Programme européen THAMM:  Les voies légales d'immigration sont désormais accessibles

Programme européen THAMM:  Les voies légales d'immigration sont désormais accessibles

A l’issue d’une formation technique de deux mois, 16 jeunes tunisiens viennent de recevoir un certificat de qualification professionnelle (CQP) en plasturgie qui garantit leur insertion professionnelle, en Tunisie ou en France.   

De janvier à mars 2023, seize chercheurs d'emploi diplômés sans débouchés et dix salariés de l'industrie du plastique, âgés de 25 à 39 ans, ont en effet suivi une formation professionnelle en vue de s’adapter au marché du travail ou de progresser au sein de leur entreprise.

Cette expérience pilote a été conduite par Polyvia Formation, lauréate d'un appel à projets lancé par l'Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), dans le cadre du programme européen THAMM (« Vers une approche globale de la gouvernance de la migration légale et de la mobilité », mis en œuvre par des agences internationales et des États membres).  

Polyvia, premier groupement de professionnels de la plasturgie en France, représente 3.500 entreprises comptant 122.000 salariés. Il entretient des liens étroits avec l'Association tunisienne des industriels de la plasturgie (ATIP), dont les 25 adhérents sont des filiales d'entreprises internationales qui représentent 6.000 emplois. Ensemble, ces deux structures cherchent à répondre de manière concertée aux pénuries de compétences constatées en Tunisie et en France.

C'est dans ce contexte qu'a été développée cette formation courte débouchant sur un "Certificat de qualification professionnelle" (CQP) qui correspond au métier très recherché de régleur-monteur en machines industrielles.

Ce certificat est une reconnaissance des compétences délivrées par les partenaires sociaux de la branche concernée. Cette certification est remise à l'issue d'un parcours se déroulant à la fois en entreprise et en centre de formation.

Le CQP offre aux apprenants, qu'ils soient en démarche de montée en compétences ou de reconversion professionnelle, un renforcement significatif de leur employabilité, tant en Tunisie qu'en France.

Pour fêter ces jeunes et leur remettre leur Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) en plasturgie, une réception a eu lieu à la Résidence de France à La Marsa  

Cette cérémonie qui s’est déroulée en présence de l'Ambassadeur de France en Tunisie, André Parant, qui a déclaré dans sa brève allocution de bienvenue : « C’est toujours un plaisir de voir naître et avancer des solutions concrètes à des problèmes complexes. Comment résoudre les difficultés de recrutement des entreprises qui se trouvent en Europe sans léser les entreprises qui se trouvent en Tunisie ? Comment réguler la circulation des compétences, qui obéit aux règles de l’offre et de la demande, sans restreindre la liberté de chacun de choisir l’emploi qui convient à ses aspirations ? Comment garantir aux États d’origine le retour sur investissement de l’effort de formation consenti ? Les réponses à des questions aussi épineuses ne peuvent naître que du dialogue, tel celui qu’entretiennent depuis longtemps le groupement d’entreprises Polyvia et l’Association tunisienne des industriels de la plasturgie"…

Concernant le programme européen THAMM, mis en œuvre par des agences internationales et des États membres et dont l'objectif est d'améliorer le cadre et le fonctionnement des voies légales de la migration et d'inventer de nouveaux parcours de mobilité dans des cadres réguliers,  André Parant, a déclaré : « Nous saluons en effet les résultats probants d’une expérience pilote conduite dans le cadre de ce programme.L'objectif de ce programme est d'améliorer la gouvernance de la migration et d'inventer de nouveaux parcours de mobilité.  

THAMM OFII a pour objectif général d’accroître la mobilité professionnelle circulaire entre la Tunisie d’une part, la France et les États européens. Cela ne signifie pas, évidemment, que toute personne tunisienne rejoignant la France dans le cadre d’un contrat de travail est condamnée à revenir à la case départ au bout d’une période donnée. Cela signifie en revanche que la circulation des compétences ne peut pas être envisagée à sens unique, du Sud vers le Nord, sous peine d’assèchement du vivier local, ce qui serait néfaste pour tout le monde. »

L’ambassadeur a estimé par ailleurs que son pays soutient depuis toujours les politiques tunisiennes d’éducation et de formation et comprend les craintes des préjudices que peuvent représenter des flux sortants sans contrepartie.

