Guerre contre la corruption, réussir sinon ce serait la déliquescence de l’état !

Guerre contre la corruption, réussir sinon ce serait la déliquescence de l’état !

 

 

 « Au banquet de la corruption, l'or vaut plus que la foi ! » Jacques Brillant

Neuf mois après son arrivée à la tête du gouvernement, Youssef Chahed le chef du gouvernement d’union nationale qu’on disait faible et timoré et en grande difficulté vient de renverser la table en lançant sa croisade « les mains propres contre la mafia tunisienne et la corruption ».  Il a relancé son action et son avenir politique en jouant cette ultime carte contre la corruption et l’économie parallèle.

La corruption un vice aussi vieux que la nature humaine

La corruption est un vice aussi vieux que la nature humaine. La corruption est l'utilisation abusive d'un pouvoir reçu par délégation à des fins privées comme l'enrichissement personnel ou d'un tiers (famille, ami...). Elle consiste, pour un agent public, un élu, un médecin, un arbitre sportif, un salarié d'entreprise privée..., à s'abstenir de faire, de faciliter quelque chose, du fait de sa fonction, en échange d'une promesse, d'un cadeau, d'une somme d'argent, d'avantages divers...

La corruption s'attaque aux fondements des institutions démocratiques en faussant les élections, en corrompant l'État de droit et en créant des appareils bureaucratiques dont l'unique fonction réside dans la sollicitation de pots-de-vin. Elle ralentit considérablement le développement économique en décourageant les investissements et en plaçant les petites entreprises dans l'impossibilité de surmonter les « coûts initiaux » liés à la corruption. Elle dégrade la qualité de vie et favorise la criminalité organisée, le terrorisme et d’autres menaces pour la sécurité humaine. Elle contribue à l’instabilité et à la pauvreté et constitue un facteur dominant qui conduit les États fragiles à la déliquescence.

La corruption un énorme défi pour la Tunisie.

Les gouvernements successifs d’après le 14 janvier 2011 ne sont pas parvenus à endiguer ce fléau destructeur qui dépouille l’économie tunisienne de plus de 2% de son PIB.

Au lendemain de la chute de Ben Ali, les nouveaux partis comme le CPR, Ettakatol  et Ennahdha s’étaient emparés du sujet, pratiquant, à coups d’accusations tonitruantes, infondées et farfelues, une surenchère autour de la question pour gagner les élections de 2011. Une fois les élections gagnées, au pouvoir, ces partis n’ont rien fait. Ils n’ont rien obtenu comme résultats concrets en matière de bonne gouvernance, de transparence et de lutte contre la corruption. Rien n’a changé la situation s’est plutôt empirée.

Plus de six ans après, la corruption continue ainsi de faire rage et semble même s’être généralisée, comme si l’instabilité sociopolitique de la transition démocratique l’avait nourrie. Six ans après, un nouveau phénomène la petite corruption est en train de se propager de façon exponentielle au point de devenir une mentalité socioculturelle qu’il est impossible d’éradiquer. Il devient vital pour la survie du pays de mener un combat sans merci contre ce cancer afin de mettre fin à ce phénomène dangereux et mortel à la longue pour l’état.

Combien ça rapporte à la mafia ?

D'après une estimation de la Banque Mondiale, le commerce illégal transfrontalier avec la Libye représente plus de la moitié du commerce officiel avec ce pays. L’illégal avec l’Algérie est  supérieur à l’officiel. L’ensemble dépasse le 1,8 milliard de dinars. Pis, les pertes en matière de droits de douane sont estimées à plus de 12% des recettes douanières soit 1 200 millions de dinars. Des chiffres qui font froid au dos : 73% des pneus, 80% des climatiseurs et 380 millions paquets de cigarettes par an, distribués et vendus en Tunisie, proviennent de la contrebande et du commerce parallèle ! Un manque à gagner pour le budget de l'État considérable. La réduction de cette économie informelle à des niveaux plus modestes est une nécessité. Elle passera surtout par une formalisation de ses composantes les plus vulnérables et une lutte sans merci contre ses têtes de réseaux mafieuses.

