Gaza: L'ONU condamne des frappes israéliennes sur un camp de déplacés à Rafah

Gaza: L'ONU condamne des frappes israéliennes sur un camp de déplacés à Rafah

Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a condamné lundi « les frappes aériennes israéliennes de la nuit dernière qui ont touché des tentes de personnes déplacées dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, et qui ont tragiquement entraîné la mort de plus de 35 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, et des dizaines de blessés ».

« Alors que Tsahal (armée israélienne) a déclaré avoir frappé une installation du Hamas et tué deux militants de haut rang du Hamas lors de ces frappes, je suis profondément troublé par la mort de tant de femmes et d’enfants dans une zone où les gens ont cherché refuge », a ajouté M. Wennesland dans un communiqué de presse.

Le haut responsable onusien a appelé les autorités israéliennes à mener « une enquête approfondie et transparente sur cet incident, à demander des comptes aux responsables de tout acte répréhensible et à prendre des mesures immédiates pour mieux protéger les civils ».

Il a réitéré l'appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu immédiat et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.

Ces derniers développements interviennent alors que la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné vendredi à Israël de mettre fin à son offensive, évoquant un « risque immense » pour les centaines de milliers de Palestiniens réfugiés à Rafah, la partie la plus méridionale de la bande de Gaza. 

« Les images d’enfants et de familles brûlés nous choquent tous »

Le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, a exprimé lundi son horreur face aux nouvelles pertes de vies civiles à Gaza, après les frappes aériennes israéliennes sur le camp de personnes déplacées à Rafah.

« Les images du camp sont horribles et ne montrent aucun changement apparent dans les méthodes et moyens de guerre utilisés par Israël qui ont déjà conduit à tant de morts de civils », a déclaré M. Türk dans un communiqué de presse. « La frappe de dimanche souligne une fois de plus qu’il n’y a littéralement aucun endroit sûr à Gaza ».

« Ce qui est choquant, c’est qu’en frappant une telle zone, densément peuplée de civils, le résultat était tout à fait prévisible », a ajouté le Haut-Commissaire, qui a appelé Israël « à cesser son offensive militaire dans le gouvernorat de Rafah, comme l'a ordonné la Cour internationale de Justice (CIJ) ».

Selon la cheffe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), « les images d’enfants et de familles brûlés émergeant de tentes bombardées à Rafah nous choquent tous ».

« L’assassinat d’enfants réfugiés dans des tentes de fortune est inadmissible. Depuis plus de sept mois, nous assistons à cette tragédie qui a fait des milliers de morts et de blessés parmi les enfants. Il faut un cessez-le-feu immédiat, la libération inconditionnelle de tous les otages et la fin du massacre insensé d’enfants », a affirmé sur X, la Directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell.

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a également jugé « horribles » les informations provenant de Rafah sur de nouvelles attaques contre des familles dans un camp de déplacés du sud de la bande de Gaza.

« Des rapports font état de victimes en masse, parmi lesquelles des enfants et des femmes. Gaza est l’enfer sur terre. Les images d’hier soir en sont un autre témoignage », a estimé l'UNRWA.

Selon le dernier bilan du ministère de la Santé de Gaza mentionné par les médias, ces frappes aériennes israéliennes ont fait 45 morts et 249 blessés.

Une frappe « menée contre des cibles légitimes », selon Israël

De son côté, l’armée israélienne affirme avoir frappé un complexe du Hamas dans lequel opéraient, selon elle, « d’importants terroristes », dont deux responsables du mouvement en Cisjordanie.

« La frappe a été menée contre des cibles légitimes au regard du droit international, grâce à l’utilisation de munitions précises et sur la base de renseignements précis », a-t-elle assuré dans un communiqué. 

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L’UNRWA note qu’elle n’a pas encore établi de ligne de communication avec ses équipes déployées sur le terrain. « Nous ne sommes pas en mesure de confirmer leur localisation et sommes extrêmement inquiets pour leur bien-être et celui de toutes les personnes déplacées qui s’abritent dans cette zone », a fait valoir l’agence onusienne, relevant qu’« aucun endroit n’est sûr et personne n’est en sécurité » dans l’enclave palestinienne.

« Des enfants tués pendant leur sommeil »

Une porte-parole de l’UNRWA a noté que « tout le monde vit dans la terreur absolue ». « Des familles - des enfants - sont tués pendant leur sommeil. Les gens meurent de faim », a réagi sur le réseau social X, Louise Wateridge. 

« Vous avez peut-être vu des vidéos montrant les horreurs de la nuit dernière à Rafah. C’est le cauchemar récurrent des habitants de la bande de Gaza depuis plus de sept mois », a-t-elle dit. 

Pour sa part, le Directeur pays et Représentant du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) dans les Territoires occupés de Palestine fait état de l’épuisement des gens et des enfants de la bande de Gaza.

« Tout le monde attend désespérément la fin de cette guerre. Notre capacité à continuer à aider les gens se détériore chaque jour. Il faut que cela cesse », a dit sur X, Matthew Hollingworth.

