France: Face à l'embrasement, le gouvernement durcit le ton

France: Face à l'embrasement, le gouvernement durcit le ton

Le gouvernement français cherchait, ce vendredi, une sortie de crise tandis que des violences urbaines ont éclaté pour la quatrième nuit consécutive après la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué à Nanterre par un tir de policier.

Les autorités ont durci le ton et annoncé le déploiement d'importants moyens après une nouvelle réunion de la cellule interministérielle de crise à la mi-journée au ministère de l'Intérieur, présidée par Emmanuel Macron, qui a écourté sa présence au sommet européen de Bruxelles.

Parmi les mesures annoncées, le ministère de l'Intérieur a demandé aux préfets l'arrêt des bus et tramways à partir de 21h00 dans tout le pays et déployé 45.000 gendarmes et policiers sur le terrain vendredi soir, soit 5.000 de plus que la veille.

Interrogé sur un possible déclenchement de l'état d'urgence, Gérald Darmanin a réitéré la position de la Première ministre Elisabeth Borne plus tôt dans la journée, à savoir qu'aucune hypothèse n'était écartée.

"On n'écarte aucune hypothèse et nous verrons après la nuit de ce soir ce que le président de la République choisira", a-t-il dit sur la chaîne télévisée.

De son côté, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a annoncé pour sa part avoir pris une circulaire pour demander aux procureurs d'énoncer des "peines sévères" à l'encontre des émeutiers, "notamment pour ceux qui s'en prennent à l'intégrité physique des policiers".

Le ministre a également appelé à la "responsabilité des parents" vis-à-vis des mineurs, ajoutant qu'ils pourront être poursuivis pénalement en cas de graves manquements à leurs obligations parentales.

Réseaux sociaux

Éric Dupond-Moretti a par ailleurs demandé aux procureurs de se tourner vers les réseaux sociaux comme Snapchat, accusés de servir à l'organisation des rassemblements, afin d'établir l'identité des personnes qui y échangent des lieux de rendez-vous.

Pour lutter contre les appels à la violence en ligne, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a réuni les représentants des réseaux sociaux Meta, Twitter, Snapchat et TikTok pour leur rappeler "leur responsabilité quant à la diffusion de ces publications", indique Beauvau dans un communiqué.

Il leur a demandé de "s'engager activement pour retirer les messages qui leur sont signalés et identifier les utilisateurs (...) qui participent à la commission d'infractions, et de répondre promptement aux réquisitions des autorités administratives et judiciaires".

Fait rare, les joueurs de l'équipe de France sont sortis de leur réserve vendredi pour lancer un appel au calme, relayé notamment par Kylian Mbappé sur Instagram.

"Dans ce contexte d'extrême tension, nous ne pouvons rester silencieux et notre conscience citoyenne nous incite à appeler à l'apaisement, à la prise de conscience et à la responsabilisation", peut-on lire dans le communiqué.

Concerts annulés

La préfecture de police de Paris a autorisé la captation, l'enregistrement et la transmission d'images au moyen de drones dans plusieurs communes des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis, deux départements particulièrement touchés par les émeutes, jusqu'au samedi 1er juillet 2023 à 6h00 (4h00 GMT).

Emmanuel Macron a également annoncé à l'issue de la cellule de crise, l'annulation de plusieurs évènements festifs et rassemblements dans les départements les plus sensibles.

Les concerts de la chanteuse Mylène Farmer, prévus dans la soirée et samedi soir au Stade de France, ont ainsi été annulés, a fait savoir la préfecture de la Seine-Saint-Denis.

Une manifestation était a eu lieu en fin d'après-midi sur la place de la Concorde à Paris, malgré un arrêté préfectoral y interdisant les rassemblements.

A Marseille, de nouvelles violences ont éclaté et des personnes ont pillé une armurerie du centre-ville. Des armes de chasse auraient été dérobées, mais aucune munition, a déclaré le préfecture, qui a ajouté qu'un individu a été interpellé à proximité avec un arme.

Des véhicules blindés de la gendarmerie ont été déployés dans l'agglomération lyonnaise pour lutter les troubles à l'ordre public a déclaré sur Twitter la préfète de région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a fait état peu avant minuit de 31 interpellations à Lyon.

Embrasement

Le gouvernement redoute un embrasement similaire à celui de 2005 et des émeutes qui avaient touché les quartiers populaires partout dans le pays durant trois semaines à la suite de la mort, à Clichy-sous-Bois (Seine Saint Denis), de deux adolescents électrocutés à l'intérieur d'un poste électrique alors qu'ils cherchaient à échapper à un contrôle de police.

Le gouvernement de l'époque, sous la présidence de Jacques Chirac, avait déclaré l'état d'urgence. L'instauration de ce dispositif exceptionnel, décidée par décret en conseil des ministres, permet notamment au ministre de l'Intérieur et aux préfets d'interdire des manifestations et rassemblements sur la voie publique et de fermer certains lieux publics.

Les violences urbaines qui ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi ont donné lieu à 917 interpellations en France par les forces de l'ordre, dont un tiers de mineurs.

Des scènes de pillages et de violences ont été observées à Paris, en Ile-de-France ainsi que dans des villes de province comme à Marseille (Bouches-du-Rhône), Bordeaux (Gironde) ou encore Roubaix (Nord).

Le procureur de la République de Rouen, a confirmé à France Bleu Normandie le décès d'un homme d'une vingtaine d'année après une chute d'un toit de l'ancien supermarché Lidl du Petit-Quevilly (Seine-Maritime), mais a précisé qu'il n'y avait pour l'instant pas de lien avec les violences urbaines.

Un homme, qui se trouvait sur son balcon, aurait été tué à Cayenne, en Guyane, dans la nuit de jeudi à vendredi par une "balle perdue" destinée à la police, a par ailleurs déclaré à Europe 1 le préfet de Guyane, Thierry Queffelec.

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