Feuilleton syrien : « Ibtassem Ayouhal général » : Naissance de la première œuvre engagée arabe

Feuilleton syrien : « Ibtassem Ayouhal général » : Naissance de la première œuvre engagée arabe

C’est en Syrie. Non pas la Syrie connue. Mais une Syrie imaginaire qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Cham réel. Le feuilleton "Ibtassim ayouhal général", se présente légalement comme une fantaisie contemporaine, réellement comme une chronique de Palais et artistiquement comme un drame historique.

Le script semble précis et vif. La réalisation, soft. La grande histoire serait celle du pouvoir syrien. La petite, relate la lutte intestine entre deux frères pour le même pouvoir « syrien ».

L’amorce lève le voile sur une pirouette-limite d’un ex militaire, rebelle, qui crée un tollé lors d’une soirée mondaine d’officiels du régime. Il couronne son speech de bienvenue, par la liste d’ex-conquêtes parmi les épouses présentes…. Scandale qui fait tanguer le régime sur ses bases et déroule l’horreur quotidienne d’une Syrie tour à tour meurtrie et diffamée. L’histoire est connue, ressassée.

L’histoire ne se raconte, plus qu’elle ne se voit. La série feuilletonnante donne à voir ce qu’on connait sans voir, ce qu’on voit sans comprendre, ce qu’on comprend sans compatir.

Elle perce l’écran idéologique de médias aux ordres et aux désordres. Voir, comprendre, compatir. Le réalisateur Aroua Mohamed et le scénariste Samer Radhouane, entourés d’acteurs-opposants, font œuvre d’information et de résistance. La première montre, la seconde démontre.

Montrer la réalité, démontrer la vérité. Montrer le crime, démontrer le plan. Montrer Hafedh Assad, faire démonstration de sa responsabilité. Le pouvoir syrien serait déjà dans tous ses « Etats » ! Lui dont la désinformation est et restera le fondement stratégique, se trouve pour la première fois : vu, reconnu, inculpé ! Plus grave qu’un obus de mortier, un brulot médiatique.

Péril en la demeure. Avec peu de risque d’erreur, nous pouvons affirmer que la pléiade d’opposants, commettent là, la première œuvre engagée depuis la naissance du cinéma et de la télévision arabe. La seconde après Cheikh Imam, toutes expressions artistiques confondues.

Qu’à cela ne tienne. Connaissant la nature sanguinaire du régime syrien, ils s’exposent aux menaces les plus certaines, sans merci et sans délai.

Protester contre un régime dont les victimes se comptent par millions ; est en soi une œuvre d’art. Le faire si bien est un chef d’œuvre……

Bravo l’artiste

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