Habib Essid dans la situation de Michel Rocard
La situation du chef du gouvernement Habib Essid rappelle, toutes proportions gardées, celle du Premier Ministre français Michel Rocard. C’est l’homme le plus haï par Mitterrand parce que son rival au sein du parti socialiste. Pourtant ce dernier, réélu en 1988 est obligé de le nommer à Matignon, car dans la tradition de la Vème République le premier Premier ministre du mandat s’impose au Chef de l’Etat du fait des alliances qu’il doit faire au sein de sa famille pour gagner les élections. Rocard met en place sa politique surtout sur les plans économique et social. Cela ne plait pas à Mitterrand qui à la fin montre des signes qu’il veut se séparer de Rocard. Celui-ci ignore les signaux qu’on lui envoie. Mitterrand s’impatiente. Enfin il convoque le premier ministre et lui dit tout de go qu’il attend sa démission. Rocard rentre à Matignon et ignore l’injonction du président. Celui-ci lui envoie un motard avec une note lui demandant instamment de démissionner. Rocard, en désespoir de cause finit par faire porter sa lettre de démission à l’Elysée. C’était le 15 mai 1991.
Tirant la leçon, Mitterrand demandera aux successeurs de Rocard de lui donner une lettre de démission non datée. Mitterrand nomme Edith Cresson alors ministre des affaires européennes dans le gouvernement sortant. C’est la première femme Premier ministre en France. Elle est jusqu’ici l’unique. Mais c’était un choix malheureux, puisqu’elle n’a pas tenu le coup. Elle a été évincée moins d’une année plus tard, en avril 1992. Mitterrand nomme alors Pierre Bérégovoy. Mais la gauche perd les élections législatives de 1993. Edouard Balladur lui succédera. Bérégovoy se suicide le 1er mai 1993 un mois après avoir quitté son poste.
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