Un ministre palestinien meurt après avoir été frappé par des soldats israéliens (Vidéo)

 Un ministre palestinien meurt après avoir été frappé par des soldats israéliens (Vidéo)


Un ministre de l'Autorité palestinienne est mort mercredi lors d'une altercation avec des agents de la police aux frontières israéliennes, en marge d'une manifestation organisée dans un village de Cisjordanie occupée.

Selon plusieurs témoins, Ziad Abou Eïn a perdu connaissance après avoir été empoigné puis violemment bousculé. Son corps a été transféré à l'institut médico-légal d'Abu Dis afin d'y être autopsié par des médecins palestinien, jordanien et israélien.

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a exigé une enquête «immédiate» et «transparente». Le président Mahmoud Abbas a dénoncé «un acte barbare qui ne peut être ni accepté ni toléré», tandis que plusieurs dirigeants de son parti ont appelé à suspendre la coopération sécuritaire avec Israël.

La mort de Ziad Abou Eïn, figure renommée du mouvement national palestinien et cadre dirigeant du Fatah, menace d'accentuer la tension déjà forte qui règne depuis plusieurs mois à Jérusalem et en Cisjordanie. Âgé de 55 ans, l'homme avait effectué plusieurs séjours dans les prisons de l'Etat hébreu, notamment après avoir été condamné pour le meurtre de deux Israéliens en 1979, et participé activement à la deuxième intifada. Jusqu'au printemps dernier, il fut le vice-ministre des Prisonniers au sein de l'Autorité palestinienne et coordonnait depuis lors les actions contre la colonisation et la «barrière de séparation» israélienne. Des heurts, lors desquels un adolescent de 14 ans a été grièvement blessé, ont éclaté peu après son décès dans le camp de réfugiés d'el-Jalazoun.
Ouverture d'une enquête

Selon Mohammed Mouhaisan, l'un de ses plus proches collaborateurs, c'est au cours d'une «manifestation pacifique» que Ziad Abou Eïn a trouvé la mort près du village de Turmus Ayya. «Nous étions venus avec une délégation européenne pour planter des oliviers afin de dénoncer l'occupation, explique le fonctionnaire, lorsque nous avons été empêchés d'avancer par un important dispositif policier. Le ton est monté et les Israéliens se sont mis à tirer des gaz lacrymogènes. Comme il tentait d'expliquer le but de notre manifestation, le ministre a été pris à la gorge par un soldat, puis frappé au cou par un autre. Projeté à terre, il a reçu un troisième coup au niveau du ventre et a commencé à se sentir mal.» Il a dénoncé «le terrorisme de l'occupation» avant de perdre conscience. Moshe Yaalon, le ministre israélien de la Défense, a aussitôt exprimé ses «regrets» et demandé l'ouverture d'une enquête.

Le comité central du Fatah s'est réuni mercredi soir en présence de Mahmoud Abbas afin d'examiner la réponse à apporter à cet incident. Le président de l'Autorité palestinienne, bien qu'attaché à la recherche d'une solution négociée avec Israël, risque d'avoir de plus en plus de mal à repousser les appels à suspendre la coordination sécuritaire qui, depuis la seconde intifada, garantit le calme en Cisjordanie.(Lefigaro.fr)