En Algérie, les législatives ont provoqué un “séisme politique”
Samedi 12 juin, les électeurs algériens, qui étaient appelés à renouveler leurs députés, ont massivement boudé les urnes. Le signe d’une “colère” forte, qu’il faut considérer avec inquiétude et sérieux, estime cet éditorialiste du quotidien Liberté.
Une élection est un important baromètre de la vie politique nationale qui donne à mesurer, à intervalles réguliers, les grandes tendances qui traversent le pays. Mais, au-delà de ses résultats, des “vainqueurs” et des “vaincus”, dans le cas algérien et dans ce moment particulier de la vie nationale, la consultation électorale permet d’observer avec clarté les messages politiques, lourds et profonds, qu’envoient les Algériens. Il appartient ensuite aux élites politiques, les décideurs en premier chef, d’en saisir le sens pour mieux comprendre les raisons des choix exprimés et d’en tirer les conclusions.
Les législatives anticipées de samedi 12 juin sont à ce titre chargées de messages aussi sérieux qu’inquiétants. Elles sonnent comme une nouvelle alerte, car la désaffection massive enregistrée était plus que prévisible [le taux de participation s’élève à 30 %, le plus bas depuis vingt ans]. Il ne faut surtout pas faire l’erreur de minimiser son ampleur et ses lourdes conséquences sur le devenir de l’État et de la société, sur les rapports entre gouvernants et gouvernés. Aussi, de l’autre côté, il faut savoir raison garder et ne pas se laisser emporter par un triomphalisme aveuglant.
L’heure n’est pas à l’euphorie, le moment est vraiment grave. Pour tous. Tout le monde doit prendre acte. Aucun camp ne doit aborder ce séisme politique avec légèreté et crier victoire [l’opposition et les partisans du Hirak avaient appelé au boycott du scrutin]. Toute la classe politique est interpellée. D’urgence, la réaction doit être à la mesure de cet événement.
Non pas seulement à coups de communiqués, mais par la capacité des uns et des autres à agir de concert pour résoudre ce grand malentendu national qui s’est exprimé en ce 12 juin dans et hors des urnes. D’évidence, les élections, à elles seules, ne suffisent pas à engager le pays sur la voie de salut. Si elles sont une nécessité constitutionnelle, d’autres démarches politiques sont à envisager. Impérieusement.
Choc de confiance
Il ne faut pas renoncer à faire de la politique, elle est l’alpha et l’oméga dans la résolution des conflits, particulièrement dans cette phase cruciale de l’histoire. Elle rend possible ce qui peut nous paraître utopique. Il faut oser et prendre le risque. Il est évident que le pays est rempli de colère, de ressentiment et surtout de peur.
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