Blocage du décret de la carte de presse: les journalistes tunisiens toujours dans l’attente

Blocage du décret de la carte de presse: les journalistes tunisiens toujours dans l’attente

Alors que l’année 2025 touche presque à sa fin, les journalistes tunisiens n’ont toujours pas reçu leurs cartes professionnelles. En cause : le blocage inexpliqué de la publication du décret fixant la nouvelle composition des membres de la commission indépendante chargée de délivrer la carte de journaliste professionnel.

Selon l’article 8 du décret-loi n°115 régissant le secteur de la presse en Tunisie, les membres de cette commission sont nommés par décret pour un mandat de quatre ans, non renouvelable. Le renouvellement de la commission s’effectue par moitié tous les deux ans.

Or, bien que le mandat de certains membres soit arrivé à terme, et que les syndicats et corps de métiers représentés aient soumis, dès juin 2024, les noms de leurs nouveaux candidats, le décret fixant la nouvelle composition n’a toujours pas été publié au Journal Officiel de la République Tunisienne.

Une paralysie qui touche près de 2 000 journalistes

Cette situation, qui paralyse près de 2 000 journalistes professionnels, les empêche d’exercer pleinement leur métier et les prive de nombreux avantages liés à la détention de la carte. Malgré les multiples appels des professionnels du secteur, notamment du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), le blocage persiste.

Le SNJT a, dans ce sens, dénoncé à de nombreuses reprises, le fait que les journalistes soient encore « privés de leur droit d’obtenir leur carte de presse professionnelle », tout comme les correspondants des médias internationaux, eux aussi empêchés d’obtenir leurs accréditations et autorisations de tournage.

Selon le syndicat, ces pratiques traduisent « une volonté claire de porter atteinte à l’essence même du journalisme libre et de transformer les médias en outils de propagande ».

Une prolongation insuffisamment reconnue

En l’absence du décret gouvernemental de nomination des nouveaux membres, le président de la commission, le conseiller près le Tribunal administratif Fayçal Bouguerra, a certes annoncé la prolongation de la validité des cartes professionnelles de 2024.

Cependant, cette décision n’est pas toujours reconnue par certains services du ministère de l’Intérieur, du ministère des Transports, ou même au niveau des services consulaires des pays étrangers que les journalistes sollicitent pour l’obtention des visas, qui affirment ne pas avoir été officiellement informés de cette mesure ou qui ne la prenne même pas en considération.

Un appel à une action urgente

Face à ce blocage prolongé et injustifié, il devient urgent que les autorités compétentes, en particulier la Présidence du gouvernement, clarifient les raisons de ce retard et procèdent à la publication du décret de nomination des nouveaux membres de la commission.

Il s’agit d’une étape essentielle pour permettre à la commission paralysée de reprendre son activité et d’attribuer, dans les plus brefs délais, les cartes professionnelles aux journalistes tunisiens pour l’année 2025.

Des solutions immédiates doivent également être trouvées pour régulariser la situation des correspondants de la presse étrangère exerçant en Tunisie, qui, sans carte d’accréditation reconnue, ne peuvent ni travailler ni renouveler leur titre de séjour.

Composition de la commission d’attribution de la carte de journaliste professionnel.

Pour rappel, l’article 8 du décret-loi n°115 précise que la carte nationale de journaliste professionnel est délivrée par une commission indépendante composée de :

-un conseiller au Tribunal administratif, désigné sur proposition du Premier président du tribunal, en tant que président de la commission ;

-trois membres proposés par l’organisation de journalistes la plus représentative ;

-un membre représentant les directeurs des établissements d’information publique ;

-un membre proposé par la Fédération tunisienne des directeurs de journaux ;

-un membre proposé par l’organisation la plus représentative des directeurs d’établissements d’information audiovisuelle privée.

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