Antoine Sfeir analyse «l’exception tunisienne»

La revue «Les Cahiers de l'Orient» consacre une majeure partie de son numéro 97 intitulé «l'Exception tunisienne» à

l’analyse du processus de développement économique et social en Tunisie, au statut de la femme tunisienne, aux mécanismes de solidarité et à la stratégie nationale de lutte contre l’intégrisme religieux.

Editée en France sous la direction du journaliste et politologue franco-libanais Antoine Sfeir, cette revue trimestrielle d’études et de réflexion sur le monde arabe et musulman, souligne, dans son éditorial, l’osmose qui existe entre le pouvoir et le peuple tunisiens, qui estime l’éditorialiste «ne se contentent pas de leur réussite économique, mais veulent également installer les infrastructures nécessaires, pour renforcer la solidarité entre les citoyens». Cette citoyenneté, galvaudée dans beaucoup de pays, assure aux tunisiens une solidarité que l’on trouve rarement, non seulement dans les pays de la région et dans les pays arabes, mais également dans le monde, ajoute encore l’éditorialiste.

«Pourquoi les tunisiens votent-ils Ben Ali?», s’interroge le directeur de la publication, Antoine Sfeir dans une allusion à la candidature du Président Zine El Abidine Ben Ali à l’élection présidentielle du 25 octobre 2009.

Dans son analyse des raisons de ce choix, M. Sfeir conclut que «Ben Ali est crédible, et son bilan est positif sur les plans social, économique et politique», et considère que ce consensus est le fruit des réalisations accomplies par la Tunisie depuis le 7 novembre 1987.

Il s’agit en particulier de la lutte permanente contre la pauvreté, de la consolidation et du développement de la classe moyenne, du maintien d’une hausse annuelle régulière des salaires «quelle que soit la conjoncture interne ou externe» et des facilités accordées pour l’acquisition d’un logement.

Les tunisiens doivent aussi à Ben Ali la création du Fonds de solidarité nationale (FSN 26/26) pour venir en aide aux plus démunis, affirme M. Antoine Sfeir.

Le journaliste et politologue met également en relief les avantages accordés à la femme s’agissant des droits sociaux (pension alimentaire, obtention d’une assistance judiciaire notamment en cas de divorce etc...).

Il souligne les indicateurs généraux de sécurité sociale au titre de l’année 2008, de même que l’accès aux soins à toute la population sans distinction et le bilan du système éducatif qu’il qualifie de «performant et égalitaire».

Au volet économique, Il indique que la plupart des indices macroéconomiques témoignent de «la bonne santé de la Tunisie et de ses progrès» ainsi que de son attractivité croissante au niveau des IDE (investissements directs Etrangers).

Par ailleurs, M. Sfeir met en exergue la stabilité politique et sécuritaire dont bénéficie la Tunisie et le rayonnement dont elle se prévaut à l’étranger. Le président Zine El Abidine Ben Ali a su au fil du temps mener une politique étrangère mesurée, qui a permis à la Tunisie d’avoir un rayonnement à l’échelle du Continent et de jouer un rôle en Méditerranée, écrit-il en substance.

Les autres articles de la revue «Les Cahiers de l’Orient» qui analysent « L’exception tunisienne » et qui sont signés par des politologues, spécialistes de l’Islam et du Moyen-orient, d’économistes et d’historiens mettent en exergue en particulier le statut de la femme tunisienne dans la société.

L’accent est mis, dans ce contexte, sur la politique active mise en place en Tunisie en faveur de l’émancipation de la femme. «S’il est bien un domaine qui fait l’unanimité parmi les observateurs de la vie tunisienne c’est bien le statut de la femme dans ce pays. Les données statistiques s’accordent avec la chronologie des textes et des décisions pour composer un paysage social dans lequel les femmes ont toute la place» peut-on lire dans un article intitulé «La Tunisienne, une citoyenne comme un autre».

Un autre article intitulé «La classe moyenne, pilier du régime» affirme que «le Président Ben Ali place la classe moyenne au cœur de son projet de société», citant des experts de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui soulignent : «La Tunisie est l’un des rares pays ayant commencé à récolter les fruits des ajustements structurels mis en œuvre dans leur économie, grâce à une classe moyenne devenue un pilier incontournable de l’économie».

D’autre part, «Les cahiers de l’Orient» se penchent sur l’analyse de l’approche tunisienne en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Selon la Tunisie, relève l’auteur de l’article, la lutte contre le terrorisme implique les volets social, économique, idéologique et sécuritaire. C’est pourquoi «la Tunisie a assuré une croissance économique à son peuple parmi les plus importantes dans la région (excepté les grands exportateurs de pétrole)».

Dans cette même optique, l’auteur de l’article met en évidence la politique tunisienne en matière de lutte contre l’extrémisme religieux, précisant que la politique du président Zine El Abidine Ben Ali a permis l’émergence d’un Islam modéré qui met fin au dogmatisme et à l’ostracisme et fait prévaloir les nobles valeurs de l’Islam, qui encouragent la maîtrise de la science, la tolérance, l’ouverture et le dialogue avec les autres religions.

Un autre article de la revue «Les cahiers de l’Orient» met en exergue les composantes de l’identité et du patrimoine tunisiens, citant en particulier Kairouan, cette ville de «l’Islam des lumières dont le rayonnement s’explique par sa position de carrefour entre l’Orient, la Méditerranée et l’Europe».

La revue s’intéresse aussi à la production et à la création culturelles tunisiennes qui selon l’auteur de l’article «sont en plein essor depuis une vingtaine d’années».