Allégations de torture sur Jawher Ben Mbarek : dépôt de plainte et appel à une enquête urgente

L’avocate Hanene Khemiri, membre du collectif de défense du détenu en grève de la faim Jawher Ben Mbarek, a annoncé ce mercredi avoir déposé une plainte auprès du premier procureur général près la Cour d’appel de Tunis concernant un cas présumé de torture subi par son client, mardi soir, dans la prison de Belli.
Lors d’une conférence de presse tenue au siège du Parti républicain, Me Khemiri a précisé que la plainte comporte les noms des agresseurs présumés. Elle affirme que son client présente des traces évidentes de violences graves, et qu’il a déclaré avoir été passé à tabac par six détenus de droit commun, sur ordre de quatre agents pénitentiaires et du chef du pavillon, lesquels l’auraient emmené dans un endroit hors champ des caméras de surveillance avant de le frapper violemment jusqu’à ce qu’il perde connaissance.
Selon Me Khemiri, les faits s’apparentent clairement, d’un point de vue juridique, à un acte de torture commis au sein d’un établissement pénitentiaire. Elle a ajouté que l’état de santé de son client nécessite une intervention médicale urgente, soulignant qu’il souffre d’une fracture d’une côte, en plus des conséquences d’une grève de la faim particulièrement sévère.
De son côté, l’avocate Dalila Ben Mbarek a indiqué que le procureur général a refusé de lui délivrer une autorisation de visite, l’informant qu’une décision limitant les visites des avocats à deux fois par semaine avait été prise la veille.
Elle a également rapporté que Me Lobna Mejri, membre du Conseil de l’Ordre des avocats, accompagnée du président de la section de Nabeul de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, s’est rendue à la prison de Belli pour tenter de rencontrer Jawher Ben Mbarek, en vain, les deux ayant été empêchés de le voir.
Au cours de la conférence de presse, il a également été annoncé que Issam Chebbi a décidé de boycotter le suivi médical de sa grève de la faim, pour protester contre ce qu’il considère comme une manipulation de l’opinion publique par la Direction générale des prisons et de la rééducation, qui a publié un communiqué niant toute dégradation de l’état de santé des détenus politiques et affirmant qu’aucun d’eux n’était en grève de la faim.
Or, selon leurs avocats, Issam Chebbi, Jawher Ben Mbarek, Abdelhamid Jelassi et Ridha Belhaj mènent bel et bien des grèves de la faim illimitées depuis plusieurs jours.
Les participants à la conférence ont par ailleurs annoncé l’organisation, samedi 22 novembre, d’une « Marche des droits et des libertés contre les violations », en solidarité avec les détenus politiques et en dénonciation des violences subies par Jawher Ben Mbarek.
Enfin, une source judiciaire a confirmé à l’Agence TAP que le Parquet près le tribunal de première instance de Tunis a ordonné l’ouverture d’enquêtes judiciaires contre trois avocats, suite à leur renvoi par la Cour d’appel, à la suite de plaintes déposées par la Direction générale des prisons et de la rééducation.
Ces plaintes reprochent aux avocats la diffusion de “fausses informations et rumeurs” au sujet des grèves de la faim dans les établissements pénitentiaires et la propagation de données erronées concernant l’état de santé des détenus grévistes.
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