Mohamed Ali Mankai (membre du BE d’AFEK):"La sortie du parti du gouvernement, entraîne de facto la sortie de"ses" ministres"

Mohamed Ali Mankai (membre du BE d’AFEK):"La sortie du parti du gouvernement, entraîne de facto la sortie de"ses" ministres"

Afek est dans de beaux draps, depuis la motion de sortie du gouvernement votée samedi dernier par le Conseil national. Des désaccords opposent les militants aux ministres, tantôt démissionnaires tantôt braves soldats. La formation de centre-droit semble traverser la première crise depuis sa création au lendemain de la révolution tunisienne.

Mohamed Ali Mankai, membre du Bureau Politique d’Afek, « débroussaille » ici autour de l’habitation. Entretien.

 Que se passe-t-il dans votre parti ? Une implosion ? Des dissensions ? Une guerre des clans ? Un combat d’idées ?

Le conseil national, instance suprême du parti, s’est réuni et a fait voter une motion de sortie du gouvernement. A une majorité écrasante, l’ensemble des membres ont adopté la résolution.  Le parti n’a jamais été autant cohérent avec ses idées et ses promesses électorales. Nous ne pouvions rester au sein d'un système de gouvernance dont le fonctionnement ne nous correspond plus. Notre malaise est ancien, et le contenu de la loi des finances est aux antipodes de nos engagements, ce qui nous a conduits à nous interroger de nouveau sur la pertinence de notre participation au gouvernement. On ne pouvait aller contre nos convictions, trahir nos promesses électorales, d'où la consultation du Conseil National.

Oui mais on ne quitte pas le gouvernement uniquement pour une loi, fût-ce la loi des finances ? Les divergences devaient intervenir à d’autres niveaux ?

Naturellement la motion de sortie a d’autres explications. Dès notre entrée au gouvernement en 2015,  des divergences de point de vue quant au mode de fonctionnement de l’alliance, aux nominations,  aux choix stratégiques, à la  coopération et aux mécanismes de résolution des conflits, ont vu le jour.  Nous n’étions associés à aucune décision majeure, nous n’étions pas consultés lors des remaniements, nous ne travaillions pas de concert avec les partenaires du gouvernement, ni entre partis, ni entre parlementaires. Bref, rien n'a été fait pour  « institutionnaliser » l’alliance. Le vote d’une loi des finances 2017 a achevé nos dernières velléités de réforme.

Quelles sont vos divergences majeures avec le gouvernement ?

Chacun sait que nous sommes une formation libérale sociale. Que nous sommes hostiles à l’augmentation d’impôts. Que la réforme fiscale est  la pierre angulaire de notre programme politique. Nous ne pouvions dès lors accepter une nouvelle augmentation d’impôts. Déjà que leur hausse était largement controversée en 2016, et que nous avions lâché du lest, sous peine de bloquer la poursuite des réformes. Il n’en était plus question. Nous ne pouvions brader nos valeurs à l’infini, céder de nouveau sur l’essentiel.

Ce n’était plus de l’adaptation, c’était devenu de la passivité. Il n’était plus possible de rester. Notre existence, notre indépendance, notre identité politique en dépendaient.

 Alors que notre retrait du gouvernement avait le mérite de la cohérence, les ministres en poste, ne l’avaiententendu de cette oreille.

Le gouvernement ne semble pas disposé à accepter la démission des ministres Afek. Pourquoi, d’après-vous?

Il doit avoir ses raisons et je m'abstiendrai de les commenter. En ce qui concerne les ministres qui sont en réalité des représentants du parti, le règlement intérieur d’Afek est clair, et à chacun de se déterminer par rapport aux dispositions qui traitent des rapports avec le gouvernement. Ce qui est certain, c’est que la sortie du parti, entraine de facto la sortie des ministres en tant que représentants du parti. Tout autre scénario n'engage que les concernés. 

A en croire son dernier communiqué, Nida pourrait revoir son alliance avec Ennahdha ! Le prisme des élections législatives partielles en Allemagne y serait pour beaucoup.  Quels enseignements en tirez-vous ?

D'abord, le taux de participation doit nous interpeller comme acteurs politiques,  et chacun doit se remettre en question, dont Afek

L’enjeu ne dépassait pas les 300 électeurs. Si un parti au pouvoir ne pouvait réunir 300 voix, c’est qu’il y a un souci. Il ne peut se contenter d’en rejeter la responsabilité sur son allié, lui reprocher de ne pas l’avoir fait à sa place. C’aurait été un report de 2000 voix dans une circonscription de 5000 votants, on pourrait soupçonner un lâchage. Pour le reste, je n'aime pas commenter les affaires internes d’autres partis

 Propos recueillis par Jamel HENI

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