La Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie tire sur Amel Karboul !

La Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie tire sur Amel Karboul !

 

Il semble que la lune de miel est terminée entre la ministre du Tourisme Amel Karboul et les professionnels du secteur.

Déçus des promesses non tenues, soucieux face au climat d’insécurité et révoltés par les problèmes de pollution, les professionnels du tourisme commencent à exprimer leur ras-le-bol, surtout que la ministre n’a pas répondu, selon eux, à leurs doléances et les a écartés de la prise de décisions.
 
Après la lettre ouverte adressée récemment par les hôteliers de l’île de Djerba au chef du gouvernement l’exhortant à intervenir personnellement dans les plus brefs délais pour trouver les solutions adéquates à la situation environnementale dégradée de l’île, et après le cri de détresse lancé par les professionnels opérant à Tunis qui se sont plaints de ne jamais trouver une oreille attentive à leurs doléances, voilà que la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie  rejoint à son tour la vague des protestataires, à travers un communiqué inquiétant qu’elle vient de publier.
 
Dans ce communiqué qui est venu prouver le malaise entre le ministre et la FTH, la Fédération a regretté de voir la Tunisie gaspiller le capital sympathie qu’elle a gagné dans le monde entier, après la promulgation de la Constitution et l’avènement d’un gouvernement de technocrates.
 
La FTH  a rappelé qu’au début de l’année de 2014, elle était pourtant convaincue que le tourisme tunisien allait renouer avec la croissance escomptée. Mais, cinq mois après l’avènement de la ministre Amel Karboul, la FTH estime que nous avons malheureusement gaspillé ce capital.

La FTH a argumenté son constat par les résultats: « Au 31 mai 2014, les nuitées des touristes européens ont diminué de 2% par rapport à 2013 et à 21.3% par rapport à 2010, les entrées sont à -2% par rapport à 2013 et à 32.2% par rapport à 2010 et les recettes en euros sont à -0.8% par rapport à 2013 et à -14.6% par rapport à 2010. »

Le communiqué a précisé que les prévisions annoncées par le gouvernement deviennent impossibles à réaliser d'autant plus qu'aux régions sinistrées de Tozeur et Tabarka vient s'ajouter la région de Monastir.
 
La FTH a rappelé dans son communiqué  qu’elle a pourtant pris les devants pour proposer une série d'actions susceptibles de garantir le bon déroulement de la saison (amélioration de l'environnement, de la qualité du produit, les facilités de trésorerie et la dette structurelle etc ...). Mais elle a remarqué qu’à : «force d'hésitations, de manque de concertation et de promesses non tenues, l'administration a raté l'occasion qui se présentait à notre secteur de trouver un souffle nouveau.
 
Pire encore, la FTH a accusé l’administration d’avoir privé l'économie nationale d'entrées en devises dont elle a le plus grand besoin :« Il en est ainsi de la réticence incompréhensible à imposer la signature des contrats d'allotement en devises étrangères. Il en est de même concernant la taxe de séjour de 2 dinars: elle sera finalement perçue au niveau des hôtels, alors qu'une taxe de 10 euros perçue aux frontières aurait été plus simple d'application et plus bénéfique au Trésor Public (doublement de la recette).

De plus, les campagnes de propreté, dont le lancement a été largement médiatisé, sont loin de donner les résultats escomptés. La situation dans les aéroports ne semble pas s'améliorer (files d'attente et retards croissants avec l'augmentation du trafic).

Last but not least, l'utilisation du Fonds de compétitivité (alimenté par l'argent des professionnels) ne respecte ni la réglementation ni l'usage. Aucune concertation sur l'utilisation du fonds de l'environnement.»
 
La Fédération a enfoncé encore le clou à la conclusion de ce communiqué qui va faire couler beaucoup d’encre, en se montrant très critique envers la ministre et ses nombreuses apparitions médiatiques:  « Manifestement, notre Ministère semble réduire sa mission à communiquer des objectifs qu'aucune action sérieuse ne vient conforter. Comme si l'efficacité se mesurait au nombre d'apparitions médiatiques et non pas au nombre de décisions en faveur du secteur. Notre Ministère semble avoir renoncé à l'essentiel pour se contenter du superflu. »

S. M.