Il a ajouté dans ce cadre : « Elle le comprend d’autant mieux qu’elle se trouve dans la même situation face à d’autres marchés du travail très concurrentiels. Grâce au financement européen, Polyvia a pu expérimenter une solution imaginée en concertation avec l’ATIP : dispenser des formations qualifiantes en Tunisie, en partenariat avec les acteurs locaux, de façon à satisfaire les besoins des entreprises locales aussi bien que les besoins des entreprises situées en France. »

Prenant par la suite la parole, le Directeur Général adjoint de l’Office français de l’immigration et de l’intégration Fabrice Blanchard a rappelé que l’OFII qui est l’opérateur du Gouvernement français en matière d’immigration. C’est à ce titre qu’il est présent en Tunisie depuis plus de 50 ans, précisément pour gérer « les procédures d’introduction en France », autrement dit, les voies légales d’émigration vers la France qui englobent la migration professionnelle et la migration familiale. Son travail est indépendant de celui assuré dans ce domaine par les services consulaires, que je salue, qui statuent in fine sur la délivrance du visa. 

Il a ajouté à ce sujet : « Avec l’ANETI, nous avons conçu ce qui est devenu le projet THAMM OFII autour de la migration circulaire, pour les raisons mentionnées tout à l’heure par notre Ambassadeur. La mobilité circulaire est entendue comme la possibilité pour une personne qui s’est engagée légalement dans un parcours migratoire d’envisager des périodes de sa vie en Europe et d’autres en Tunisie, sans caractère irréversible. Et sans obligation. 

Toutefois, certaines procédures impliquent nécessairement le retour en Tunisie. La plus ancienne est le contrat saisonnier qui permet de travailler jusqu’à six mois par an en France, tout en gardant sa résidence en Tunisie….. En 2022, pas moins de 2 500 saisonniers tunisiens, recrutés dans l’agriculture ou dans le tourisme, ont séjourné en France pour des durées de 4 à 6 mois. Grâce au programme THAMM, nous avons bon espoir d’augmenter ce nombre en diversifiant les gouvernorats tunisiens d’origine ainsi que les régions de destination en France. Nous militons aussi pour l’élargissement des secteurs économiques concernés. 

La seconde formule de mobilité circulaire au sens strict est le contrat jeune professionnel qui permet de vivre une expérience d’expatriation unique, de 6 à 18 mois, dans des conditions administratives facilitantes, mais avec un engagement de retour. Et au moment du retour, le jeune professionnel peut solliciter une aide à la réinsertion mise en œuvre par l’OFII, c’est-à-dire un accompagnement et une subvention qui peut prendre la forme d’un complément de salaire pendant un an. 

Il est très important de comprendre qu’il faut choisir sa procédure d’immigration en fonction de sa pertinence par rapport à un projet de vie. »

Le Directeur Général adjoint de l’Office français de l’immigration et de l’intégration a insisté à rappeler que les voies légales d‘immigration sont accessibles et donc à privilégier. Nous organisons des ateliers de travail qui consistent à équiper des fonctionnaires et des responsables associatifs, qui sont en contact permanent avec la jeunesse, de supports et de techniques de communication qui leur permettront de diffuser une information juste et convaincante. Le but, c’est d’inciter les plus jeunes à construire leur avenir à travers un projet professionnel plutôt que de prendre la mer au péril de leur vie. 

Il a été aussi rapporté lors de ce rendez-vous que le programme THAMM OFII s’apprête à lancer un nouvel appel à projets dans d’autres secteurs économiques, en espérant que la circulation des compétences a lieu dans les deux sens pour que ce partenariat soit gagnant-gagnant.

 B.M

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