Épargnez-nous ces querelles infantiles et pensez au bien du peuple !
Pour commencer, je tiens à préciser que je n'ai voté ni Béji Caïed Essebsi ni Mohamed Moncef Marzouki lors du premier tour des élections présidentielles ! Pour ce qui est des raisons, il en existe plusieurs qui font que je ne suis pas convaincu par ces deux candidats.
En réalité, je ne suis pas le seul dans cette situation, puisque nous sommes des dizaines de milliers à préférer d’autres candidats ou même à nous en foutre royalement de la politique et des élections tellement le niveau et le langage de la majorité de nos politiques se sont avérés médiocres.
En effet, à travers une lecture toute simple des chiffres et des voix que ces deux candidats ont obtenues lors du scrutin de la présidentielle, l'on se rend compte que quelque 2 381 802 personnes les ont plébiscités. Si l'on considère que la population tunisienne est de presque 11 millions de citoyens, le nombre de voix qu'ont obtenues ces deux candidats ne représente même pas le quart de la population du pays.
Mais le comble, c’est que comme la majorité silencieuse des Tunisiens, ceux qui ne soutiennent ni Essebssi ni Marzouki se sont trouvés sans le vouloir mêlés à cette sale bataille que se livrent sans pitié et surtout sans morale, ces deux candidats finalistes pour arriver à Carthage.
Le problème, c'est justement, qu'au nom d'un quart à peine de la population, on a droit, nous autres à nous taper, les discours inadéquats pour ne pas dire extrémistes, voire pire, d'un candidat comme de l'autre.
Ce qui est dangereux, dans tout cela c'est qu'une partie de la population se livre bataille, et même une guerre acharnée et sans merci pour défendre son candidat favori, et près de 8 millions de citoyens sont laissés en marge et oubliés, dans ce vacarme de campagne électorale qui déchaîne les passions.
Aujourd'hui, la situation est plus que délicate. Elle est devenue explosive et n’importe quelle mèche peut allumer le pays et le diviser à cause de cette présidentielle et à cause surtout des déclarations et des prestations non seulement des deux candidats, mais surtout de leurs proches collaborateurs.
C’est pour cela que j’appelle M. Essebsi, leader du mouvement Nidaa Tounes, connu pour sa grande carrière politique et sa sagesse, et M. Marzouki, Président sortant et fervent militant des Droits de l'Homme, à cesser ces querelles que je qualifierai d'infantiles.
Quels que soient vos défauts, ça ne saurait cacher vos qualités en tant qu'hommes patriotes, leaders politiques dans le pays. Bien que je ne sois pas de vos sympathisants, je reconnais que vous avez su dans un passé proche éviter bien des problèmes à notre patrie par votre sagesse, votre raison mais aussi par la voie du dialogue et vous avez toujours mis en avant le bien oubliant et délaissant le moins bon.
C'est dans ce sens qu'il faut œuvrer et c'est dans ce sens que je vous adresse aujourd'hui cette lettre ouverte pour cesser de mettre de l'huile sur le feu.
Vous n'êtes pas seuls responsables mais les cadres de vos campagnes électorales respectives, vos militants, sympathisants et adhérents le sont aussi.
A ce propos, il n'est pas normal d'entendre des discours haineux, agressifs et arrogants tels que ceux tenus par Khemaïes Ksila, Lazhar Akermi ou encore Mondher Belhaj d’un côté, ou ceux d’Imed Daïmi, Tarek Kahlaoui ou encore Abdelwahab Maâtar de l’autre.
Sincèrement, ces « politiques » ont fait trop de mal non seulement au pays mais aux partis ou aux candidats qu’ils soutiennent et le meilleur est de les cacher. (D’ailleurs Nidaa Tounes semble l’avoir compris en lançant sur les plateaux de nouvelles figures telles que le « sudiste » Ben Omrane).
Il faut aussi que les deux directeurs de vos campagnes respectives, à savoir Messieurs Mohsen Marzouk et Adnène Mansar apprennent en premier à se retenir pour pouvoir encadrer les sorties médiatiques des autres. Il en va de votre image et de votre aura non pas auprès de vos militants et sympathisants mais auprès de tous les autres Tunisiens.
C'est un appel que je vous lance, en ce moment décisif et critique pour notre pays, afin d’assumer pleinement vos responsabilités pour sauver le pays.
Je vous invite, M. Essebsi et M. Marzouki à éviter la discorde, la division du peuple sous fond de régionalisme ou de quelque appartenance que ce soit, qu'elle soit géographique, idéologique, sociale ou culturelle. En définitive, il s'agit de Tunisiens. Oui nous sommes tous des Tunisiens assoiffés de retrouver notre pays et de renouer avec le sentiment de sécurité, de joie de vivre et de prospérité.
Et quoi qu'il en soit, que ce soit l'un ou l'autre qui passe à l'issue du second tour, il faut qu'il soit fédérateur, rassembleur pour être vraiment le Président de tous les Tunisiens.
Je vous respecte tous les deux, même si je n'ai voté pour aucun d'entre vous lors du premier tour. Messieurs, sauvez le pays de ces chamailleries dont nous nous passerons bien volontiers. A bon entendeur, salut!
Slim Maâtoug