Monsieur le Président de la République, n'oubliez pas "ASMA" !

Monsieur le Président de la République, n'oubliez pas "ASMA" !

Monsieur le Président de la République, de nos temps, hélas, Il est devenu risqué de sortir la tête de la tranchée et de prendre la défense d'une cause humanitaire aussi juste soit-elle, mais pourquoi vit-on si ce n’est pour une cause, et de surcroit l’une des plus nobles, celle de la justice…

Je vous écris, croyant fermement en votre mission bienveillante et pacificatrice de la Tunisie…une haute destinée, à laquelle vous êtes voué.

À l’approche du saint mois de Ramadan, je vous relance cet appel humanitaire, pour relaxer une jeune mère et la réunir avec ses enfants qui la réclament à cor et à cri, et réunir une famille désemparée vivant un drame shakespearien.

Evolution de l’Affaire « Asma »

La jeune « Asma » a été récemment condamnée à deux ans de prison ferme dans l’affaire de l’ « Avion Présidentiel »…deux (2) ans passés en prison, depuis Janvier 2011.

D’autres inculpés, dans cette même affaire, furent relaxés après avoir purgé leurs peines, franchissant, libres, les portes de la prison.

Quant à l’affaire de l’ « Ecole Internationale de Tunis »…la justice prononça son verdict en mai 2014 …un retentissant « Non Lieu »… et « Asma » fut acquittée mais pas pour autant relaxée, pour une simple affaire qui relève du Droit Civil. Elle croupit toujours dans les geôles tunisiennes.

Une Affaire de Droit Civil

Les seuls chefs d’accusation à l’encontre de la jeune femme sur lequel la justice doit encore se prononcer, à caractère civil, concernent les centres de recréation du parc de Sidi Bou Saïd…

On lui reproche de ne pas s'être acquittée de loyers et de quelques factures, sans omettre que pré-janvier 2001, personne n’osait ni ne voulait, par excès de zèle ou par peur, demander une telle chose, ni la municipalité ni aucune institution publique.

L’Etat qui se porte partie civile, lui reproche, en tant que gérante, le non-paiement du loyer, des factures d’eau et d’électricité, bien qui ces centres n’étaient pas dotés de compteurs indépendants, tout était facturé sur le compte du parc géré alors par la municipalité de Sidi Bou Said.

La municipalité retira son épingle de cette affaire estimant que c’est le Ministère de l’Environnement qui devait se porter partie civile. Un revirement tactique.

Au mois d’Avril 2014, les montants dus, loyers et factures d’électricité et d’eau, ont été déjà mis, par sa famille, à la disposition de la partie civile, dans la trésorerie de l’Etat…et seul Dieu sait comment sa famille proche a récolté ces montants !

Monsieur Le Président,

Hormis cette affaire, la jeune accusée n’a plus rien à se reprocher, sauf d’être la nièce de l'ex-première dame, et ce n’est guère un délit !

Il y a eu une faute, il est normal qu'il y ait une sanction, mais la sanction doit être proportionnée et raisonnable…vous en êtes le garant…vous l’avez toujours été.


Appel pour Relâcher « Asma »

En Juillet 2013, j’avais rédigé une doléance publié dans ce journal, qui vous été adressée intitulée  « Monsieur le Président, Libérez Asma », suivie d’un autre appel en septembre 2013 « Monsieur le Président de la République, rendez "Asma" à ses enfants ! » vous invoquant à prodiguer vos instructions pour libérer la jeune femme, dans le plein respect de la justice, que ma famille a servie un siècle durant.

Par un geste humanitaire et mu par un sentiment de justice, et répondant à l’appel, vous aviez demandé des éléments sur le dossier de la jeune femme, et vous lui rendîtes visite en prison ainsi que ses autres codétenues…un geste que la jeune « Asma » et sa famille apprécièrent outre mesure…vous avez, derechef, prouvé que vous demeurez une figure de proue dans la défense des droits de l’homme, n’avez-vous tant souffert quant vous étiez forcé à l’exil et subi tant d’iniquités en Tunisie ?….On vous en remercie.

Mais à l’époque, les dossiers étaient lourds, vous aviez laissé libre cours à la justice pour faire son travail, ce qui fut chose faite…

Désormais, « Asma » est seulement impliquée dans des petites affaires de droit commercial et civil, des affaires ne revêtant aucun caractère pénal, et peut-être relâchée pour passer ce Ramadan 2014, le mois de la mansuétude et de la conciliation…chez elle entourée par ses tous petits qui n’ont étés que trop longtemps privés de l’amour maternel…

Monsieur le Président,

Vous êtes le dépositaire suprême des valeurs de la république, et des valeurs humanitaires inscrites en lettres d’or et de sang dans la constitution, des valeurs  enseignées dans l’Islam, nous savons que vous agirez pour le bien, rien que pour le bien, c’est votre nature, pour réunir une famille, une jeune famille disloquée et désemparée depuis prés de quatre (4) longues années…depuis quatre siècles pour ses enfants, un fait devant lequel l’innocence même perd courage !

Les premiers mots qui viennent à l'esprit, à l’approche du mois saint de Ramadan appartiennent au champ lexical de la clémence et du pardon.

C’est le plus grand présent que vous pourriez faire en rendant leur maman à deux enfants, un petit garçon âgé de prés de cinq (5) ans et une petite fille âgée de moins de trois (3) printemps…toujours dans le respect de la justice !

Maintenir « Asma » en prison n’est qu’un vrai camouflet pour la justice humaine et les droits de l’homme dont vous êtes le digne représentant.

Dans un État de droit, la dimension humaine de la justice, ne doit pas être cantonnée à des actions sporadiques, vous le savez, et vous l’avez toujours défendue.

Monsieur le Président,

La clémence et la justice sont des valeurs que vous avez hissées au rang de constantes nationales, dont vous êtes le légitime mandataire, nous savons que notre appel sera entendu…

Farouk Ben Ammar, Ph.D