Troïka, la démission en masse des membres du Front Populaire en île de France et les divergences qui enveniment l’ambiance du Front ces derniers  temps, les chances du Front Populaire aux élections législatives et dans la course vers Carthage...

Tous ces sujets et bien d’autres ont été au menu de la rencontre qu’a eue Espacemanager avec le leader emblématique de la gauche tunisienne et son candidat à la présidentielle, Hamma Hammami. Récit d’une rencontre franche.

Espacemanager: Quelle est la position du Front Populaire au sujet des fraudes qui ont émaillé le dépôt des dossiers de candidatures à  la présidentielle ?

Hamma Hammami: On a entendu parler de ces faux parrainages et de la falsification des signatures. Il semble qu’il y a eu des documents fictifs qui ont été présentés à l’ISIE. Ces charges sont très graves, mais elles demeurent au stade des accusations, en attendant qu’elles soient prouvées par la justice.

D’ailleurs, ce sur quoi nous insistons au Front Populaire, c’est que l’ISIE et la justice assument et vont jusqu’au bout de l’enquête pour délimiter les responsabilités. Car si cette fraude est arrivée en Tunisie post-révolutionnaire, cela est très grave. Mais le pire c’est qu’elle demeure sans suite. Cela  mettra  en doute la crédibilité et le sérieux des élections et peut saboter le processus de la transition démocratique dans le pays. C’est pour cela que nous continuons à appeler à l'ouverture d'une enquête sérieuse et à punir sévèrement les fraudeurs et les corrompus qui n’ont pas de scrupules.

Mais le problème c’est que le verdict de cette enquête sera,  a priori, prononcé après les élections ?

C’est encore plus dangereux. Il est insensé d’accepter la candidature fraudeuse de n’importe quel candidat, quel que soit son parti ou les lobbies qui le soutiennent. Il faut que la justice décide avant les élections et pas après.

Il  est inadmissible d’avoir un président fraudeur, tricheur et corrompu. Cela menacerait la stabilité et l’avenir de notre pays qui essaye tant bien que mal de se reconstruire.

Une autre polémique a fait couler beaucoup d’encre. Elle vous regarde puisqu’elle concerne les députés de la Troïka, dont un d’Ennahdha, qui vous ont parrainé ?

Il faut d’abord préciser que le député d’Ennahdha dont vous parlez, M.Abdelaziz Chaabaane, ne fait plus partie du mouvement depuis quelque temps, puisqu’il a démissionné.  Sa décision est personnelle et il l’a justifiée par le fait qu’il soutient une candidature d’un militant qui s’est longtemps opposé à la dictature.

Le concerné n’a pas caché que sa décision lui a valu de nombreuses critiques et  qu’il a été attaqué par de nombreuses parties au sein du mouvement Ennahdha. Ce qui l’a obligé à justifier à maintes reprises sa décision, en expliquant qu’il est avant tout un député du peuple et qu’il est libre de parrainer le candidat qu’il considère, en son âme et conscience, comme le mieux adapté à la situation.


                                 « Les oppressés sont devenus oppresseurs dès qu’ils ont accédé au pouvoir »

M.Abdelaziz Chaabaane ne partage certainement pas le projet de Hamma, mais il respecte mon passé militant. D’un autre côté, pour répondre à toutes ces accusations qui veulent faire croire qu’Ennahdha m’a soutenu, je dirai que si le mouvement islamiste avait voulu soutenir ou parrainer quelqu’un, il l’aurait fait avec son fils, Hamadi Jebali !

Et le parrainage de Slim Ben Hmidane ?

Le député du CPR, M. Slim Ben Hmidane, a lui aussi indiqué qu’il a parrainé Hamma Hammami le militant. Il n’a parrainé ni le Front Populaire ni le PCOT. Donc ces députés ont parrainé Hamma à titre personnel.

