Gaza : crimes de guerre dans l'impunité internationale la plus totale
" Si une génération meurt, une autre la remplacera. Les Palestiniens se sont toujours sacrifiés, dans la lutte pour leurs droits.
Les années passent et la situation se détériore. Il est loin le temps où la Palestine faisait la une de nos journaux et monopolisait les débats internationaux. Le sort des Palestiniens n’intéresse désormais plus grand monde. Pourtant la violence quotidienne de l’occupation et de la colonisation israélienne à l’encontre des Palestiniens n’a jamais été aussi forte.
Dans un contexte international et israélien propice à la colonisation et à l’occupation, les colons israéliens croient tout permis. La violence qu’ils opèrent à l’encontre des Palestiniens est quotidienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est : violences psychologiques et physiques, incendies de maisons et de biens, attaques contre des voitures, destruction d’oliviers ou de cultures, harcèlement… Les attaques et intimidations de colons visent à empêcher les Palestiniens de cultiver ou de rester sur leurs terres, facilitant les procédures de confiscation de ces terres par l’armée israélienne. Cette situation permet ensuite au gouvernement israélien d’y construire de nouvelles colonies ou d’agrandir celles existantes.
Un vrai carnage
Depuis le début lundi de ce nouveau cycle de violences, 126 Palestiniens en grande majorité des civils, dont 31 enfants, ont été tués dans la bande de Gaza, et plus de mille personnes ont été blessées. Ces bombardements étaient complètement fous, comme dans les jeux vidéo. C'était un vrai film d'horreur.
L'armée israélienne passe à une vitesse destructive sans équivalent. Les palestiniens n'ont jamais rien vu de pareil...Il parait que l'état-major est hors de lui-même : il reproche à Netanyahu (tenez-vous bien) "d'avoir été si indulgent avec Gaza pendant ces dernières années et d'avoir laissé faire". Il parait aussi que l'opération terrestre est un vrai échec et qu'il va donc falloir intensifier davantage les raids aériens.
Le bureau de l'ONU rapporte que 40% de la bande de Gaza s'est transformé en "no man's land". Les Israéliens dépeuplent littéralement la frontière nord de de la bande de Gaza. Plus de 160.000 personnes ont été placées dans des refuges et des abris de fortune. Ils ne savent pas où aller.
"Je n'ai jamais vu autant de dégâts, de destructions, je n'ai jamais vu autant de sang", s'émeut le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour Israël et les territoires occupés
Les origines de l’escalade
Plusieurs éléments sont à l’origine de cette escalade. Le point culminant réside dans un plan méthodique pour effacer toute référence arabe, islamique et chrétienne dans Jérusalem-Est. Mais aussi un changement démographique par la force. C’est la mémoire palestinienne qui est visée. Les provocations quotidiennes, les expulsions forcées d’habitants du quartier Shaikh Al-Jarrah et les violations répétées de l’esplanade des Mosquées par les extrémistes juifs soutenus par les forces de l’ordre ont créé un sentiment d’injustice et d’humiliation. Enfin, le refus des Israéliens d’autoriser des élections à Jérusalem-Est est perçu comme une autre humiliation par les Palestiniens désireux de se doter de nouvelles instances démocratiques et s’exprimer sur leur projet politique.
Netanyahu un criminel de guerre
Le premier ministre israélien a prévenu que l'opération militaire se poursuivra jusqu'à ce qu'elle ait atteint son objectif ». Douze personnes sont mortes à Gaza dimanche. Quel est son objectif final ? Effacer Gaza de la carte ? La vider de sa population en organisant l'exodus des palestiniens en boat peoples vers une destination encore inconnue.
Les territoires palestiniens sont au bord de l’explosion. La poursuite des attaques sur Gaza et la mort de civils vont être un élément décisif dans les nouvelles mobilisations. Le contexte a évolué et les moyens de résistance ont changé. Les cailloux ont fait leur temps. Ils laissent la place à des missiles. Le soutien militaire immédiat des fractions palestiniennes de Gaza à la résistance des habitants de Jérusalem est probablement une nouvelle forme d’intifada.
Les accords d’Abraham n’ont rien fait
Les récents affrontements entre Israéliens et Palestiniens font clairement état qu’il n’y a pas de « paix» ou de « nouveau Moyen-Orient », comme le prétendait l’ancien président américain Donald le 15 septembre 2020, alors qu’il était fier de ses réalisations en matière de politique étrangère –lors de la signature d’accords d’Abraham pour normaliser les relations entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn. « Après des décennies de division et de conflit, nous célébrons l’aube d’un nouveau Moyen-Orient », a déclaré M. Trump lors d’une cérémonie à la Maison Blanche. Ces accords serviront de base à une paix globale dans toute la région.
Huit mois plus tard, dit l’auteur de cette vantardise semble plus risible aujourd’hui qu’elle ne l’était à l’époque. Le chaos sanglant reste toujours le même. Les accords d’Abraham n’ont rien fait pour résoudre les conflits sous-jacents au Yémen, en Syrie, en Libye, en Cisjordanie et dans les territoires palestiniens occupés.
