Islam et laïcité: Réflexions autour de quelques lieux communs franco-tunisiens

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Il est toujours difficile, voire impossible d’être objectif dans les jugements que l’on porte ou plus largement dans les idées que l’on défend. L’expression « à chacun sa vérité » traduit bien cette difficulté. Chaque individu charrie son lot d’expériences, d’angoisses, de certitudes, d’enthousiasmes et de défiances qui font sa singularité.

Pourtant, les idées que l’on croit siennes s’avèrent bien souvent prédéterminées par l’environnement familial, social, culturel, idéologique voire religieux dans lequel on vit et par les idées reçues qui s’y déploient.

Ces idées reçues constituent le terreau de tous les lieux communs utiles à la définition de l’altérité constitutive de notre identité individuelle et collective. Comme le rappelle utilement Edward W. Said « Le développement et le maintien de toute culture requièrent l’existence d’une autre culture, différente, en compétition avec un alter ego ». (1)

Ces précisions théoriques ne sont pas inutiles à quiconque s’intéresse aux représentations communes de l’Autre en Orient et en Occident et plus précisément à l’échelle de ces quelques lignes en Tunisie et en France.

Je les fais donc miennes, ce qui ne me délivrera pas de ma part de subjectivité, celle d’un observateur passionné par le monde arabo-musulman et restant de ce fait attentif aux réalités tunisiennes desquelles je reste toutefois éloigné, les réalités françaises m’étant au contraire familières.

Depuis la fuite de Ben Ali et ce que l’on a appelé en France la révolution du jasmin et en Tunisie celle de la dignité, ce qui traduit bien les différentes acceptions possibles d’un évènement selon que l’on s’en tient proche ou éloigné, la réalité politique et institutionnelle tunisienne m’apparaît fortement marquée par des jugements basés sur toute une série de lieux communs, vivaces de part et d’autre de la Méditerranée.

Je m’intéresserai ici aux jugements portés sur la laïcité, voire plus largement sur les rapports existant entre les instances politique et religieuse qui ne cessent de défrayer la chronique aussi bien en France qu’en Tunisie. J’évoquerai plus particulièrement les jugements portés sur l’Islam, religion majoritaire en Tunisie qui est devenue désormais la deuxième religion présente en France.

Un premier lieu commun tend à considérer que l’Islam constitue, à la différence de la religion catholique, un tout englobant les sphères spirituelle et temporelle, comme l’indique la célèbre formule Islâm, dîn, dunya wa dawla.

Cette opinion est fréquente aussi bien chez les intellectuels musulmans que non musulmans. Chez les premiers, elle caractérise généralement les opinions proches de la mouvance islamiste, voire plus largement fondamentaliste.(2) Chez les seconds, elle se situe dans un mouvement de pensée orientaliste qui remonte très loin dans l’histoire française et plus largement occidentale.(3) Même si elle est remise en cause depuis plusieurs années par de nombreux intellectuels musulmans et non-musulmans,(4) elle n’en continue pas moins d’influencer fortement les jugements et les positionnements politiques sur les deux rives de la Méditerranée.

En France, la défiance à l’égard de l’Islam est désormais fréquente dans l’opinion publique.(5) Elle peut, à la marge se transformer en hostilité ouverte provoquant alors des actes violents (agressions verbales, voire physiques de femmes voilées, détériorations et occupation de mosquées et de salles de prières, profanation de tombes musulmanes).(6)

Les causes politiques et sociales de ce phénomène inquiétant qui rappelle des heures peu glorieuses de l’histoire de France sont multiples et il serait trop long de les développer ici. Il me semble cependant intéressant de l’évoquer car il entre en partie en résonance avec le lieu commun précédemment décrit.

Car si les musulmans sont suspectés de ne pas vouloir respecter les lois de la République, cela peut signifier en creux qu’ils n’obéiraient qu’à leurs lois, celles édictées par une religion qui n’aurait pas fait sienne la réponse apportée par Jésus-Christ aux Pharisiens « Rendez-donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Le récent débat sur le mariage pour tous a pourtant démontré que certains catholiques considéraient encore aujourd’hui que les lois de la République devaient ne pas contredire la Loi divine.(7)

En Tunisie, c’est également une vision « englobante » de l’Islam qui délégitime chez certains de ses partisans, mais très paradoxalement aussi chez ses détracteurs, toute idée de séparation des sphères politique et religieuse.

