Marzouki pour l’association de Jemna et contre l’Etat : logique ?
La position de l’ancien président provisoire Moncef Marzouki de l’affaire de Jemna est conforme à ce qu’on peut attendre de lui. Elle ne peut être en faveur de l’Etat. Cela aurait été inimaginable de lui.
Pour des raisons diverses et variées, elle ne peut être que favorable à l’association de Jemna. D’abord Jemna c’est Kébili et le Sud cette région qui lui a accordé une majorité confortable de voix aux élections présidentielles. Ensuite, l’association de Jemna est issue des ligues de protection de la révolution dont la parenté avec le parti de Marzouki, le CpR est évidente. Ayant été obligée de nom après la dissolution de ces ligues son cœur continue de pencher vers Marzouki et celui-ci ne peut que lui rester fidèle.
Mais l’ancien président provisoire ne peut pas présenter les choses de cette manière. Ce serait contre-productif politiquement. C’est pourquoi, il présente un sophisme dont plusieurs éléments sont déraisonnables.
Ainsi écrit-il après un long silence qui dénoté de son embarras : « si je suis confronté à une contradiction entre le droit et la loi, je suis toujours pour le droit car la loi qui ne conduit pas au droit est une légitimation de l’injustice et une couverture pour la force. Si je suis confronté à une opposition entre le peuple et l’Etat je suis du côté du peuple, car l’Etat appartient au peuple et non le contraire. Si je suis confronté à une contradiction entre l’intérêt particulier et l’intérêt général le choix est évident car l’intérêt général est la somme des intérêts particuliers légitimes et tout le reste est inadmissible en gros et au détail ».
La conclusion est pour lui d’évidence : « Pour toutes ces raisons je suis aujourd’hui avec Jemna plus que jamais. Je suis avec tous les mouvements sociaux à condition qu’ils soient pacifiques et à l’intérieur du système démocratique. Pas pour autre chose que parce que j’y vois les bourgeons d’un arbre qui croît dont nous rêvons tous et pour laquelle nous agissons…Un arbre qui s’appelle le peuple des citoyens. »
Mais que fait celui qui fut magistrat suprême du pays de cette locution latine : dura lex sed lex, la loi est dure mais c’est la loi. Une loi est la décision commune de l’Etat. Sans Etat il n’y a pas de vie possible en société. Mais une loi n’est pas éternelle, elle peut être modifiée sinon abolie par une autre loi. Dans un Etat de droit qui est l’essence même de la démocratie, il faut respecter la loi et essayer de la modifier le cas échéant.
Aucun homme d’Etat ne peut être contre la loi que pour des raisons politiciennes étriquées. Moncef Marzouki s’est déconsidéré par une telle attitude. Car comment lui faire confiance pour conduire l’Etat s’il est lui-même contre la loi qui est l’émanation de l’Etat. Mais le pire c’est qu’il ose parler d’intérêt général quand son souci c’est son intérêt personnel et forcément étriqué.
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