« Même ceux qui soutiennent Israël doivent reconnaître que la cause immédiate de l’escalade actuelle est la poursuite de la prise de terres par Israël à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, ce que Trump a beaucoup fait pour l’encourager avec son soutien indéfectible » à son collègue populiste de droite, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.. Plus de 9 200 maisons israéliennes ont été construites en Cisjordanie pendant les années Trump en l’absence de protestation de Washington. En raison de ne pas essayer de freiner l’expansion israélienne, comme l’ont fait les anciens présidents américains, Trump a imprudemment reconnu l’annexion du plateau du Golan par Israël et la coupure de l’aide aux Palestiniens.
Les colons israéliens de droite tentent maintenant d’évacuer d’autres familles palestiniennes de leurs maisons à Jérusalem-Est en disant que les maisons appartiennent à des propriétaires juifs qui ont été dépouillés de leurs biens pendant la guerre de 1948. Netanyahu a essayé de le dépeindre comme un différend foncier normal dans lequel la Cour suprême d’Israël se prononcera.
Les Palestiniens considèrent les expulsions imminentes comme faisant partie d’un plan israélien visant à vider les habitants arabes de Jérusalem-Est, et ainsi elle ne pourra jamais être la capitale d’un futur État palestinien. Une fois de plus, Trump a aggravé les choses en reconnaissant la souveraineté israélienne sur l’ensemble de Jérusalem quand il a déplacé l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à la Ville Sainte.
Netanyahu est maintenant jugé pour corruption et conserve fermement son poste de Premier ministre par intérim. Il n’a pas été en mesure de remporter la majorité en quatre élections en moins de deux ans, mais refuse obstinément de démissionner. La nouvelle bataille avec les Palestiniens pourrait être une aubaine pour lui parce qu’elle a retardé les négociations entre les membres arabes de la Knesset et son adversaire Yair Lapid et Naftali Bennett pour former un gouvernement.
La communauté internationale a laissé faire Netanyahu
Les éruptions de violence de 2006, 2008, 2012 et 2014 étaient toutes, directement ou indirectement, liées à l'enfermement des Gazaouis. Un état qui remonte à la première guerre du Golfe en 1991. C'est à cette date que les Palestiniens de Gaza ont perdu le droit de circuler librement.
Toutes les trêves négociées par le passé ont comporté des clauses de levée ou d'allègement du blocus, comme la réouverture du terminal de Rafah, avec l'Égypte, ou l'élargissement de la zone de pêche. Et toutes ont été ignorées, partiellement ou entièrement, par Israël et son allié égyptien. Celle qui est en cours d'élaboration ne fera pas exception. Je soutiens ce peuple résistant qui se bat tout seul pour son indépendance et sa liberté. Les Palestiniens vont arriver sans ces pions de gouvernements arabes qui utilisaient depuis plus de 70 ans cette carte pour leurs intérêts privés. Ils comptent sur leurs propres forces et tant mieux. Les négociations sous l'égide des USA est une mascarade qui dure depuis 20 ans et qui a remmené 600 000 nouveaux colons. Il faut aller jusqu’au bout et il y' aura une sortie.
A quoi ont servi tous les accords et les trêves signées sous l'égide de l'Égypte. A rien car Israël ne les applique pas et personne ne branche surtout pas l'Égypte d'hier et d'aujourd'hui. L'internationalisation est un objectif louable.
La communauté internationale s’est détournée du conflit. Elle s’est dérobée de ses responsabilités en laissant un grand boulevard à Netanyahou. Le chef du gouvernement sortant s’inscrit dans une configuration dominée par l’extrême droite et les ultras religieux qui exigent l’annulation des droits des Palestiniens.
Il est consternant que l'Union européenne, les pays européens et en particulier la France puissent encore tolérer, de la part des autorités de Tel Aviv, un tel mépris du droit et une telle volonté de poursuivre la spoliation du peuple palestinien, l'occupation militaire de la Palestine et le blocus de Gaza.
Face à ce conflit sans fin, le mieux que l’administration du président Joe Biden puisse faire est d’essayer de réduire les tensions et de négocier un cessez-le-feu. Un bon début pourrait être de rouvrir un consulat américain à Jérusalem-Est pour communiquer avec les Palestiniens. Bien que les perspectives de succès des pourparlers de paix soient encore loin, au moins le président Biden n’exacerbera pas le conflit comme Trump l’a fait.
Aujourd’hui il y a deux voies possibles : il y a celle de la résignation et de la soumission à un ordre mondial injuste et meurtrier et il y a celle de la résistance et de la solidarité entre les peuples. En Palestine occupée, le peuple Palestinien est toujours debout, uni depuis près de soixante-treize ans contre l’infernale machine de guerre coloniale israélienne qui tue et détruit toujours. Contre un colon criminel hors la loi.
" Si une génération meurt, une autre la remplacera. Les Palestiniens se sont toujours sacrifiés, dans la lutte pour leurs droits. " me disait un ami palestinien. Les évènements d’aujourd’hui lui donnent raison.
Il est temps que l'ONU et la communauté nationale agissent pour une vraie paix juste et durable avec deux états viables et vivant en sécurité.
Abdessatar Klai
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