En Tunisie, l’Etat emprunte sa propre monnaie auprès des banques privées...

En Tunisie, l’Etat emprunte sa propre monnaie auprès des banques privées...

Par Amine Ben Gamra

Le paragraphe 4 de l’article 25 de la loi n°35 de l’année 2016, portant fixation du statut de la Banque centrale de Tunisie, stipule que : « La banque centrale ne peut octroyer à la trésorerie générale de l’Etat des facilités sous forme de découverts ou de crédits, ni acquérir directement des titres émis par l’Etat. 

Cette interdiction n’est pas applicable aux opérations d’assistance financière octroyée par la banque centrale, dans les conditions prévues par la présente loi, au profit des banques et des établissements financiers dans le capital desquels l’Etat détient directement ou indirectement une participation».

Autrement dit, la BCT n’est pas autorisée à permettre à la trésorerie de l’Etat d’accéder à la liquidité ou aux crédits à des taux d’intérêt quasiment nuls. 

Ainsi l’état emprunte sa propre monnaie auprès des banques privées et sera dans l’obligation de payer outre la principale de la dette, les intérêts. Ce qui aggravera davantage le déficit budgétaire de l’état et par conséquent gonflera l’endettement de la Tunisie envers les bailleurs de fonds internationaux y compris le FMI. 
 
Il en ressort, les banques récoltent d’importants revenus tirés principalement des crédits octroyés à l’Etat contre l’accumulation des dettes publiques et l’aggravation du déficit budgétaire et par conséquent la soumission de notre cher pays au FMI et aux bailleurs de fonds internationaux.

Face à cette situation, les banques tendent à l’investissement dans les besoins de l’Etat tant au niveau des crédits que de la liquidité financière assurément payés par l’Etat au lieu d’investir dans les secteurs productifs qui exposent les banques aux risques de non remboursement. Résultat un faible niveau de l’investissement pour une longue période depuis 2011 et baisse de l’attractivité de l’économie tunisienne. Le taux d’investissement passe de 24,6% en 2010 à 18,5 en 2018 et demeurerait sous la barre de 19% jusqu’en 2020.

En conclusion, la situation économique de la Tunisie ne sera jamais relancée si la loi n°35 de l’année 2016, portant fixation du statut de la Banque centrale de Tunisie reste en vigueur.

Amine Ben Gamra, Expert-comptable

 

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