Mais malheureusement, certaines parties ont voulu se saisir de cette affaire pour semer la zizanie au sein du Front. Je les renvoie dans ce sens à ce que M Yadh Ben Achour a écrit à ce sujet. Pour ce constitutionaliste, le parrainage est purement un acte personnel donc ne signifie en aucun cas un engagement politique. Si ce témoignage est exprimé par un adversaire, c’est plus probant que quand c'est celui d’un ami.

Mais ces parrainages et certaines déclarations ont laissé entrevoir l’éventualité d’une résurrection du Front du 18 octobre pour affronter le retour du Front du 7 novembre ?

En Tunisie, il y a une confusion qui a été initiée par certaines parties qui veulent perturber la stabilité du Front. Il y a aussi de mauvaises interprétations. Il faut dire que le Front du 18 octobre est terminé et qu’il n’est plus. Sa mission a été achevée avec la chute de l’ancien régime. Nos partis n’entretiennent plus de rapports. Et les partis de la Troïka qui ont dirigé le pays ont tourné le dos aux principes du 18 octobre, au peuple et à la révolution. D’opprimés, ils se sont vite transformés en oppresseurs et n’ont pas hésité à menacer les libertés et à tirer avec les chevrotines à Siliana.
 
En somme, cette alliance a été construite dans une période précise sous la dictature. Ce qui était valable avant ne peut pas l’être aujourd’hui.
 
Même si l’objectif est de combattre le retour de l’ancien régime ?

En fait,  le problème ne se pose pas de la sorte. Il s’agit d’une question de programme. Nous n’avons jamais dit au sein du Front que notre but est de combattre Ennahdha et ses menaces pour des cause idéologiques. La politique se définit en termes de programme. On doit d’abord fixer son programme pour le pays, puis chercher les alliances en fonction de ce qui peut nous rassembler.
   
Le Front Populaire est souvent accusé d’être toujours en position d'opposition. Sa politique, selon certains, est de s’opposer à tout. C’est pour cela qu’ils estiment que sa place ne peut être que dans l’opposition et qu’il ne peut pas diriger ?

Ce sont des préjugés et des étiquettes qu’ils veulent nous coller. Le Front Populaire est contre une chose parce qu’il est pour autre chose. Il a sa vision et son programme pour le pays et il est prêt à le diriger d’une bien meilleure manière que tous ceux qui se sont succédé aux rênes du pouvoir.

D’ailleurs, même à l’opposition, on a été toujours constructifs et on a proposé des solutions aux problèmes. Sauf que certains ne veulent pas de nous parce qu’on tient à l’indépendance du pays. On refuse  l’aliénation et les décisions imposées de l’étranger. On refuse la spoliation de nos richesses et la violation de notre territoire.
 
Vous estimez  que les richesses de la Tunisie sont volées ?

Evidemment, et cette non-transparence qui continue le prouve. Est-ce que vous avez une idée des revenus de la Tunisie provenant de ses ressources énergétiques ? Est-ce que ces recettes sont mentionnées dans le budget de l’Etat? Pourquoi le sujet de ces richesses énergétiques est demeuré tabou ? Tout comme les contrats d’exploitation des sociétés étrangères. Même après la révolution, personne n’a osé ouvrir ce sujet et celui qui s’y aventure est tout de suite discrédité par la machine.

Mais la Tunisie n’a pas les moyens de prospecter et d’exploiter les champs pétroliers et gaziers ?

Nous sommes conscients que la Tunisie n’a pas la capacité d’exploiter ses ressources et qu’elle est obligée de recourir aux entreprises étrangères. Mais, nous demandons, par ailleurs, une transparence, tout en respectant l’intérêt  et la souveraineté  du pays. Le dossier de l’énergie demeure tabou en Tunisie, mais nous combattrons pour qu’il soit ouvert publiquement.

La révolution doit commencer par un constat clair et transparent sur nos richesses. Il est du droit de chaque Tunisien de connaître les richesses du pays qui n’appartiennent pas aux politiques ou aux lobbies mafieux. Cette transparence doit s’appliquer à tous les secteurs: l’agriculture, le tourisme, l’industrie, l’énergie...