Si pour les salafistes qui rejettent la démocratie comme constituant un concept impie, cette séparation n’a clairement pas de sens, (8)  les membres du Parti Ennahda apparaissent plus nuancés sur ce point.

Ajmi Lourimi, membre de son bureau exécutif et responsable des relations avec l’étranger, considère la laïcité comme un modèle importé d’Europe qui exclut une vision religieuse du monde essentielle dans une société arabo-musulmane.(9) Cette affirmation de principe posée, il s’empresse toutefois d’ajouter que les mosquées doivent être financées par la société et non plus par l’Etat, ce dernier devant simplement s’ériger en garant de la liberté du culte, décrivant là, consciemment ou pas, un attribut classique de la séparation des instances politiques et religieuses…

Cette contradiction, présentée comme une ambigüité par les détracteurs d’Ennahda se retrouve dans les différents propos tenus par Rached Ghannouchi. Dans un entretien accordée au quotidien tunisien "Le Temps", il s'est prononcé contre le fait que la chari'a constitue une source de législation, ajoutant toutefois que l'article 1er de la Constitution suffisait à affirmer cette primauté, un article interdisant la promulgation de lois constituant une offense à l'Islam lui semblant permettre d'accentuer le caractère islamique de l'Etat tunisien.(10)

Quelque temps plus tard, il confiait cette fois à l'hebdomadaire "Jeune Afrique"(11) dans un article pourtant intitulé "Islam et politique sont indissociables" que le rôle de l'Etat n'était pas d'intervenir en matière religieuse et a fortiori d'imposer telle ou telle religion, puisqu'il s'agit d'un choix qui relève non pas de ses attributions mais de la société.

En quelque sorte, Rached Ghannouchi semble défendre l'idée d'un Etat religieusement neutre dans une société islamisée, ce qui peut sembler paradoxal. Ce paradoxe semble désormais en partie levé puisque dans une récente table ronde organisée par Al Ahram, il a déclaré que « même en ce qui concerne la laïcité, l’Islam modéré n’entre pas en contradiction avec cette notion, car si l’on prend la définition anglo-saxonne de la laïcité, il s’agit de mesures qui garantissent une séparation entre l’Etat et les différentes religions. Ainsi, il ne s’agit pas d’un courant qui lutterait contre les religions ».(12)

Mais au-delà de ces déclarations où les impératifs stratégiques prennent peut-être le pas sur les considérations idéologiques, il faut noter que le maintien de l’article 1er de la Constitution qui érige l’Islam en religion d’Etat, certains diront en religion de la société, semble faire consensus sur la scène politique tunisienne, « laïques » et islamistes confondus, alors que nous verrons plus avant qu’il constitue dans ses applications une claire négation de la séparation des autorités politiques et religieuses.(13)

Pour commenter ce consensus, je ne ferais que citer ces quelques lignes écrites par Sami Bostanji, assez éclairantes sur la force toujours vivace en Tunisie de la vision « englobante » de l’Islam précédemment évoquée : « … force est de relever que l’abandon de toute référence à l’Islam en tant que religion de l’Etat tunisien est, aujourd’hui difficilement concevable. A l’instar des autres sociétés arabes, la société tunisienne reste profondément marquée par la fibre religieuse. L’Islam est le véritable ciment de la collectivité. Il est à la fois croyance, morale, culture… Dans l’imaginaire populaire, renoncer à cette dimension identitaire véhiculée par l’article 1er équivaut à se perdre… D’où la quasi unanimité qui se cristallise dans les milieux progressistes sur (son) maintien ».(14)

Un deuxième lieu commun tend à considérer que la laïcité constitue la négation du fait religieux, plus particulièrement musulman. En Tunisie, cette notion apparaît souvent comme étant synonyme d’athéisme, provoquant de ce fait un rejet important dans une société où l’incroyance constitue encore un tabou.

