Régression du système éducatif : Jusqu’à quand ?

Régression du système éducatif : Jusqu’à quand ?
 
 
D'après l'organisation internationale d’études économiques (OCDE), qui a publié les résultats de l'enquête triennale du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), la Tunisie figure parmi les cinq derniers dans le classement PISA en termes d'éducation.
 
Ce résultat peut s’expliquer par plusieurs facteurs dont les limites du système éducatif, la disparité des services éducatifs dans les régions, le manque de formation académique des enseignants du primaire et l'absence de formation pédagogique pour les enseignants du collège, du secondaire et du supérieur, la régression remarquable du niveau des élèves et du niveau de l’enseignement.
 
Pour mieux comprendre ce nouvel état des lieux, on peut prendre en référence les fameux instituts tunisiens (faculté de médecine, l’IHEC, l’ISG, …), des établissements qui garantissent normalement un enseignement de qualité. Mais si on compare la qualité de l’enseignement qu’ils procurent avec celui de l’institut d'Oxford ou celui d'Harvard, classés parmi les premiers au monde en matière d’éducation supérieure, on remarquera aisément que les établissements tunisiens sont en retard sur plusieurs axes.
 
Oxford à titre d’exemple garantit réellement à ses étudiants la meilleure qualité de formation et d’éducation. Elle n’accepte que les meilleurs étudiants et elle n’engage par exemple que les meilleurs Professeurs. Ceux-là ne sont recrutés qu’après au minimum quatre entretiens. Un assuré par le directeur et les autres par des professeurs d'Oxford.
 
Sachant que le Professeur candidat  pour enseigner à Oxford doit être recommandé par une autre faculté où il a fait ses preuves auparavant.S ans oublier que le candidat pour enseigner à Oxford doit avoir une ou des publications scientifiques. Tandis qu’en Tunisie, le recrutement d’un professeur ne se fait pas sur la base de critères de sélection rigoureux.
 
Même les entretiens qui se limitent à deux ne se déroulent pas dans de nombreux cas d’une manière objective claire. Ces erreurs de choix donnent lieu à l’existence « de professeurs » qui sont malheureusement incapables de diriger leurs cours, non spécialisés et incapables de passer les informations nécessaires à leurs étudiants.
 
Il faut noter dans ce cadre l’absence de formation en matière d’éducation et de pédagogie destinée aux nouveaux professeurs. Ainsi, si on ajoute le fait que de nombreux imminents enseignants tunisiens font le bonheur des facultés étrangères, on peut dire sans risque de se tromper que la qualité des professeurs de nos universités a sensiblement baissé, bien que certains professeurs de haut niveau continuent à essayer d’assumer de la meilleure des manières leurs rôles dans des conditions parfois très difficiles.
 
Manque de moyens, d’équipements, locaux exigus, perturbations des études, indiscipline et faiblesse des étudiants sont en effet autant de facteurs qui rendent le travail des professeurs tunisiens dans les facultés de notre pays, très difficile.
 
Pour revenir à Oxford ou à Harvard, on peut dire qu’ils ont un système d’évaluation efficace et utile qui consiste à donner aux étudiants la possibilité d’évaluer eux mêmes leurs profs en leur donnant une note sur cinq. Ce qui pousse les enseignants à mieux travailler, à être plus performants et l’écoute de leurs étudiants qui sont à vrai dire d’un niveau très respectable.
 
Ce résultat de l’évaluation est pris en considération par l’administration de l’université et il peut être la cause du licenciement d’un professeur. Ce système, qui n’existe malheureusement pas dans les facultés tunisiennes, peut expliquer le manque de performance ou d’ambition de certains professeurs.
 
Mieux encore à Oxford, les étudiants choisissent leurs professeurs et les matières qu’ils veulent étudier. Ainsi, si le professeur n’a pas le minimum d'étudiants qui ont choisi son cours, il va se retrouver automatiquement à l’écart.
 
Finalement, bien qu’on ne puisse pas comparer l’incomparable surtout en termes de moyens et d’infrastructure entre le niveau de nos facultés et ceux des pays développés, on peut dire que des réformes de l’enseignement tunisien sont plus que jamais nécessaires à tous les niveaux pour aspirer améliorer sa qualité et produire une génération digne d’assurer la relance de la Tunisie.  
 
GAFSI Mohamed (ISG de Tunis) 
 

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