Nous n’avons fait aucun bilan et cela relève de la responsabilité des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays depuis la révolution et l’ANC qui n’ont rien fait à ce sujet.

Et la solution ?

Une réforme rationnelle dans tous les secteurs. Elle doit commencer par le secteur agricole qui devrait impliquer la propriété, l’infrastructure, l’endettement des agriculteurs pauvres, les prix non contrôlés des fruits et des légumes….
 
Vous accordez une importance particulière à l’agriculture ?

Nous sommes convaincus que la Tunisie ne pourrait pas dépasser sa crise sans l’agriculture. L’Irlande, en 2008, s’en est sortie grâce à l’agriculture. En Tunisie, l’agriculture représente  11% du PIB, c’est très peu dans un pays agricole comme la Tunisie.
 
Nous avons appelé, à ce titre, à la création d’un office national des fruits et légumes pour maximiser la production, la gérer, contrôler les circuits de distribution et les prix.

Il faut maximiser l’exploitation des terres domaniales. Mais attention, il n’y a pas que l’agriculture dans notre programme économique. Il faut maximiser l’exploitation de nos richesses énergétiques, relancer le tourisme, encourager l’industrie et l’investissement, combattre la corruption  et protéger l’économie nationale de la contrebande et du commerce parallèle.
 
Parallèlement à cela, il faut réinstaurer la culture du travail, encourager les Tunisiens à travailler et maximiser leur rentabilité.

Beaucoup d’encre a coulé concernant votre position par rapport aux remboursements des dettes étrangères ?

La Tunisie s’endette pour payer ses dettes. C’est pour cette raison que le Front Populaire œuvre pour suspendre les dettes en Tunisie ou au moins suspendre provisoirement le remboursement, en attendant d’effectuer certaines vérifications.

Ce qu’on ne dit jamais au peuple, c’est qu’il y a des dettes dont l’essentiel a été remboursé et il ne reste que les intérêts.  Et on croit que les créanciers peuvent faire un geste en acceptant d’annuler ces intérêts puisqu’ils ont récupéré leur argent.


                                                 « J’ai lu le Coran beaucoup plus que certains islamistes »

            
D’un autre côté, il y a d’autres dettes qu’on refuse de payer. Il s’agit de sommes qui ont servi directement les figures de l’ancien régime et qui n’ont jamais été encaissées par l’Etat. Il faut, au moins, les vérifier et s’il s’avère que  certains créanciers étaient de mèche avec les voleurs et savaient que l'argent allait finir dans leurs poches, ils n’ont qu’à les poursuivre.

Mais le problème, c’est qu’en Tunisie, on ne sait pas défendre nos droits, on se laisse faire en suivant les ordres de certains organismes internationaux qui ne cherchent que leurs propres intérêts.

Dans ce sens, je défie quiconque de me citer un pays dans lequel le FMI est intervenu et qui est sorti gagnant de cette intervention. La Banque Mondiale et le FMI sont entre les mains des grandes forces économiques qui ne cherchent que leurs propres intérêts. Ces forces sont entre les mains des grandes entreprises mondiales et celles-là sont contrôlées par des lobbys qui œuvrent à sucer notre sang et à spolier nos richesses.  Les pays souverains sont ceux  qui ont refusé les ordres du FMI. Je peux vous citer plus d’un exemple...

Si on reste soumis au FMI et à la Banque Mondiale comme un bon élève, nous allons les voir bientôt confisquer toutes nos richesses. Si on perd la décision économique, on perdra la décision politique. Et du coup, on perdra notre souveraineté. En conclusion, nous ne sommes pas contre l’endettement étranger et le remboursement,  mais nous appelons à étudier l’utilité de ces dettes tout en gardant notre souveraineté.  
 
Si on fait une lecture dans le programme du Front, on n’aperçoit aucune approche communiste. Et pourtant, certains Tunisiens continuent à associer le Front et ses leaders au communisme.  Vous ne trouvez pas que le Front a un déficit de communication ?

