ALECA: Pourquoi les céréaliers tunisiens craignent cet accord ?
Globalement, les syndicats des céréaliers (Sinagri et UTAP) n’espèrent rien d'une concurrence déséquilibrée. Celle-ci est perceptible à travers l’écart au niveau de la productivité.
Les rendements pour le blé tendre et l’orge tunisiens oscillent entre 3 quintaux par hectare (Q/ha) et 18Q/ha, contre 50Q/ha et 80Q/ha en Europe.
Cette différence notable des rendements se traduit par des écarts importants au niveau des prix en faveur des producteurs européens. Conséquence : les prix moyens d'importation pour l'orge et surtout pour le blé tendre sont largement en dessous des prix à la production en Tunisie.
Le risque est de voir le gouvernement tunisien comme il l’avait fait, fin des années 90 et début des années 2000, opter pour la solution de facilité et importer au moindre coût au lieu d’encourager la production locale.
Les experts craignent également cette libéralisation des échanges des produits agricoles. Selon Fethi Chamkhi universitaire et député, « le modèle d'agriculture industrielle telle qu'il se développe au Nord est un modèle de destruction de la paysannerie.
En lui permettant de s'imposer chez nous il risque de faire des ravages dans le monde paysan en transformant des régions entières en déserts humains et en portant de graves atteintes aux équilibres environnementaux ».
Pour lui « il est certain que les petits producteurs céréaliers tunisiens, qui constituent l'écrasante majorité du secteur des céréalicultures, ne pourront pas tenir tête longtemps face à la concurrence des céréales européennes.
La ruine de bon nombre d'entre eux paraît inéluctable ! La concurrence des céréales européenne risque aussi d'être fatale pour les régions de céréaliculture vivrière des zones arides et semi-arides qui ne peuvent, elles aussi, relever le défi de cette concurrence écrasante ».
KIM
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