D’après Ouided Bouchemmaoui, « ce fléau est un véritable cancer qui se propage à un rythme soutenu. Il ne cesse de s'étendre en termes de géographie et en matière de produits. Pour certaines activités, des entreprises formelles ont totalement disparu et des emplois décents perdus. Les tunisiens sont unanimes pour dire que les corrompus d’autrefois sont des enfants de chœur devant les nouveaux sangsues issues de la révolution ».

Youssef Chahed et son opération « Mani Pulite », la dernière bouée de sauvetage

La Tunisie a déclaré la guerre au terrorisme. Elle devrait en faire autant avec la corruption. L’un et l’autre sont liés au commerce informel – plus de 50 % de notre PIB – et obèrent l’économie du pays. Si cette opération « Mani Pulite » menée par le gouvernement échoue, nous risquons à ce rythme de dériver vers un État mafieux, comme dans certains pays occidentaux, comme l’Italie ou encore l’Amérique Latine. Il faut qu’il y ait une volonté politique basée sur des actes et non de simples paroles dans la lutte contre la corruption.

Neuf mois après son arrivée à la tête du gouvernement, Youssef Chahed le chef du gouvernement d’union nationale qu’on disait faible et même démissionnaire suite aux derniers évènements de Tataouine où il était chassé par les manifestants lors de sa visite officielle, vient de renverser la vapeur en lançant sa croisade « les mains propres contre la mafia tunisienne et la corruption ». Ainsi il a repris  la main dans un contexte très difficile.

Les investigations des autorités auraient abouti à des preuves sur l’implication de plusieurs hommes d’affaires controversés et contrebandiers présumés dans les manifestations de Tataouine, au Sud tunisien. Des arrestations de gros bonnets ont ainsi été déclenchées sur la base « d’indications prouvant leur implication dans des infractions susceptibles de menacer dangereusement la sécurité et l’ordre public ». Une source auprès de la présidence du gouvernement  a averti que « Toute intervention au profit de ces individus ou des personnes arrêtées, récemment, dans le cadre de l’opération anticorruption, expose son auteur à des poursuites judiciaires ». Ainsi l’engagement est total et aucun retour vers l’arrière ou concession ne sont possibles.

Chahed : L’État est là...

L’état est là ! C'est le message que veut faire passer Youssef Chahed, après cette première vague d’arrestations dans les milieux corrupteurs et mafieux.   La déclaration du chef du gouvernement Youssef Chahed traduit toute la volonté et la portée de cette campagne en affirmant : « c’est soit la corruption soit l’Etat. Nous n’avons d’autres choix que de combattre la corruption. Comme tous les Tunisiens, j’ai choisi la Tunisie. Le gouvernement est en train d’assumer ses responsabilités. Nous mènerons la guerre contre la corruption jusqu’au bout ».

Cette décision courageuse vise surtout à imposer l’autorité de l’Etat, de la loi et à lutter contre la corruption et le terrorisme, de manière à satisfaire les revendications populaires récurrentes dans ce sens. Youssef Chahed a marqué des points et a gagné l’adhésion et l’estime de la grande majorité des Tunisiens, il n'en est qu'au tout début d'un long combat du, difficile et compliqué.

Un combat pour la survie de l’état et de son économie

Chawki Tabib, a fait savoir « que si l’Etat mobilise un budget de 100 millions de dinars (MDT) au profit de l’Instance et il peut gagner 10 milliards de dinars par an, sous forme de revenus directs alimentant le budget de l’Etat ». Cette première opération « Mains propres » lui donne complétement raison.

Le Président de la Commission de confiscation des biens relevant du ministère des Affaires foncières et des Domaines de l’Etat, le juge Mounir Ferchichi, a annoncé la confiscation des biens des hommes d’affaires suspects arrêtés.

