Bizerte, de la confrontation à l’évacuation
En parlant de Bourguiba « J'ai devant moi un lutteur, un politique, un chef d'État, dont l'envergure et l'ambition dépassent la dimension de son pays. » Charles De Gaulle
La crise de Bizerte est un conflit diplomatique et militaire opposant, durant l'été 1961, la France et la Tunisie devenue indépendante le 20 mars 1956. Il se joue autour du sort de la base navale militaire de Bizerte restée en mains françaises et de sa rétrocession à la Tunisie. Après des tensions diplomatiques commencées en mai suite au démarrage de travaux d'extension de la piste de la base, les tensions arrivent à leur paroxysme et tournent à l'affrontement militaire lors des journées du 19 au 22 juillet. Bien que les forces en présence soient disproportionnées, le conflit tourne rapidement à l'avantage des forces françaises et l'utilisation de volontaires sans formation militaire se traduit par un nombre important de victimes civiles.
Les hostilités, déclenchées le 19 juillet 1961, se prolongèrent jusqu'au 23 au matin. Les forces en présence étaient très déséquilibrées : un corps d'élite français bien entraîné et une armée tunisienne courageuse, mais fort peu expérimentée et mal équipée, adossée à des volontaires plus gênants qu'utiles. Bilan des pertes : côté français, 27 militaires tués et une centaine de blessés ; côté tunisien : 632 tués, dont 330 civils.
Le 15 octobre 1963, sept ans après l'indépendance de la Tunisie et deux ans après cette "bataille de Bizerte", les bâtiments de la marine française quittent la rade de Bizerte. Vers 14 heures, en une cérémonie discrète, un officier décroche le drapeau bleu blanc rouge. Il le plie en quatre, le met sous son bras et rejoint le navire amiral, qui sera le dernier à quitter le port.
L'évacuation du dernier soldat français se termine vers 15 heures. Les quais où, jusqu'à la veille, trois cargos, douze navires de guerre, un porte-avions, trois mille hommes et des tonnes de matériel attendaient d'être embarqués sont étrangement déserts. Les Français laissent cependant derrière eux deux pistes d'envol, une base aérienne avec hangar et bâtiments, une base aéronavale, un hôpital, des immeubles administratifs, une tour de contrôle, des installations souterraines inachevées, du matériel de contrôle, de radio, de protection contre les incendies, des quais, des bassins et, surtout, une quinzaine de techniciens pour assurer l'entretien des installations et la formation de Tunisiens capables de prendre la relève. Au même moment, l'aviso Destour, battant pavillon rouge et blanc, apparaît à droite de la rade. À son bord, Bahi Ladgham, vice-président et secrétaire général du Néo-Destour, Taïeb Mehiri, Hassib Ben Ammar, Mahjoub Ben Ali...
Vers 16 heures, sous les vivats de la foule qui a le port qui saccadaient « Yahya Bourguiba ! » (« Vive Bourguiba ! »), Bahi Ladgham hisse le drapeau tunisien sur la base, puis annonce solennellement au téléphone à Habib Bourguiba, président du parti et chef de l'État : « Mission accomplie. » Bizerte, « dernière séquelle de l'ère coloniale », selon les mots de Bourguiba, est enfin rendu aux Tunisiens. Dans les rues de la ville, c'est la liesse populaire. Bientôt, la joie s'étendra à tout le pays.
L'évacuation des troupes françaises sera fêtée solennellement le 15 décembre 1963, à Bizerte, envahi par plus de 300 000 personnes. La postérité retiendra l'image de Bourguiba triomphant au milieu de deux figures du nationalisme arabe, Nasser et Ben Bella, qui n'avaient jusqu'alors cessé de fustiger les « compromissions » du leader tunisien avec l'Occident.
Avec la France, tout était déjà rentré dans l'ordre. Les relations diplomatiques ayant été rétablies, Paris avait repris son aide. On avait presque oublié des deux côtés le bras de fer entre Bourguiba et de Gaulle, deux combattants de la liberté.
La Tunisie est un des plus beau pays du monde par la diversité de ses paysages, la richesse de son histoire, de son patrimoine et de sa culture depuis Hamilcar Barca et son fils le «Grand» général Hannibal jusqu'à Ibn Khaldoun sans oublier évidemment Kahena – première figure du féminisme, n'est-ce pas? – et plus récemment Tahar Haddad ou encore Abou El Kacem Chebbi, un magnifique poète! La Tunisie est aussi une terre d'accueil qui intègre facilement et assimile aisément: Alyssa, Saint Augustin, Kheir-Eddine Pacha et bien d'autres!
AK
* Avec Wikipedia
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