Crise environnementale à Djerba: Lettre ouverte d'une étrangère aux autorités tunisiennes

 Crise environnementale à Djerba: Lettre ouverte d'une étrangère aux autorités tunisiennes


A l’attention de Monsieur le Président de la Tunisie Monsieur Moncef Marzouki; à l’attention de Monsieur le Chef du gouvernement Monsieur Medhi Jomâa, à l’attention de Monsieur le Ministre de l’intérieur, Monsieur Lotfi Ben Jeddou; à l’attention du Ministre de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire et du Développement durable Monsieur Hedi Larbi; à l’attention du Ministre de la Santé Mohamed Salah Ben Ammar; à l’attention du Ministre de la Jeunesse, des Sports, de la Femme et de la Famille Monsieur Sabeur Bouatay; à l’attention de Monsieur le Ministre de l’Agriculture Lassaad Lachaal; à l’attention de Madame la ministre du Tourisme Armel Karboul; à l’attention du Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de lEquipement, de l’Aménagement du territoire et du Développement durable Monsieur Mounir Mejdoub; à l’attention de la Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Jeunesse, des Sports, de la Femme et de la Famille Madame Neila Chaabane Hammouda...
 
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Secrétaires d’Etat...
 
Ma position d’expatriée française (donc étrangère) vivant à Djerba depuis 2 ans, et connaissant la Tunisie depuis un peu moins de 20 ans (en majorité Hammamet), ne me permet nullement de vous contacter.

Si j’ose cet affront, c’est que je vis, au jour le jour auprès de vos concitoyens djerbiens, cette catastrophe sanitaire et écologique sans précédent sur l’île et sur la Tunisie qui sera touchée d’ici peu d’années si rien n’est fait.

En conduisant ma fille à l’école publique ce matin, j’ai cru être en Syrie ou autre pays vivant le chaos total, comment avez-vous tous pu laisser cette catastrophe annoncée, criée depuis des mois et des années par votre peuple se passer ainsi ?

Est-ce le fait d’être à Tunis qui vous empêche d’ouvrir les yeux et les oreilles, face aux complaintes et aux pleurs de vos concitoyens ? Est-ce la peur de ne pas réussir cet énorme chantier ? Ou est-ce tout simplement le manque d’intérêt qui vous rend tous immobiles ?

Pourtant, parmi vous certains ont des mères, des pères, des frères, des sœurs, des enfants ou tous autres membres de la famille ou amis qui vivent cette catastrophe, la révolution vous aurait tous rendus égoïstes à ce point ? Vous qui avez réussi à fermer le bec du monde entier, en réussissant ce merveilleux vote de votre Constitution, en ayant cette fierté qu’aucun autre peuple dans le monde ne peut se prévaloir: avoir laissé la parole à tous, même aux extrêmes, comment ne réussiriez-vous pas ce changement radical et obligatoire, d’utilité sanitaire et publique ?

Comment acceptez-vous de laisser croire à ces fameux touristes ou expatriés, dont je fais partie, que votre peuple est un peuple sale ? Il n’en est rien, Monsieur le Président, je sais juste pour avoir vécu 40 ans en France et dans d’autres pays, que si le gouvernement ne prend pas des mesures radicales, fermes, et ne donne pas les moyens à son peuple rien ne changera, tout ira de mal en pis, et la catastrophe annoncée arrivera, elle est aux portes de l’île et de la Tunisie.

Soyez tous fiers d’être Tunisiens, levez la tête bien haut, battez-vous tous, quel que soit votre parti ou votre religion car ce combat c’est un combat pour la vie de tous, ce combat il touche tout le monde, petit, grand riche, pauvre, tous les Tunisiens sont concernés et après viennent les expatriés et les touristes (et non le sens contraire)?.

Lancez des appels d’offres à travers le monde pour recevoir de l’aide financière (qui sera gérée par un colloque d’experts internationaux par exemple), prenez cette opportunité d’avoir l’île de Djerba en ruines pour en faire une province pilote qui servira d’essai pour la mise en route sur toute la Tunisie, servez-vous de cette chance d’avoir des expatriés qui savent trier leurs ordures pour qu’à leur tour ils aident votre population dans ce long changement nécessaire, obligatoire.

Mais sans conteneurs par foyer, sans ramassage, sans poubelles publiques, sans même un centre tri digne de supporter toutes les ordures, que voulez-vous que votre peuple fasse à part une autre révolution ? Mais cette fois, permettez-moi l’expression, ce sera « la révolution de la merde ».

En prenant tous vos responsabilités, vous allez non seulement agir pour votre peuple, pour votre image à l’international, et pour le tourisme … et si on doit flatter vos égos sachez que vous serez dans l’histoire, car vous serez tous les premiers à avoir osé mettre en œuvre et réaliser ce fabuleux chantier de la propreté publique que votre peuple vous réclame à cor et à cri (et moi aussi) Je vous implore tous, de bien vouloir prendre vos responsabilités afin de résoudre ce problème sanitaire de façon durable et permanente.

Et par la même vous allez créer des emplois à court et long terme, redonner espoir à votre peuple si courageux et fermer encore une fois le bec à tous ces autres pays qui pensent que la Tunisie n’est pas forte.

Je vous présente mes excuses à tous, si par ces quelques mots d’une étrangère, je vous ai offusqués ou blessés, mais sachez que l’heure est grave, très grave pour votre peuple, moi je ne compte pas, si je ne suis pas bien je peux repartir avec ma famille mais voilà, j’aime trop la Tunisie et le peuple tunisien pour me taire.

J’invite tous les expatriés vivant en Tunisie, tous les amoureux de la Tunisie, les Tunisiennes et les Tunisiens à se joindre pacifiquement à mon appel pour que le gouvernement l’entende et agisse.

Pour ce faire, adressez vos demandes au Président par courrier qu’il soit submergé de lettres, envahissez les réseaux sociaux de vos plaintes, criez dans les médias votre soif de changement sanitaire, et ayez confiance, ne perdez pas espoir, la fatalité n’a rien à voir avec ce problème ! Pitié ne laissez pas la Tunisie mourir, vive la Tunisie et vive les Tunisiens.

Caroline Marie Charlot-Chik