France : Il y a 40 ans la Gauche a pris le pouvoir...Qu’en reste-t-il aujourd'hui?

France : Il y a 40 ans la Gauche a pris le pouvoir...Qu’en reste-t-il aujourd'hui?

La journée du 10 mai 1981 a été une des plus belles de ma vie, politiquement parlant. Enfin un président de gauche !

Un merveilleux souvenir et un choc émotionnel très fort au moment de l'apparition de la photo du président Mitterrand à 20 heures... J'avais 25 ans, je militais à gauche, et l'impression de renaître en politique. Nous attendions ce vent de liberté depuis des années.
En deux ans de temps, le citoyen a récolté plein d'acquis dans tous les domaine de la vie:

< Le plus beau est l'abolition de la peine de mort.

< La décentralisation où les conseils régionaux, les départements et les mairies ont plus de responsabilités de proximité délégués et financés par l'état centralisé,

Des acquis sociaux

< La durée du travail est réduite à 39 heures en 1982,

< La carte des transports publics remboursée à 40% du prix payé,

< La cinquième semaine de congés payés,

< La retraite à 60 ans, une mesure récemment effacée par Nicolas Sarkozy et jamais rétablie par François Hollande qui a enterré le Parti socialiste de Mitterrand,

< Les lois Auroux sur le droit du travail :

Renforcer le droit d’expression des salariés, doter le comité d’entreprise d’un budget de fonctionnement, créer le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ainsi que le droit de retrait.

Les Nationalisations et l’ISF

< Nationalisations de cinq grands groupes ainsi que 36 banques et les compagnies financières Paribas et Suez qui évitaient la faillite à ces groupes.

< Création en 1982 d'un impôt sur les grandes fortunes (ISF) effacé par le banquier actuel Emmanuel Macron.

Sur le plan culturel et audiovisuel

< Cet homme de culture a également autorisé les radios locales privées. "Président bâtisseur" d'un nouveau Paris, il a mené au long de ses 14 ans de règne de grands travaux : Grand Louvre, avec la pyramide de Pei, Opéra Bastille, Arche de la Défense, Cité des sciences et de l'industrie, et grande bibliothèque baptisée François-Mitterrand.

< Amateur de livres et de littérature, il avait fixé dès 1981 le prix unique du livre, avec la loi Lang,

< Lancement de la fête de la musique devenue une fête mondiale,

< Légalisation des radios libres.

Puis 1983 est arrivé pour fermer complètement ce chapitre et enterrer le programme commun et les 110 propositions. La désillusion, le manque de courage et la dérive que l’on qualifiera de parenthèse engagée par Jacques Delors et finaliser par Pierre Bérégovoy qui a fini par le désastre électoral de 1995. Cette parenthèse libérale n'a jamais été fermée jusqu'à nos jours.

La Politique libérale de rigueur mise en œuvre a boosté d'une manière forte la construction de l’Europe libérale et marchande de nos jours où le progrès social est complétement banni. Le libéralisme est devenu le fondement des grandes instances mondiales, comme l'OMC ou le FMI qui par leur supranationalité échappe à toute légitimité démocratique. Il est le seul modèle enseigné dans les grandes écoles où aucune autre vision n'est étudiée. Il est la seule logique des grandes entreprises et du capitalisme et tend à devenir la seule référence des gouvernements, de droite comme de gauche. Présenté comme loi naturelle, le libéralisme devient alors intouchable, ce qui lui permet d'échapper aux aléas électoraux du jeu démocratique.

Danielle Mitterrand écrivait : 

"Après 1981, je demandais à François Mitterrand :

-Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ? Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. 

J’ai appris ainsi qu’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant quatorze ans. En France, on élit, et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu. La France est-elle une démocratie ? Une puissance mondiale ? Je le dis en tant que Française : cela ne veut rien dire."

Aujourd'hui nous savions que les années qui ont suivi nous ont repris l'espoir d'une autre république sociale et d'un monde meilleur. Nous avons appris que ceux que le peuple de Gauche et de progrès qui a voté massivement pour le Parti Socialiste lors des législatives en lui donnant une majorité confortable n’a pas pris le pouvoir.Ceci illustre fort bien l'impuissance de celles et ceux qui sont nos élus sans appui de la société mobilisée pour réussir.

La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain : elle attire l'attention sur ce qui ne va pas.

Qui a donné cette renaissance de l'extrême droite qui ne cesse de progresser depuis 1986 sous le premier mandat de François Mitterrand ? C'est la politique libérale démarrée en 1983 et son cortège de misères sociales avec l’explosion du chômage et le renoncement à une politique de Gauche qui a paupérisé une grande majorité des gens.

Critiquer pour critiquer fait le jeu des fachos La seule issue est politique en proposant un vrai programme social et écologique dans un état et une Europe qui protègent tant attendu par les français qui subissent depuis 30 ans les affres du libéralisme et dernièrement la crise sanitaire qui n’a fait que paupériser plus la grande majorité.

Le 10 Mai 1981, la fête à la Bastille jusqu’à l’aube restera jusqu'au dernier jour un souvenir impérissable en attendant que le temps des cerises revienne !.

Abdessatar Klai

 

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