Dans son dernier ouvrage où il s’est pourtant déclaré très clairement favorable à « une vraie séparation du religieux et du politique », le Président de la République Moncef Marzouki confirme cette perception de la laïcité et explique qu’il ne peut, de ce fait, se prévaloir de cette dernière, lui préférant le concept d’Etat civil (dawla al madaniyya).(15)

Et effectivement personne n’ose se déclarer athée en Tunisie. Pas même Hamma Hammami, leader troskyste de l’ancien Parti Communiste des Ouvriers Tunisiens qui a récemment renoncé au qualificatif « communiste » pour devenir le Parti des Travailleurs Tunisiens.

Selon ses dires, sa formation comporterait de nombreux musulmans pieux ayant accompli leur pèlerinage aux lieux saints de l’Islam.16 C’est un peu comme si en France, Olivier Besancenot, le leader, tout aussi troskyste du Nouveau Parti Anticapitaliste annonçait sans sourciller que plusieurs de ses adhérents s’étaient tout à fait normalement rendus à Lourdes pour prier devant l’effigie de la Sainte Vierge ou avaient effectué leur pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle…

L’évolution de la laïcité française n’est certainement pas pour rien dans cette perception tunisienne de la laïcité.(17) Les promoteurs d’une laïcité de combat généralement situés à la gauche de la gauche s’en servent souvent comme d’un étendard face à l’expression des convictions religieuses alors que certains de ses nouveaux zélateurs de la droite extrême, voire de l’extrême droite en font un élément identitaire dont le non respect signerait l’exclusion de la communauté nationale.(18)

Pourtant, comme le dit Jean Baubérot, il s’agit là d’une laïcité « falsifiée »,(19) qui n’apparaît en rien fidèle à ce qu’à été l’esprit de ses promoteurs. Car si son émergence a été marquée par des affrontements parfois violents avec l’Eglise catholique alors très puissante en France, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 a été une loi de compromis.

Son rapporteur, le Président du conseil Aristide Briand a voulu qu’elle soit « non pas une oeuvre de passion, de représailles, de haine, mais de raison, de justice et de prudence combinée (…) on y chercherait vainement la moindre trace d’une arrière-pensée de persécution contre la religion catholique ».(20)

Cette vision s’opposait (déjà) à celle anticléricale et de gauche défendue par Emile Combes et ses partisans, tels le Député Maurice Allard, qui déclarait à la tribune de l’Assemblée Nationale : « Nous,libres penseurs, quelle est la séparation que nous voulons ? Ce ne peut être que celle qui amènera la diminution de la malfaisance de l’Eglise et des religions. »,(21) ainsi qu’à celle de la droite catholique de l’époque.

Cet esprit de compromis teinté d’un pragmatisme humaniste a perduré bien après 1905, notamment en 1920 avec la mise à disposition d’un terrain et le vote de crédits publics destinés à la construction de la mosquée de Paris alors même que la République ne peut subventionner aucun culte, ou bien en 1924 à l’occasion de la création en accord avec le Saint Siège des associations diocésaines en lieu et place des associations cultuelles prévues par la loi de 1905 mais refusées par Rome. Cet esprit ne s’est heureusement pas éteint, des aides publiques indirectes permettant encore aujourd’hui d’aider à la construction de lieux de culte et notamment de mosquées.

Un troisième lieu commun est communément répandu en France, celui qui définit la Tunisie comme un pays laïque, constituant de ce fait un isolat de modernité au milieu d’un monde arabo musulman resté archaïque. La Tunisie a toujours eu une très bonne image en France, celle d’un pays moderne, avancé par rapport à ses voisins du monde arabo musulman, cette sympathie s’étant manifestée souvent avec respect devant la détermination du peuple tunisien à abattre la dictature dont bien peu en France avait conscience de la dureté, voire même de l’existence.

Si le statut juridique avancé accordé dès 1956 à la femme tunisienne a joué pour beaucoup dans ce jugement, ce dernier est également basé sur la prétendue laïcité du régime politique, qui aurait été instaurée par Habib Bourguiba et préservée par son successeur, ce qui a fortement contribué au soutien qu’il a pu recevoir en France.