Tout part d’une certaine ignorance. Mais il y a aussi la mauvaise intention et la manipulation pour orienter les gens simples d’esprit. Il y a trois maux dont on se sert contre la gauche et qui se répètent depuis le 19 ème siècle alors qu'ils n’ont rien à voir avec la réalité.

On nous accuse d’inciter les gens à la violence. Ils disent que nous sommes athées, et puis on nous accuse de confisquer les biens des gens. Toutes ces accusations sont recherchées et voulues dans le but de semer la zizanie et discréditer la gauche.

Pour répondre à votre question, la Tunisie n’est pas prête pour le communisme. Nous devons sauver ce pays et relancer l’économie, cela est notre seule priorité.

Le seul projet qui peut réussir et amener le pays à bon port est un projet national, démocrate, social et progressiste. Un projet qui saura sortir le peuple de sa pauvreté et son ignorance. Un grand projet qui concerne l’ouvrier, le commerçant, le professeur et le chef d’entreprise.

Nous œuvrons pour créer des projets qui payent les impôts et qui offrent des emplois. Donc nous encourageons la propriété et la création des richesses dans un cadre légal de respect des lois.

Vous sentez que votre projet s’adresse à tous les Tunisiens?

Le projet du Front concerne 99% des Tunisiens, le reste ce sont des parasites qui n’aiment pas la Tunisie. Même avec ceux qui ne partagent pas notre vision, il y a un dénominateur commun qui est ce pays, et qui peut nous contenir tous dans le respect malgré nos différences.

Donc le grand projet du Front n’a aucune teinte communiste, mais plutôt une approche nationale, démocrate, sociale et progressiste. Et enfin, je rappelle que le Front Populaire est un front qui œuvre pour une société solidaire, une société qui travaille et une société juste…
 
Vous reconnaissez donc qu’il y a un grand déficit de communication au sein du Front, qui fait que vous n’êtes pas connu comme vous devez l'être?

Oui, on en est conscients. La communication dans tous les pays est soumise à un cadre social, culturel et politique. Le Front est certes faible en matière de communication, mais on est victimes de la manipulation de l’information. D’un autre côté,  la communication nécessite de l’argent, beaucoup d’argent qu’on n’a malheureusement pas.

Même l’image de Hamma Hammami est toujours attaquée ?

J’entends quotidiennement des mensonges sur ma personne. Ce phénomène est grave et on ne peut pas construire une société solide sur les mensonges et sur le dénigrement. Malheureusement, certains de nos politiques n’ont pas de morale et se permettent de salir tous ceux qui sont différents d’eux.

Ecoutez, en 2012, j’étais dans un taxi, le chauffeur, qui était un salafiste, a voulu me provoquer en parlant de l’Islam. Et à chaque fois, je lui ai répondu en corrigeant même certaines de ses erreurs sur la religion et sa pratique.  A la fin de mon déplacement, il m’a dit: « Mais je croyais que vous étiez Hamma Hammami ? ».

Quand je lui ai confirmé que c’était bel et bien moi, il m’a dit: «Impossible, vous, vous connaissez beaucoup de choses sur l’Islam et lui on nous a dit qu’il est athée ». Je lui ai rétorqué que je m’appelle Hamma, que je suis musulman et Tunisien et que je ne viens pas du Honduras ou d’une autre terre pour ne pas connaître la religion.
 
Je suis spécialiste de la civilisation arabo-islamique. Si vous me comparez à certains islamistes, vous vous rendrez compte que je connais beaucoup plus de choses qu’eux concernant la religion et je peux dire que j’ai lu le Coran beaucoup plus que certains d’entre eux…

Tenez, je vais vous raconter quelque chose. A l’époque de la dictature, il arrivait à  Ali Laârayedh de demander mon avis lorsqu’on discutait de sujets concernant la religion, l’héritage, la légalité entre les sexes...Ce qui me dérange dans le paysage politique tunisien, c’est que certains usent de tous les outils pour abattre leurs opposants. Il n’y a pas de morale. On doit s’opposer dans le respect.


