Arabie Saoudite : Création d’un centre pour « expurger les compilations de faux hadiths »
L’Arabie Saoudite a annoncé la création d’un Centre des Hadiths du Prophète Mohamed, lequel centre devra « expurger les compilations des faux hadiths, de ceux qui sont en contradiction avec le Coran ou de ceux qui sont utilisés pour justifier et alimenter le terrorisme. ».
La décision est prise sous forme de décret royal signé par le souverain saoudien Salmane Ibn Abdelaziz en sa qualité de gardien des deux lieux saints de l’Islam mais personne ne doute que c’est son fils et Prince héritier Mohamed Ben Salmane qui est l’instigateur de cette révolution dans la tradition religieuse rigoriste dans ce pays qui fait des « hadiths » la seconde source après le Coran de la législation.
Le nouvel homme fort d’Arabie âgé tout juste de 32 ans a un projet global et ambitieux pour son pays dans son cheminement sur la voie d’un Etat moderne. Dans cet objectif, il fait de la lutte contre les extrémismes au nom de la religion en privilégiant « un Islam modéré » son cheval de bataille.
Depuis deux ans, Le prince héritier a annoncé un retour au “vrai Islam“ en Arabie saoudite et une ouverture de la société vers le monde et vers la culture. Il a ainsi autorisé les femmes à conduire. Des cinémas, festivals, concerts de musique sont organisés publiquement.
Ces avancées sont accueillies favorablement par la jeunesse saoudienne et une grande partie de la société, selon les témoignages concordants rapportés de sources médiatiques crédibles. Selon les observateurs ce « véritable séisme » au sein de la société va referme la parenthèse de la Sahwa (littéralement l’éveil), qui a duré plus de trente ans à partir de 1979, date de la “révolution iranienne“, et qui avait redonné les clés de la société aux théologiens les plus conservateurs.
Les recueils des hadiths (paroles ou actes du Prophète, collectés plus de deux siècles après sa mort) sont souvent sacralisés au point que de nombreux critiques ont subi les foudres de leurs contemporains. La Charia a, en outre, utilisé des hadiths dont l’authenticité n’est pas toujours garantie, ainsi que le consensus des théologiens (et l’analogie, de sorte à fermer toute porte à l’Ijtihad (effort d’interprétation).
Le nouveau Centre sera basé à Médine. Sa direction a été confiée à un membre connu de la famille Al Cheikh, descendant de Mohamed Ibn Abdelwahab, fondateur du wahhabisme. Un “conseil scientifique international“ sera constitué pour mener ce travail de purge. L’objectif assigné au centre est de “contribuer à diffuser la pensée modérée, l’Islam modéré“.
La décision saoudienne, si elle est exécutée de la manière dont elle a été annoncée, ouvrira une brèche vers un début de rationalité dans l’étude des corpus islamiques. Une brèche qui ouvre la voie à toutes les éventualités, car les idéologies extrêmes ne résistent que dans la fermeture la plus totale.
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