Le froid jeté par la Troïka sur les relations tuniso-émiraties

Le froid jeté par la Troïka sur les relations tuniso-émiraties
 
 
La crise dans les rapports entre la Tunisie et les Émirats arabes unis ne date pas en réalité de quelques mois seulement. Elle trouve ses origines dans les choix saugrenus de la diplomatie tunisienne sous la Troïka du temps de Rafik Abdesselem, le neveu de Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha.
 
Et bien que les efforts de l'ex-ministre tunisien des A. E. Mongi Hamdi aient calmé relativement les tensions, un autre sujet de discorde est venu raviver ces rapports tendus, celui du projet Sama Dubaï à Tunis.
 
N'ayant pas honoré ses engagements dans l'exécution de ce projet, une procédure judiciaire fut entamée contre la société Sama Dubaï et un mandat d'amener international, par le biais d'Interpol, a été lancé contre son président qui n'est autre que l'Emir de Dubaï, le Cheïkh Mhamed Bin Rached Al Maktoum, qui n'est sûrement pas un simple citoyen du monde, mais bel et bien une haute personnalité et un homme d’État, étant le vice-président des Émirats arabes unis.
 
Prenant conscience de la gravité de ce précédent politique et diplomatique, les autorités tunisiennes se sont rétractées et ont retiré cette demande, mais il était déjà un peu tard.
 
Et malgré la bonne volonté de quelques parties pour une médiation afin de réchauffer le climat des relations entre les deux pays, les choses sont restées telles qu'elles.
 
Même la tentative de Mohsen Marzouk, le secrétaire général de Nidaa Tounès, après sa rencontre avec le Palestinien Mohamed Dahlane (un lobbyiste très influent aux Emirats bien qu’il soit recherché et condamné à la prison dans son propre pays pour « complot et insultes aux institutions de l’Etat ») à Rome, n'a rien donné, sinon que c'était une opération de «séduction» entreprise pour son propre compte. 
 
On aurait pensé, sinon souhaité, que les relations entre la Tunisie et les Émirats connaissent une certaine détente après la victoire de Nida de Tounes aux législatives et l'élection de Béji Caïd Essebsi aux Présidentielles qui ont été clairement soutenus par les Emiraties pour barrer la route aux islamistes d’Ennahdha et à Marzouki, soutenu quant à eux par le Qatar et la Turquie.
 
Il est inutile de rappeler dans ce sens que le soutien des Émirats et son geste d’offrir deux voitures blindées à Béji Caïd Essebsi suite aux menaces dont il fut l'objet, a laissé présager l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations entre les deux pays.
 
Cependant rien n’a changé. Les Tunisiens sont toujours indésirables dans ce pays et ce pays frère qui s’est toujours soucié de nos affaires particulièrement depuis la fameuse révolution, n’a pratiquement rien fait pour soutenir la transition démocratique en Tunisie même après la victoire de ses amis.
 
Ce qui est certain, c'est que cette crise a eu des conséquences graves sur les plans économique, diplomatique et social et sur les intérêts des Tunisiens, hommes d'affaires, résidents et autres qui n'arrivent plus à obtenir le visa d'entrée aux Émirats.
Alors que ceux qui y résident ne peuvent plus aspirer au renouvellement de leur carte de séjour ou de leur contrat de travail dans ce pays, où les Tunisiens sont devenus indésirables. 
 
Aujourd'hui, peut-on compter sur la dextérité politique et diplomatique d'Essebsi et du président Emirati le Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan pour changer le cours de ces relations ?
 
C’est ce qu’espèrent les Sages des deux pays qui ne cessent de militer pour apaiser les tensions et ramener les relations Tuniso-Emiraties à leur réelle cadre fraternel basé sur le respect mutuel et la coopération stratégique.
J.B.A.