La tournée de Chahed en Afrique subsaharienne: Annulée ou reportée ?

 

 

Alors qu'elle était annoncée en grande pompe et prévue du 24 au 27 janvier 2017, la visite que devait effectuer  le chef du gouvernement Youssef Chahed en compagnie d’une centaine d'hommes d'affaires dans trois pays d'Afrique subsaharienne (Soudan, Niger, Burkina Faso) vient d'être reportée.

 

Cette mission multisectorielle était organisée, rappelons-le, par la Présidence du gouvernement en collaboration avec le Tunisia Africa Business Council, le CEPEX, l’UTICA et la CONECT.

 

Une demande record a été enregistrée de la part des hommes d’affaires désirant y participer et finalement une liste de 100; répartie entre plusieurs secteurs dont l'agro-alimentaire, l'enseignement supérieur, la santé, l'infrastructure et BTP, l’agriculture, les télécommunications, les industries pharmaceutiques, mécaniques et électriques, la métallurgie et matériaux de construction; a été établie par les divers organismes participants. A savoir 36 de l’UTICA, 34 de la CONECT et 30 de la TABC.

 

Entretemps, la liste en question avait fait l'objet de critiques de la part de certains hommes d'affaires dont la demande n’a pas été retenue pour y participer. Ceux-là ont trouvé l’organisation de la mission trop précipitée et sans grande préparation. Car, selon eux, visiter trois pays en quatre jours est trop serré pour pouvoir rencontrer des partenaires sur place et assurer de bons entretiens d'affaires avec les chefs d'entreprises.

 

Devant l’impossibilité de satisfaire toutes les demandes, en raison de la capacité du vol spécial, l’hypothèse d’affréter un deuxième avion a été envisagée avant d’être vite abandonnée.  

 

Du côté de la Kasbah, on a finalement convenu qu’il fallait mieux reporter la date de cette mission multisectorielle et trouver entretemps le moyen d’y inclure un plus grand nombre de participants.

 

Selon le courrier du CEPEX aux hommes d'affaires participants, la tournée aurait été reportée à fin février mais sans aucune indication de date précise.

 

Cette décision a provoqué le mécontentement de nombreux participants qui ont exprimé leurs colères devant ce qu’ils ont considéré comme de l’amateurisme pur et dur.

 

Un des représentants des organismes participant à l’organisation de cette mission a estimé que ce report est un scandale ajoutant dans ce sens : « Comment prendre une telle décision à quelques jours du départ ? Qu’est-ce qu’on va dire à nos partenaires et aux officiels des trois pays qui ont tout préparé pour nous accueillir ? Pourquoi nous ont-ils engagés pour nous mettre par la suite dans cette situation ? »

 

Notre interlocuteur a ajouté que certains des organismes participants ont averti les services de la présidence du gouvernement dès la première réunion que les délais seront serrés pour préparer une telle mission : « Mais ils nous ont rassurés que tout sera prêt et qu’on doit entamer les préparatifs avec nos partenaires dans ces pays. »

 

Très en colère une femme d’affaires et membre d’un autre organisme qui devait participer à cette mission s’est demandée pour sa part sur les vraies raisons de ce report ou annulation en disant : « Si le report était dû à un cas de force majeur, on aurait pu le comprendre, mais de-là   à le justifier par le manque d’organisation ou par les conditions climatiques exceptionnelles du nord-ouest, cela relève de l’insensé. Une autre mission d’hommes d’affaires Tunisiens était programmée en Guinée au début du mois de février mais on a dû la reporter lorsqu’ils nous ont contactés pour accompagner le chef du gouvernement dans sa visite au Soudan, au Niger, et au Burkina Faso du 24 au 27 janvier. Durant ces dernières semaines on a contacté nos partenaires dans ces pays et on tous adaptés nos emplois du temps en fonction des dates de cette mission. On a concocté des programmes et prévu la signature de conventions de partenariat. On a imprimé des brochures, préparé des trophées et des cadeaux. On s’est débrouillés pour l’obtention des visas pour qu’ensuite on vienne nous informer que tout a été annulé à quelques jours du départ !»

 

Un représentant d’un autre organisme qui devait participer à cette mission est allé plus loin pour exprimer son mécontentement : « C’est de l’amateurisme ! Comment sont gérées les choses et pour qui prennent-ils les hommes d’affaires? Chacun de nous a son agenda et ses engagements et Dieu seul sait comment chacun de nous s’est arrangé pour se préparer en fonction de cette date. On a établi des contacts avec nos partenaires dans ces pays. Des conventions allaient être signées, des rencontres d’affaires étaient au menu...pour que tout tombe finalement à l’eau à cause d’un problème d’organisation dont nous n’assumons aucune responsabilité ! ».

 

Cette affaire risque de faire couler beaucoup d’encre, mais quelles que soient les raisons du report de cette mission, on peut dire que ce qui s’est passé est injustifiable et que ce manque d’organisation est indigne de l’image de la Tunisie.