Fonction publique : pour corriger les idées reçues et les chiffres farfelus
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Notre ami Hafedh Ateb, enseignant chercheur et spécialiste en statistiques a publié un texte sur sa page Facebook sur l’effectif de la fonction publique en Tunisie qui, selon lui n’est pas aussi élevé qu’on le pense.
Tout d’abord, écrit-il, il faut distinguer la « fonction publique » du « secteur public » qui comprend, en plus de la fonction publique, les Epnass (Etablissements Publics à caractère Non Administratifs, comme, par exemple: ATFP, ANETI, ANPE, ATCT, CREDIF, INS, ONFP, INM, APII, etc ....), et les Entreprises publiques dont les agents ne sont pas des fonctionnaires mais sont régis par des statuts particuliers.
• L’effectif actuel de la fonction publique est de 638 000 fonctionnaires. Il était de 490 000 en 2010, soit une augmentation nette de 148 000 fonctionnaires en sept ans, donc une cadence nette annuelle de 18 500 fonctionnaires supplémentaires (ce qui correspond à 2 fois et demi -2,5 fois- la cadence annuelle d’avant le 14 janvier 2011).
Ces créations (nettes) dans la fonction publique entre 2011 et 2018 représentent 67% des créations nettes globales, tous secteurs publics et privés confondus (contre 13% seulement pour le quinquennat [2006 :2010]).
L’effectif actuel des fonctionnaires est ventilé comme suit : 38,4% pour les secteurs éducation-enseignement supérieur-jeunesse, 26,7% pour les militaires et les forces de l’ordre, 12,6% pour la santé, 5,4% pour les collectivités locales (municipalités), 4,3% pour l’agriculture, etc …
Le nombre de fonctionnaires a augmenté de 30,2% entre 2010 et 2018. Ce qui correspond, compte tenu des départs (retraite, décès, …) à 259 000 recrutements (bruts), dont 97 000 (38%) ont eu lieu au cours des années 2012 et 2013, mais aussi 49 000 (19%) en 2011.
Faisons une comparaison avec la situation dans d’autres pays.
• Prenons d’abord le critère : « nombre de fonctionnaires rapporté à la population active occupée (c’est-à-dire, l’ensemble des travailleurs) :
Cela donne : 18% pour la Tunisie, autrement dit : (moins d') 1 travailleur sur 5 exerce dans la fonction publique. C’est à peu près la même proportion qu’au Canada (18%), au Royaume Uni (18%), en Algérie (20%) ou en France (21%). Mais, la plupart des autres pays se situent à des niveaux bien moindres, sans pour autant être sous-administrés : Allemagne 11%, Espagne 13%, Etats-Unis 14%, Italie 14%, Autriche 16%, Suisse 10%, Japon 7%, Corée du Sud 7% et Maroc 9% (toutefois, ce chiffre est « biaisé » puisqu’au Maroc, on ne comptabilise pas les militaires, les gendarmes et les agents des EPA parmi les fonctionnaires). Moyenne OCDE : 15,5%. Seuls les pays du nord de l’Europe se démarquent par une proportion plus élevée que celle de la Tunisie ; Norvège 30%, Suède 26% et Finlande 23%.
• Maintenant, voyons ce que l’on obtient si l’on rapporte l’effectif de la fonction publique à la population totale :
On compte en Tunisie 1 fonctionnaire pour 18 habitants. Seuls le Japon (1 pour 37), le Maroc (1 pour 38, cf. remarque au paragraphe précédent) et la Corée du Sud (1 pour 59) font mieux. La Tunisie est au même niveau que l’Allemagne, l’Espagne, la Suisse ou l’Italie. Mais notre taux (poids des fonctionnaires dans la population totale) est meilleur que d’autres pays tels que : l’Australie (1 pour 12), le Canada (1 pour 10), les EU (1 pour 14), le RU (1 pour 11), la France (1 pour 12), et bien sûr les pays du nord de l’Europe (entre 1 pour 7 et 1 pour 10).
CONCLUSION : On constate ainsi que l’effectif de la fonction publique en Tunisie est élevé, mais ce n’est pas aussi catastrophique qu’on le dit. Le problème n’est donc pas un problème d’effectif.
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