Il est grand temps que tout Tunisien puisse disposer de devises
La fuite de capitaux représente un problème systémique qui a perduré, aussi bien durant la dictature que durant la transition démocratique. C’est un des principaux facteurs qui ont freiné le développement de la Tunisie. Des montants faramineux échappent aux caisses de l’État, pendant que le pays traverse une crise de surendettement.
L’État se retrouve ainsi privé de ressources essentielles pour assurer ses approvisionnements et honorer ses engagements envers ses bailleurs de fonds. Il est difficile de parler du marché parallèle de devises sans évoquer Ben Guerdane.
Au fil des années, cette ville s’est érigée en tant que carrefour central de l’économie transfrontalière. Ben Guerdane c’est une zone franche non légalisée. La marchandise passe par Ben Guerdane et remonte vers la capitale en passant par le Sahel. C’est aussi une place financière, c’est là-bas que l’on collecte les devises pour financer la marchandise qui transite par cette zone. C’est Ben Guerdane qui assure le cash.
Quand les obus commenceront à tomber sur Tripoli, il s’agira pour tous les agents de ce secteur d’une manne du ciel et ils imploreront Dieu pour que cela se prolonge le plus longtemps possible.
La réglementation des changes ne remplit plus le rôle pour lequel elle a été créée, notamment éviter la fuite des capitaux et mettre fin au développement du marché parallèle. Des réformes structurelles sont nécessaires pour faire avancer la Tunisie et la réglementation des changes en est une. Il est temps que les Tunisiens auront le droit d’ouvrir des comptes en devises.
Cette réforme si elle est doublée d’une amnistie pénale et fiscale, permettrait de ramener des devises vers le circuit formel, à renflouer les réserves de la BCT, à stabiliser le taux de change et à promouvoir les investissements directs étrangers, qui ne peut qu’être bénéfique pour tous.
Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
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