Festival de Carthage- polémique sur les cachets : le débat est-il utile ?
Le directeur du Festival international de Carthage, Mokhtar Rassaa était tout fier de révéler, au cours d’une conférence de presse le programme de la 54ème édition qui démarre le 13 juillet par un spectacle « de Carthage à Séville » une création tunisienne signée Mohamed Lassoued.
Un programme éclectique, bien dosé entre récitals tunisiens et concerts internationaux pour le festival le plus ancien et le plus renommé de la Méditerranée, selon son directeur.
Mais si au niveau artistique, il n’y avait pas beaucoup à redire, c’est le montant des cachets des artistes moyen-orientaux qui a fait cette année polémique.
D’après le directeur de l’Office de promotion des festivals Chaker Chihi, les cachets de Kadhem Saher et Majda Roumi sont de l’ordre de 400.000 dinars chacun en devises bien évidemment quand celui de la diva tunisienne Amina Fakhet tout aussi élevé atteint les 175.000 dinars payés en dinars tunisiens. Le budget du Festival s’élève à 5,5 millions de dinars dont 2 millions octroyés par l’Etat, 1,2 millions provenant du sponsoring tandis que les recettes attendues de la billetterie varient entre 1,5 et 1,7 millions de dinars.
Les sommes ainsi jetées en pâture à la figure des Tunisiens ne peuvent que susciter une polémique sur l’opportunité de ce genre de dépenses au moment où les finances publiques connaissent des difficultés sérieuses et où les devises se raréfient du fait de la baisse des réserves de la Banque centrale conjuguées avec la chute du dinar par rapport aux principales devises, le dollar américain ou l’euro.
Le débat est certes utile et marque une prise de conscience des citoyens quant à l’état de leur pays, mais n’exagérons rien, ce ne sont pas des sommes d’un montant aussi peu élevé qui peuvent grever substantiellement les caisses de l’Etat, quand bien même ces sommes peuvent paraître hors de portée pour le commun des Tunisiens.
Car si cette logique est mise en œuvre beaucoup de dépenses doivent être suspendues et le pays va se recroqueviller sur lui-même. En ces temps de la mondialisation, de l’ouverture des économies les unes sur les autres et de la libéralisation du commerce et des services, cela n’est plus possible.
Faire attention à ne pas ouvrir les vannes pour des dépenses superflues dans des domaines divers et variés vaut mieux que de se polariser sur les cachets des artistes étrangers devant se produire dans les grands festivals internationaux en Tunisie, à Carthage, à Hammamet ou ailleurs.
La notoriété de ces grandes manifestations de renommée internationale ne peut être contrariée par des calculs de boutiquier et des économies de bout de chandelle.
Mais il n’en est pas de même lorsque certains hôtels ou autres organisateurs de concerts font appel à des artistes moyen-orientaux généralement sur le retour pour animer des soirées ou des cabarets pour des billets d’entrée hors de prix pour les bourses des Tunisiens même les plus fortunés.
Si pour les festivals ces dépenses sont justifiées, elles le sont moins ou pas du tout pour des soirées destinées à remplir les pistes de danse ou les grands restaurants chics.
Ainsi si le débat est utile, la polémique sur les cachets des artistes internationaux au Festival de Carthage n’a pas de raison d’être. Elle est inopportune et hors de propos.
RBR
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