Pourtant, si l’on considère que la différenciation des sphères politique et religieuse constitue un des critères généralement retenu pour définir la laïcité,22 on peut affirmer que la Tunisie n’a jamais été un pays laïque puisque les sphères politiques et religieuses sont toujours restées étroitement imbriquées et surtout car les premières ont toujours maintenu les secondes dans un étroit lien de subordination aboutissant à la définition et l’organisation d’un véritable Islam d’Etat.

Cette politique a pris des contours variés dont nous avons précédemment vu que certains faisaient actuellement débat. Elle se caractérise notamment par la nomination des imâm par le ministère des Affaires religieuses (ils deviennent ainsi des fonctionnaires d’Etat), la présence d’un mûfti de la République, nommé par le Président de la République chargé de délivrer des fatâwâ officielles, la diffusion des préceptes de l'Islam dans les établissements d'enseignement publics (cours obligatoires) et dans les médias publics (émissions consacrées à la connaissance de l’Islam, retransmission quotidienne de l’adhân) et l’organisation étatique de séminaires sur l'Islam, de prix de lecture du Coran notamment pendant le mois de ramadhân, ainsi que du pèlerinage aux lieux saints de l'Islam en Arabie Saoudite...(23)

H. Bourguiba a été le véritable artisan de cet Islam d’Etat.Bien qu’il ait été très clairement influencé par les idées positivistes, il a toujours bien pris soin de justifier ses réformes et ses prises de position par une interprétation des préceptes islamiques aux prix de coups d’éclats restés célèbres comme quand lors d’un discours tenu à Tunis le 5 février 1960 il recommanda de rompre le jeûne en plein mois de ramadhân ou comme, quand le 24 mars 1975 à Kairouan il s’est présenté comme l’Imâm de tous les tunisiens, habilité de ce fait à interpréter la loi religieuse…

Les prises de position du Combattant suprême (mujahîd al akbâr) autoproclamé mutjahîd suprême (24) ont été surtout motivées par un grand opportunisme politique. Celui-ci s’est clairement manifesté à partir des années soixante-dix où il a alors pris le parti de séduire les religieux conservateurs, ses ennemis d’hier, pour contrebalancer sa rupture avec la gauche socialisante youssefiste et marxiste en prenant des mesures visant par exemple à favoriser la pratique du jeûne de ramadhân ou à réglementer plus strictement la vente d’alcool.

A partir de 1987, Z. A. Ben Ali a accentué cette politique de réislamisation de la société (25) tout en continuant à contrôler l’Islam par le renforcement de sa structuration administrative étatique.(26) Il s’est alors agit de faire pièce à l’expansion du mouvement islamiste en alternant au début de son « règne » les mesures libérales (libération des prisonniers politiques islamistes), celles-ci laissant dans un deuxième temps la place à une répression féroce généralisée par la suite à tous ses opposants déclarés, islamistes ou laïques.

C’est surtout celle exercée sur ces derniers qui retenait alors l’attention en Occident, Ben Ali apparaissant très cyniquement comme un rempart, certes violent mais efficace contre une menace islamiste qui avait mené le voisin algérien à dix années de guerre civile sanglante et qui devenait très concrète dans plusieurs pays occidentaux, notamment les USA après le 11 septembre 2001.

En conclusion, quel pourrait être le devenir des relations entre l’islam et l’Etat en Tunisie ? Il est difficile, voire impossible de prédire l’avenir. Je ne m’y risquerai donc pas et me contenterai d’avancer ici quelques pistes de réflexion construites autour de deux hypothèses.

La première, qui me semble la plus probable consiste à envisager la perpétuation du système actuel. Le contrôle étatique de l’Islam présente en effet un avantage incommensurable pour tous les pouvoirs en place dans un pays arabo-musulman, celui d’instrumentaliser à sa guise un élément resté très prégnant dans l’identité collective. Pourquoi la troïka au pouvoir y renoncerait-elle sachant qu’en outre le contrôle de l’Islam lui donne les moyens d’exercer sa mainmise sur les mosquées et de combattre l’influence présentée comme importante des salafistes en leur sein ?