Des experts économiques estiment les montants confisqués par l’Etat tunisien aux barons de la corruption et de la contrebande à 2 milliards de dinars tunisiens. Ce montant soulagera le budget de l’Etat, dont le déficit dépasse 7%. Il pourra couvrir presque 60% de la dette extérieure de la Tunisie ou réduire de moitié les demandes de financement faites auprès du FMI, de la Banque mondiale et des autres bailleurs de fonds internationaux.

Une étude de l’Institut Arabe des Chefs d'Entreprises a montré qu’un assainissement immédiat des pratiques commerciales peut revigorer l’économie qui peut obtenir 5 points de croissance dans l’année qui suit et un point supplémentaire pendant les 5 années à venir. Cette croissance est bénéfique pour l’emploi et le niveau de vie des Tunisiens.

Grand élan de soutien à Youssef Chahed

Excédés par l’ampleur du phénomène de la corruption qui s’est propagée d’une façon exponentielle après la révolution, les Tunisiens ne veulent plus que les passe-droits, la contrebande et les détournements de fonds publics se poursuivent et en font de ce combat l’une des premières priorités de l’action gouvernementale. L’enthousiasme suscité, le degré élevé de soutien populaire  et la renaissance de l’espoir témoignent de la gravité de la situation et de la propagation  de ce cancer qui gangrène la Tunisie.  

Du citoyen  en passant par les partis politiques, les députés, l’armée, l’UGTT, l’Utica, les associations, les médias et les institutions étatiques ont tous apporté leur soutien sans aucune hésitation à cette opération qui vise à remettre le respect de l’autorité de l’état e à sa juste place. Cette campagne a bénéficié d’un appui populaire et politique sans précédent et a permis de renforcer la confiance des Tunisiens dans l’appareil de l’Etat et ses institutions.

A part quelques sons de cloche discordants de la part de certains partis d’opposition ont critiqué le premier ministre et son action.  Adnene Mansar, secrétaire général du parti de Moncef Marzouki,  Tounes Al Irada le front de refus par excellence , dans un post sur sa page Facebook a qualifié cette campagne contraire à la constitution et que l’arrêt des corrupteurs et contrebandiers est une séquestration illégale de personnes. Nous pouvons appliquer à cette opposition systématique ce que Alphonse Karr le romancier et journaliste français écrivait « l'opposition systématique se donne bien garde de demander quelque chose qu'elle pourrait obtenir, car alors il lui faudrait être contente ; et être contente pour l'opposition, c'est cesser d'être ». C’est le front du refus !

L’Etat tunisien joue, en ce moment-même sa survie. La lutte contre la corruption est l’axe fondamental de la réussite de la transition démocratique tant voulue par le peuple Tunisien. Aucune avancée ne saurait se réaliser sans l’assainissement de l’économie de la corruption et de la contrebande, des pratiques d’enrichissement frauduleux dans un climat de réelle transparence condition sine qua non d'un retour de la confiance dans la Tunisie de la part des investisseurs et des bailleurs internationaux.

Le citoyen Tunisien demande en priorité le respect de l’autorité de l’état et de ses lois par tous sans exception. Il veut que la corruption et l’impunité soient bannies à jamais afin d’assurer complètement la construction d’un état de droit juste et une répartition équitable des richesses pour mieux vivre.  

La lutte contre la corruption n’est pas uniquement le travail d’un gouvernement mais de toutes les composantes de la société qui exige un changement de mentalité de chacun des citoyens pour réaliser les objectifs du 14 janvier 2011 « Dignité, Liberté, Egalité, Justice sociale » qui sont restés au stade du slogan.

Allez de l'avant Mr le premier Ministre, cherchez toujours plus haut, vous trouverez la réussite et peut être la gloire. Ne décevez pas les Tunisiens et poursuivez la lutte contre la corruption jusqu’au bout. Le message des citoyens est clair : «Erakh lé  الرخ لا» (pas de recul). Avec la force du peuple tout est possible.

« Au banquet de la corruption, l'or vaut plus que la foi ! », comme le rappelait Jacques Brillant. Eradiquons cette grave maladie, C'est une œuvre de salubrité publique.

A.Klai

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