Abbou déclare la guerre contre les retards et l’absentéisme  

La lutte contre les retards et les absences dans les administrations publiques semble être considérée la haute priorité de Mohamed Abbou. À peine 12 jours de la prise de ses fonctions à la tête du ministère d'Etat auprès du chef du gouvernement, chargé de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Abbou frappe vite et fort contre l’absence des salariés. 

En coordination avec certains services relevant de la fonction publique et de la présidence du gouvernement, des équipes de contrôle formées au moins de trois hauts fonctionnaires, sont désormais chargées de faire des missions de contrôle et des tâches d’inspection, quotidiennes et sur tout le territoire tunisien, de la présence des employés dans les administrations publiques.

Mieux vaut tard que jamais, peut-être, mais il n'y a pas de doute que cette action a beaucoup tardé malgré les chiffres alarmants et ennuyeux sur ce phénomène qui a longtemps pesé sur le budget de l’Etat. Plusieurs sont ceux qui ont déjà tiré la sonnette d’alarme sur le taux d’absentéisme dans les administrations publiques mais aucune action n’a été prise jusqu’ici bien que cela représente un grand danger non seulement pour les administrations publiques mais aussi pour tout le pays qui doit subir des pertes s’élevant à 2,7 millions de jours de travail alors que la masse salariale dans le secteur public représente 45% du budget de l’État et 14% du PIB.

Des missions d’inspection et de contrôle de présence des salariés effectuées récemment dans certains services du secteur public ont conduit aux résultats suivants :  l’absentéisme injustifié, dans une direction régionale à Tunis a atteint 47,8%, dans une direction régionale de l’Ariana il a atteint 85,2% et 20,5% dans une direction centrale.

Outre les résultats de ces missions d’inspection, une étude publiée en 2015 par l'Association tunisienne de lutte contre la corruption a fait également révéler que les fonctionnaires du public ne travaillent que 105 jours durant l'année, ce qui engendre des pertes évaluées à 1million 86 mille jours de travail.

Il en ressort également que le temps de travail du fonctionnaire tunisien ne dépasse pas 8 minutes par jour alors que le taux d'absentéisme atteint les 60% dans le secteur public.

En 2016, une consultation en ligne du ministère de la Fonction publique sur la valeur du travail et auquel 1500 agents de la Fonction publique ont participé, a également révélé que 57% des participants estiment que les difficultés liées aux moyens de transport et l’accompagnement des enfants aux écoles et aux crèches figurent parmi les principales causes du retard et de l’absentéisme des agents du secteur public.

En gros, les entreprises publiques enregistrent le taux d’absentéisme le plus élevé. Ce taux varie entre 36 et 18% au niveau central et se situe à hauteur de 15% au niveau régional. Le rapport cite les structures les plus touchées par l’absentéisme, dont certaines fournissent des prestations de services aux citoyens.

Les chiffres du ministère de l’Education publiées en 2015 ont aussi confirmé les chiffres alarmants de l’absentéisme dans le secteur public. En effet, près de 25% des enseignants s’absentent chaque jour.

De plus, les absences justifiées, pour maladie de longue ou courte durée, coûtent aux pays 2% du budget.

K.T.