Une « atrocité monstrueuse »

Après cette frappe à Rafah, les réactions internationales se multiplient. C’est le cas de la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé, qui a qualifié l’attaque israélienne de « nouvelle horreur », « provoquant l’incendie de tentes en plastique et brûlant tragiquement des personnes vivantes ».

« Cette cruauté, ainsi que le mépris flagrant du droit et du système internationaux, sont inacceptables », a déclaré Francesca Albanese, dans un post sur X. Cette situation « ne cessera pas facilement sans pression extérieure : Israël doit faire face à des sanctions, à la justice, à la suspension des accords, du commerce, du partenariat et des investissements, ainsi que de la participation à des forums internationaux ».

De son côté, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit au logement a demandé que des mesures soient prises à l’encontre d’Israël à la suite de sa dernière attaque contre des Palestiniens déplacés à Rafah.

« Attaquer des femmes et des enfants alors qu’ils sont recroquevillés dans leurs abris à Rafah est une atrocité monstrueuse. Nous avons besoin d’une action mondiale concertée pour mettre fin aux actions d’Israël maintenant », a affirmé dans un message sur X, Balakrishnan Rajagopal.

Les retards dans l’acheminement de l’aide se poursuivent

Sur un autre plan, les humanitaires de l’ONU ont insisté sur le fait que la famine est toujours un danger quotidien pour la population de Gaza.

Cette mise en garde intervient alors que les livraisons d’aide vitale ont presque totalement cessé depuis que l’armée israélienne s’est emparée du point de passage de Rafah entre l’Égypte et Gaza au début du mois, en réponse à une attaque à la roquette contre le point de passage de Kerem Shalom le 5 mai, qui a entraîné la mort de quatre soldats israéliens.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a confirmé que la réception et l’acheminement de l’aide dans l’ensemble de la bande de Gaza se heurtaient à de graves difficultés, faisant état de retards fréquents, de contrôles arbitraires et de restrictions d’accès de la part des autorités israéliennes.

Pressions sur les missions d’aide

Entre le 1er et le 23 mai, 31 missions d’aide se sont vu refuser l’accès et 40 ont été entravées, notamment par « des retards importants, la détention de travailleurs humanitaires, des tirs de sommation et l’avortement forcé de missions officiellement approuvées », a déclaré l’OCHA dans un message sur X dimanche.

« Si la nourriture et les fournitures humanitaires ne commencent pas à entrer massivement à Gaza, le désespoir et la faim se répandront », a également averti le PAM lundi, après que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exprimé son inquiétude quant au fait que l’opération humanitaire était « proche de l’effondrement ».

« Le Secrétaire général souligne que les autorités israéliennes doivent faciliter la collecte et la livraison en toute sécurité des fournitures humanitaires en provenance d’Egypte et entrant à Kerem Shalom pour ceux qui en ont besoin », a déclaré dans un communiqué dimanche le porte-parole du chef de l’ONU après l’annonce du passage d'aide humanitaire d’Egypte à Gaza via Kerem Shalom ce jour-là.

« Le Secrétaire général réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages pour mettre fin aux souffrances des civils », a indiqué le communiqué, ajoutant que M. Guterres avait été « consterné » par l’absence de mise en œuvre des récentes décisions de la Cour internationale de justice (CIJ) concernant la situation à Gaza.

« Les décisions de la Cour sont contraignantes », poursuit le communiqué.

Les handicapés craignent d’être les premiers à être tués

Sur un autre plan, des experts indépendants de l’ONU estiment que les personnes handicapées à Gaza sont placées dans une situation de détresse extrême, s’attendant à être les premières et les prochaines à être tuées en raison des possibilités limitées de fuir ou de participer aux évacuations du fait de leur handicap.

Dans une déclaration publiée ce lundi, le Comité des droits des personnes handicapées des Nations Unies (CDPH) souligne que l’absence d’avertissement préalable dans des formats accessibles, associée à la destruction des réseaux de communication, a rendu l’évacuation impossible pour les Palestiniens handicapés.

« La destruction massive des habitations et des infrastructures civiles et les décombres qui en résultent ont réduit toute possibilité de mouvement essentiel pour fuir, évacuer et chercher une protection », a déclaré le Comité.

Les enfants handicapés courent un risque accru de séparation familiale, et leurs souffrances sont insoutenables, a averti le Comité. Il indique avoir été choqué par le récit d’une jeune fille de 14 ans atteinte d’infirmité motrice cérébrale, réfugiée à Rafah Est, qui avait perdu ses appareils d’assistance, notamment un fauteuil roulant, lors d’attaques militaires et qui avait donc dû être portée par ses parents lors de sa fuite du nord au sud de la bande de Gaza.

Le Comité est alarmé par l’impact disproportionné sur les personnes handicapées de la destruction des hôpitaux, de la coupure des services essentiels, des restrictions ou de l’absence d’accès à l’aide humanitaire.

 

 

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