La perpétuation de ce contrôle lui permettrait également de réaliser un double bénéfice politique en ne heurtant pas de front une opposition qui, tout en se réclamant quelquefois de la laïcité en fait un rempart républicain face à l’influence des salafistes, et en ne prêtant pas le flanc aux accusations de ces derniers qui percevraient toute mise à distance de l’Etat et de la religion comme une remise en cause du caractère englobant de l’Islam précédemment évoqué et concomitamment une avancée de la laïcité honnie. On peut cependant envisager une autre hypothèse.

Partant du constat que la principale opposition au pouvoir en place n’est pas le salafisme, mais bien une alliance assez large, certains diront hétéroclite (27) dirigée par Béji Caïd Essebsi, le desserrement du lien de subordination existant actuellement entre les sphères étatiques et religieuses permettrait à Ennahda de continuer, en cas d’échec aux prochaines élections, d’exercer une influence importante, notamment dans les mosquées et dans toutes les instances religieuses placées actuellement sous son contrôle.

Evidemment, ce serait là parier sur un échec, ce que les politiques ont toujours du mal à faire, mais il ne faut pas oublier que les islamistes ont une grande expérience de l’opposition, voire de la clandestinité, expérience qui favorise la constitution de contre-pouvoirs parallèles, similaires à ceux que le Parti Communiste a pu établir pendant longtemps en France au sein des syndicats et des associations situés dans sa sphère d’influence. Cependant il me semble que cette option présenterait aussi un risque important, celui de voir le nouveau pouvoir en place essayer de réactiver cette politique de contrôle étatique des instances religieuses en nommant des personnalités religieuses à sa solde.

Au-delà de ces hypothèses forcément aléatoires, je ne peux, en ma qualité d’observateur extérieur qu’espérer la mise en oeuvre de solutions qui ne soient pas le fruit d’une opposition binaire entre d’une part, une laïcité perçue comme le rejet des convictions religieuses et d’autre part une conception englobante de l’Islam envisagé comme dîn dunyâ wa dawla. Des espaces de négociation, de compromis peuvent en Tunisie comme en France être dégagés dans le respect de chacun et pour le bien commun de tous.

Stéphane PAPI

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(1) « L’orientalisme : l’Orient créé par l’Occident », 1978, Le Seuil, réed. 2005, p. 533.

(2) Pour Youssef Al Qaradhaoui, la laïcité se trouve entrer en contradiction avec la religion islamique et ne peut réussir à s’implanter en terre d’islam étant donné que l’idée « augustinienne » des deux cités, la céleste et la terrestre, n’a point de place dans le système symbolique islamique où tout est religieux, l’Etat et la société : « At tatarûf Al ‘ilmanî fî mûwajahat âl îslâm » (L’intégrisme laïque face à l’Islam) Dar ach chourouq, 2001, p. 29). Un autre penseur islamiste, Mohammed Al A’mara reprend cette idée en ces termes : « Le discours qui porte sur le droit de Dieu porte sur le droit de la société » cité par Samir Aoun « Aujourd’hui l’Islam : fractures, intégrisme et modernité », Médiaspaul, Montréal, 2007, p. 63.

(3) Pour avoir une vue très complète de l’histoire des idées orientalistes, l’ouvrage d’Edward W. Saïd « L’orientalisme : l’Orient créé par l’Occident » paru en 1978 reste une référence.

(4) Sur ce mouvement de pensée voir l’ouvrage très complet de Rachid Benzine « Les nouveaux penseurs de l’Islam », Albin Michel, 2007.

(5) Selon un sondage effectué par l’IFOP en partenariat avec le quotidien « Le Figaro » du 15 au 18 octobre 2012 à partir d’un échantillon de 1536 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, 60 % des personnes interrogées considèrent que l’influence et la visibilité de l’Islam sont aujourd’hui trop importantes en France contre 55 % il y a deux ans ; 43 % des personnes interrogées jugent par ailleurs que le présence d’une communauté musulmane représente une menace pour l’identité de la France, 17 % considérant au contraire qu’elle constitue un facteur d’enrichissement.