                                                        « Marzouki n’est pas un alcoolique »

Et il est inconcevable de s’accuser de cette manière. D’ailleurs quand certains ont exagéré en répétant que Marzouki était un alcoolique uniquement pour le salir et le discréditer, je n’ai pas pu m’empêcher de déclarer qu’il ne l’était pas.

Ce témoignage n’a pas plu à certains sympathisants de mon parti qui ont jugé que je défends Marzouki bien qu’il s’agisse d’un président qui a échoué dans sa mission et d’un candidat que je vais affronter aux Présidentielles. Mais je ne l’ai pas regretté. C’est une position de principe. Il y a énormément de choses sur lesquelles ont peut critiquer Marzouki, mais pas les mensonges et les insultes. Le niveau de la classe politique ne doit pas tomber aussi bas.
 
Comment expliquez-vous cette démystification de la fonction présidentielle ?

Cette démystification est voulue. Cela m’a rappelé la situation avec Hitler qui a accédé au pouvoir après toute une stratégie de démystification du Parlement et de l’Exécutif.

Certaines parties veulent démystifier  la liberté de la presse et tout esprit émanant de la démocratie et ce, pour que les gens regrettent la dictature afin de favoriser son retour. Les politiques sont responsables de cette situation, mais certains journalistes participent à cette stratégie visant à faire regretter la dictature.

Il est malintentionné de présenter l’ANC, la liberté de la presse, le système électoral comme  des catastrophes… Surtout que ceux qui ne nous présentent qu’une face négative des retombées de la révolution, veulent nous imposer un petit Napoléon pour gouverner seul après. Ceux-là regrettent la dictature et veulent son retour.

Quelle est votre perception de la démission en masse des militants du Front Populaire en île de France ?

C’est un communiqué qui est l’œuvre de quelques personnes et qui a été envoyé par Taher Moez qui a agi de la sorte parce qu’on avait des visions différentes. Les autres protestataires qui n’ont pas eu le courage de signer ce communiqué de démission n’ont plus de rapport avec le Front en Ile de France depuis quelque temps déjà.

Ils ont quitté le navire parce qu’ils n’ont pas réussi à imposer leurs visions. Ceux-là ont été contre notre intégration au front du salut, contre notre participation aux élections… Ils avaient des visions extrémistes qui ne conviennent pas à notre pays. La séparation était inévitable.

La coordination du Front en île de France a d’ailleurs édité un communiqué pour répondre à cette manipulation. Dans le choix des têtes de liste, le Front a connu beaucoup de problèmes, particulièrement à Bizerte par exemple. Comment expliquez-vous cela?

Il faut dire, de prime à bord, que tous les partis ont connu des tractations lors des choix des listes, quid donc d’un Front qui est composé de 10 ou 11 partis. C’est vrai qu’à Bizerte il y a eu des discussions et des conflits concernant le choix de têtes de liste, mais comme je viens de vous le dire, il ne s’agit pas d’un seul parti et parfois on se trouve obligé de se soumettre à ces tractations. En tout cas, tous les candidats choisis ou ceux qui n’ont pas été choisis vont lutter pour défendre les couleurs du Front et de la Tunisie.

Comment estimez-vous les chances du Front dans les législatives et que pensez-vous de la bipolarisation entre Ennahdha et Nidaa ?

Nos chances sont sérieuses. Il y a des gens qui sont contre le projet d’Ennahdha. D’autres ne se retrouvent pas à Nidaa. Tandis qu’une majorité refuse ce retour provocant de l’ancien régime.

On a donc notre place à occuper mais ce qui me dérange c’est cette bipolarisation qu’on essaye d’imposer aux Tunisiens. Je crains ces marchés conclus à l’étranger pour partager le pouvoir entre ces deux partis et je suis choqué de voir des cadres de Nidaa Tounes qui étaient, sept mois avant, contre tout rapprochement avec Ennahdha, parler de cette éventualité.

Je tiens malgré tout à signaler que nous défendrons nos chances jusqu’au bout, mais que nous respecterons les résultats des élections.

Interview réalisée par Kais Ben Mrad et Cheker Berhima