Concert de l’artiste Ibrahim Maalouf à Carthage : la fête des trompettes

Le trompettiste et compositeur de renommée internationale Ibrahim Maalouf s’est produit lors de la cinquième soirée du Festival international de Carthage, le 26 juillet.
Avec 19 albums à son actif, l’artiste franco-libanais cumule les distinctions, dont quatre Victoires de la musique et un César. Son concert à Carthage était principalement dédié à son album TOMA, acronyme de Trumpets of Michel-Ange.
Sur scène, il était accompagné d’un batteur, de deux bassistes, d’un saxophoniste et de cinq trompettistes. Ibrahim Maalouf est notamment connu pour son instrument singulier : une trompette à quatre pistons inventée par son père. Cet instrument unique lui permet de fusionner des styles musicaux variés. Si sa musique était à l’origine classique, puis influencée par le jazz, elle s’ouvre aujourd’hui à une multitude d’influences.
Ce concert a proposé une approche vivante et innovante de la musique instrumentale. Plus qu’une simple succession de morceaux, Maalouf a tissé un véritable fil narratif, captant l’attention du public et liant les différentes séquences.
Il a expliqué que l’idée de ce spectacle lui est venue le jour de son mariage avec la chanteuse Hiba Tawaji. Il a partagé cette anecdote lors de la conférence de presse et devant un public nombreux. La structure du concert s’inspire des étapes d’une cérémonie de mariage : la demande, l’acceptation, puis la célébration, illustrée par la danse de la mariée.
Chaque partie possède son propre rythme et tempo. Le public a été invité à se lever et à participer en suivant la musique par des mouvements. Entre solos et moments collectifs, les cuivres ont largement dominé la scène. Une danseuse est venue enrichir le spectacle par des performances variées : africaines, orientales, gitanes…
Une touche tunisienne a été spécialement intégrée pour cette soirée à Carthage : un extrait de l’introduction du célèbre morceau « Sidi Mansour » a été inséré dans l’un des titres joués.
Tout au long du concert, Ibrahim Maalouf a ponctué sa prestation de récits personnels. Il est revenu sur son enfance, son lien fort avec son père — à qui il doit sa passion pour la musique — et sur ses racines orientales, qui influencent profondément son art. Il a aussi évoqué des souvenirs liés à la guerre au Liban et à son exil en France : « Je me suis réfugié dans la musique pour m’intégrer », a-t-il confié. Ces confidences ont permis au public de percevoir le sens profond de sa musique.
Le public a été invité à chanter des vocalises sans paroles, guidé par la voix de l’artiste et le rythme de la musique, créant un moment de communion sincère et spontané.
Le concert, démarré sur une note énergique et rythmée, a peu à peu ralenti pour installer une ambiance plus intime et contemplative. Cette transition fluide a permis aux spectateurs de passer de l’exaltation à une écoute plus introspective.
Un hommage émouvant a été rendu à Ziad Rahbani, artiste libanais décédé le matin même du spectacle. Maalouf a repris Saalouni ennass, célèbre morceau composé pour Fayrouz, saluant ainsi la mémoire d’un grand musicien et intellectuel dont l’héritage marque profondément la musique arabe.
À la fois nostalgique, festif et engagé, le spectacle d’Ibrahim Maalouf à Carthage illustre son approche résolument novatrice de la musique. En mêlant récits personnels, danse, influences plurielles et interaction avec le public, il a offert une expérience immersive et profondément humaine.
Le Festival international de Carthage se poursuit jusqu’au 21 août, proposant encore de nombreux spectacles venus de France et d’ailleurs.
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