Quel avenir pour la presse papier en Tunisie ?

Quel avenir pour la presse papier en Tunisie ?

En concertation avec la Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux, les entreprises de presse ont décidé d’augmenter leur prix de vente à partir du 1er janvier 2020.

Tous les quotidiens et les hebdomadaires seront désormais vendus à 1,200 TND au lieu de 1 D à part Tunis-Hebdo qui sera désormais vendu à 1,5 au lieu de 1,200 TND.

Selon les responsables des entreprises de presse, l’augmentation du prix de vente est nécessaire au vu du contexte marqué par l’augmentation du prix du papier, la baisse du dinar tunisien face aux monnaies étrangères, ainsi que l’augmentation du coût de production des journaux.

Ils estiment d’ailleurs que cette mesure ne sera pas suffisante pour prévoir la couverture des charges de production, mais espèrent qu’elle réduira un tant soit peu la casse.

Les éditeurs de journaux appellent dans ce cadre les pouvoirs publics à venir en aide au secteur à travers de actes concrets, comme la création d’un fonds de soutien à la presse, la distribution transparente et équitable de la publicité publique et l’organisation de la vente des abonnements.

D’autres observateurs estiment, par contre, que cette augmentation du prix de vente condamnera un peu plus les journaux papier puisque les lecteurs dont le pouvoir d’achat est de plus en plus détérioré, bouderont encore plus les journaux papier.  

Surtout qu’ils peuvent trouver gratuitement et rapidement l’information qu’ils cherchent dans les autres supports audiovisuels ou électroniques.

Il est clair, dans ce cadre, que dans une société Tunisienne de plus en plus connectée, le comportement des lecteurs est de plus en plus impacté avec une migration remarquable et compréhensible vers les supports numériques et les applications.

Les modes de vie incluant désormais la mobilité, les lecteurs veulent avoir accès à une gamme de services disponibles à la demande et en temps réel.

Ces lecteurs exigent désormais un accès immédiat à l’information et n’ont plus besoin d’attendre le lendemain ou la semaine prochaine pour sortir chercher un journal dans les kiosques et payer son coût.

Par ailleurs, la préférence de l’électronique s’impose désormais pour le partage de l’information avec son entourage et pour aller rapidement à l’essentiel ou trouver une réponse à une question précise.

En effet, l’interactivité et l’accessibilité toujours plus grande rendues possibles par Internet rapprochent la distribution d’informations en ligne d’un dialogue, quand la presse était habituée à diffuser en sens unique sur le print.

Face à cet essor du digital, la presse papier doit impérativement se réinventer et proposer un nouveau modèle où le numérique a un rôle complémentaire.

Pour survivre, les titres qui existent encore doivent lutter et diversifier leurs sources de revenus en ne se limitant plus à la vente et aux rentrées de la publicité.

La conquête d’un nouveau lectorat abonné, l’organisation de colloques, de séminaires et d’événements peuvent être de nouvelles sources de revenus pour les entreprises de presse.

Au niveau du contenu, les journaux papier ont besoin d’une forte et distinguée personnalité éditoriale pour fidéliser ce qui reste de leurs lecteurs en leur offrant un espace de lecture apaisé, au-delà de l’actualité, avec peu d’informations mais traitées en profondeur, sans besoin d’exhaustivité, mais avec du débat.  

Les éditeurs de presse doivent, d’un autre côté, militer pour convaincre les pouvoirs publics à venir en aide en urgence à ce secteur sinistré à travers des décisions palpables dont la création de ce fonds de soutien à la presse écrite et la création d’une agence chargée de la distribution transparente et équitable de la publicité publique.

Si ces mesures ne sont pas prises en urgence pour la sauver, la presse papier sera malheureusement condamnée à mourir.   

 

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