Sur Nessma-live En forme, l’esprit alerte BCE n’élude aucune question

Sur Nessma-live En forme, l’esprit alerte BCE n’élude aucune question

 

« Elevé à l’école du contact direct, je ne peux qu’apprécier ce genre d’émissions » a déclaré le président Béji Caïd Essebsi en clôture d’une présence pendant quelques deux heures à Nessma-live qui diffusait ses programmes avec la participation des radios régionales partenaires à Bizerte(Oxygène-FM), Sousse( Nejma-FM), Sidi Bouzid (Karama-FM) Gafsa( Sawt Al-Manajem-FM), Kasserine(K-FM) et Djerba(Ulysse-FM).

Conversant directement avec ses radios le chef de l’Etat a saisi l’occasion pour adresser ses salutations à leurs habitants et leur dire toute l’attention qu’il leur porte et son engagement à contribuer à aplanir les difficultés qu’ils rencontrent. Il n’a pas manqué de répondre avec son entregent habituel et beaucoup de doigté aux questions qui lui ont été posées par les journalistes de ces radios parfois sur un ton très personnel en rappelant la relation spéciale qu’il a tissées avec eux lors de sa longue carrière politique.

Bien qu’elle n’ait pas été diffusée en direct-ce qu’on ne peut que le regretter-cette longue interview du président de la république a permis d’observer que Béji Caïd Essebsi était dans une forme physique et intellectuelle remarquable, l’esprit alerte et la réponse coulant de source. Il a répondu à toutes les questions sans chercher ni à éluder ni à user de subterfuges.

Ainsi sur le gouvernement d’union nationale, il a dit que son démarrage a été satisfaisant et que les difficultés sont en voie d’être aplanies puisque la production de phosphates a repris sa vitesse de croisière avec 501.000 tonnes en janvier 2017 et que le secteur touristique enregistre un véritable frémissement qui laisse augurer d’une meilleure saison que les précédentes. Il a déploré néanmoins que le blocage de la société de Petrofac à Kerkennah continue alors que cette société est en majorité propriété de l’Etat et qu’elle concourt à hauteur de 12,5% des besoins nationaux en gaz naturel. Il a appelé les citoyens de l’archipel à régler ce problème au mieux des intérêts nationaux.

S’agissant des partis et organisations signataires du Pacte de Carthage, il a souhaité que l’ensemble de ces partenaires maintienne son soutien au gouvernement. Seule l’UPL a décidé de « déchirer » ledit pacte, c’est son droit comme c’est le droit de son président de réclamer des élections présidentielles anticipées a ajouté le président qui a estimé que la démocratie c’est aussi respecter les échéances politiques et ne pas faire preuve d’impatience. Quant à Machrou3 Tounés, s’il fait le choix d’être dans l’opposition c’est également son droit, mais il reste engagé par le Pacte de Carthage. « Jusqu’ici seul Slim Riahi a dit qu’il a déchiré ce document » a ironisé le président qui a laissé entendre qu’il n’a plus rien à faire avec « Mohsen Riahi » un lapsus voulu pour confondre entre les deux hommes.

Le président de la république n’a pas manqué de louer le rôle joué par l’UGTT dans l’élaboration de la plateforme ayant présidé à la formation du gouvernement d’union nationale. Il a fait l’éloge de Houcine Abbassi, le secrétaire général sortant en qualifiant son successeur Noureddine Taboubi de « patriote sincère ». Revenant au « Dialogue national » il a confirmé les propos de l’ancien patron de la centrale syndicale en ce qui a trait à l’intention de Mehdi Jomaa chef du gouvernement de technocrates de se présenter à l’élection présidentielle de 2014.

« Présent au Caire à l’époque Houcine Abbassi était rentré aussitôt à Tunis et a dissuadé Mehdi Jomaa de prendre cette initiative contraire à la feuille de route en lui faisant savoir qu’il considérait cela comme un casus belli », a déclaré Caïd Essebsi. En ce qui concerne les activités extérieurs de Rached Ghannouchi notamment sur le dossier libyen, le Chef de l’Etat a été tout à fait clair : mon seul représentant sur le dossier diplomatique est le ministre des affaires étrangères et celui-ci assume ses fonctions tout à fait convenablement.

« Les chefs de partis peuvent aussi prendre des initiatives sur le plan des relations extérieures a-t-il ajouté en indiquant que « le président d’Ennahdha Rached Ghannouchi a la bonne habitude de le mettre au courant de ses activités sur ce plan et qu’il est persuadé que ce qu’il fait ne peut être que compatible avec la politique du pays. «Nous nous rencontrons souvent et nous parlons avec une grande franchise »a-t-il dit en laissant entendre qu’ils ont souvent des avis divergents sur les questions évoquées.

A propos de la Libye, il a estimé que le temps est mûr pour une initiative de la Tunisie impliquant les pays les plus proches de la Libye à savoir ses voisins arabes l’Algérie et l’Egypte pour un règlement entre Libyens de la crise dans ce pays. Il a ajouté qu’il a parlé de cette initiative depuis plus d’un an avec le président Abdelfattah al-Sissi et qu’il l’a présenté au président Abdelaziz Bouteflika lors de sa visite en décembre à Alger. Il s’est dit disposé à rencontrer tous les acteurs de la scène libyenne à cette fin en laissant entendre que le maréchal Khalifa Haftar sera invité à venir à Tunis dans ce cadre. Selon lui le règlement aura pour base l’accord de Skhirat réalisé sous l’égide des Nations Unies qui a donné naissance au gouvernement d’entente nationale, un accord qui pourrait être amendé pour prendre en considération les avis pertinents des parties prenantes.

Revenant aux sujets nationaux, le président a annoncé qu’il a l’intention de demander au Conseil de sécurité nationale qui réunit le chef du gouvernement, le président de l’ARP et les ministres concernés de voir la possibilité de suspendre l’application de la peine privative de liberté de la loi 52 relative à la consommation de cannabis(Zatla) pour les primo-délinquants en attendant l’adoption du texte amendé de cette loi dont le projet est soumis à l’assemblée conformément à sa promesse pendant la campagne électorale.

A la fin de l’émission Béji Caïd Essebsi a annoncé également la constitution prochaine d’une commission de juristes à laquelle il va confier la mise en place d’un Code des libertés individuelles qui viendrait conforter les libertés publiques énumérées dans la Constitution. Il a en outre affirmé qu’il n’a aucune intention de modifier la Constitution. « Garant de la Loi Fondamentale qu’on n’attende pas de moi de la toucher »a-t-ajouté même s’il estime qu’il y a des failles dans ce texte surtout au niveau de « celui qui gouverne vraiment le pays car le texte prévoit un régime plutôt de type parlementaire alors que le peuple veut un régime présidentiel »a-t-il précisé.

Enfin, il a appelé les membres élus du Conseil supérieur de la magistrature de régler entre eux les difficultés qui entravent la mise en place de cette institution constitutionnelle essentielle. « Ce serait mauvais pour le pays que les magistrats qui sont appelés à trancher les différends entre les citoyens ne parviennent pas à régler les problèmes qui les opposent »a dit le président qui a dit que le gouvernement pourrait prendre une initiative législative à cette fin, mais ce n’est pas la voie qu’il préfère. »

Seul bémol de cette longue interview, c’est la cacophonie qui s’est installée entre les trois interviewers surtout au début de l’émission quand voulant interférer à tout bout de champ ils ont empêché le président à la république à aller jusqu’au bout de sa réflexion et de ses explications.

Raouf Ben Rejeb

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