Ils appellent leur fils « Jihad », la mairie refuse de l’enregistrer

Ils appellent leur fils « Jihad », la mairie refuse de l’enregistrer

 

Un couple de Haute-Garonne a décidé de nommer son fils né en août « Jihad ». Ce choix controversé a été signalé au procureur de la République, qui devra trancher.

Dans un contexte marqué par le terrorisme, appeler son fils « Jihad » peut sembler douteux. C’est pourtant le prénom choisi par des parents habitant Léguevin (Haute-Garonne), à l’ouest de Toulouse. L’enfant a été déclaré à l’état-civil, mais la mairie de Toulouse a effectué un signalement au procureur de la République, qui devra décider si le petit garçon doit changer de nom.

Contrairement aux idées reçues, le mot « Jihad » ne veut pas dire « guerre sainte », mais « effort », « lutte », « abnégation », voire « résistance ». Ce prénom arabe, peu usuel en France, est d’ailleurs inscrit à l’état-civil. Abderrahmane Oumachar, cofondateur du Centre Toulousain de la Spiritualité Musulmane, a éclairci l’étymologie de ce mot.  « Le Jihad est une notion fondamentale en Islam. Elle a été faussement traduite par guerre sainte dans notre imaginaire collectif et dans les esprits de certains courants violents…C’est une forme d’exigence à l’égard de soi et d’excellence dans la façon d’être. Cela n’a donc rien à voir avec l’image véhiculée par les médias et pratiquée par des criminels se réclamant de l’islam ».

Le prénom « Jihad » n’a pas pour vocation de faire l’apologie du terrorisme. Cependant, il pourrait porter préjudice à l’enfant, en suscitant des incompréhensions qui nuiraient à son intégration. Or, la loi est très claire à ce sujet. L’article 57 du code civil précise que le prénom d’un nouveau-né doit être choisi « dans l’intérêt de l’enfant ». Ce sera donc à la justice de décider si le prénom "Jihad" est trop difficile à porter et pourrait gêner l’épanouissement de l’enfant.À l’étranger aussi, la justice intervient pour interdire des prénoms. Sans surprise, en 2002, un couple allemand s’est vu refuser le droit de donner le prénom Oussama Ben Laden  à leur fils. De la même manière, en 2009, des parents du New Jersey (États-Unis) n’avaient pas pu baptiser leur fils Adolf Hitler.

 

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