(6) Depuis le début de l'année 2013, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a recensé treize cas de mosquées profanées sur tout le territoire. Dans son rapport pour l’année 2012, le CCIF a recensé 156 actes islamophobes perpétrés contre les individus, 77 % concernant des femmes voilées. http://www.islamophobie.net/sites/default/files/file_attach/RAPPORT-ANNU...

(7)Cf. notamment les déclarations de Christine Boutin, ancienne Ministre du Président Sarkozy et Présidente du Parti Chrétien démocrate le 19 mai 2013 sur TV5 Monde et RFI : http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/05/20/christine-boutin-il-y...
republique_3378882_823448.html

(8) « Tunisie : le parti salafiste Jibhat al Islah déclare la guerre à la laïcité », Kapitalis.com, 9 juillet 2012, http://www.kapitalis.com/politique/partis/10729-tunisie-le-parti-salafis...

(9) Zbiss H. « Tunisie : à la veille de la constituante, la laïcité en débat », Réalités, 11 avril 2011. realites.com/afkar/68-tribune/7381-le-lmanifeste-desbinationaux-tunisiensr.html

(10) Edition du 19 février 2012 : http://www.letemps.com.tn/article-63645.html.

(11) "Rached Ghannouchi : Islam et politique sont indissociables", propos recueillis à Tunis par Frida Dahmani, Jeune Afrique, n°2692-2693, 12 au 25 août 2012, p. 56.

(12) « Rached Ghannouchi : Islam modéré et laïcité ne sont pas contradictoires », 12 juin 2006, Al Ahram Hebdo, http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContentPrint/8/27/2913.aspx

(13) Et ce même si ce consensus a volé en éclats lors de l’examen de la proposition d’article visant à interdire toute révision constitutionnelle qui porterait sur l’Islam en tant que religion d’Etat (n°136), cette disposition contredisant selon l’opposition le caractère civil de l’Etat affirmé dans l’article 2.

(14) « La guerre de l’article 1er n’aura pas lieu », Observatoire de la transition démocratique, 3 octobre 2011.
http://observatoiretunisien.org/upload/file/Bostanji.pdf

(15) Moncef Marzouki « L’invention d’une démocratie : les leçons de l’expérience tunisienne », La Découverte, 2013, p. 83.

(16) « Le PCOT tourne la page du communisme : il est désormais baptisé le « Parti des Travailleurs », Le Temps, 11 juillet 2012,
http://www.letemps.com.tn/article-67791.html

(17) L’importance de la communauté tunisienne installée en France qui comprend beaucoup de binationaux, joue pour beaucoup dans cette perception.

(18) Marine Le Pen, leader du Front National fait désormais très souvent référence à la défense de la laïcité dans ses discours.

(19) Jean Baubérot « La laïcité falsifiée », La découverte, 2012.

(20) Cité par Alain Gresh, L’islam, la République et le monde, Fayard, 2004, p. 194.

(21) JO du 10 avril 1905.

(22) La laïcité implique, en premier lieu , l’impartialité et la neutralité des institutions publiques à l’égard de toutes les convictions spirituelles, à savoir
religieuse, athée ou agnostique et en deuxième lieu l’indépendance des sphères politique et religieuse s’exprimant par la séparation souple ou rigide des communautés religieuse et de l’Etat.

(23) Pour une analyse plus détaillée de ces politiques à l’échelle des cinq pays du Grand Maghreb, cf. Stéphane Papi « L’Influence juridique islamique au Maghreb » L’Harmattan, 2009.

(24) Je reprends ici le parallèle opéré par Franck Frégosi dans son article « La régulation institutionnelle de l’Islam en Tunisie : entre audace moderniste et tutelle étatique », http://www.ceri-science-po.org, p. 20.

(25)  En prenant des mesures tant symboliques (retransmission de l’adhân dans les médias publics), que concrètes (la réorganisation de l’université de la Zitouna, ou l’augmentation des crédits affectés aux mosquées).

(26) Notamment en 1992 par la création du ministère des Affaires Religieuses.