Immigration clandestine : Kerkennah le fief des passeurs ?
Le drame du naufrage de l’embarcation des migrants qui a chaviré samedi soir au large des côtes de Kerkennah continue à alimenter la polémique surtout que le bilan ne cesse de s’alourdir d’une minute à l'autre.
Comme à l’accoutumée, des dizaines de personnes ont perdu la vie dans la plus grande indifférence. Des hommes, mais aussi des femmes, des enfants et même des handicapés qui voulaient partir vers "l’Eldorado" en espérant fuir des conditions de vie difficiles, voire inhumaines et qui souhaitaient juste pouvoir vivre dans la dignité, en sécurité et s’offrir un avenir meilleur.
Mais ils étaient pris au piège de ce réseau de trafiquants de Kerkennah qui ont trouvé en ce genre de passages de la mort de migrants clandestins vers l’Italie un « business» très juteux.
D’ailleurs, le fait que la majorité des drames survenus dernièrement en mer Méditerranée au départ de la Tunisie, avait comme point de départ Kerkennah prouve que ce type de phénomène n'est plus exceptionnel ou isolé, et qu’il s’agit d’une tendance réelle et durable dans l’archipel.
Kerkennah est en effet presque devenue depuis des années une zone « hors-la-loi » contrôlée par des clans de mafieux, de bandits et de "syndicalistes" sans scrupules qui imposent leur loi. Surtout en l’absence presque totale de tout contrôle des autorités qui n’ont jamais pris les mesures nécessaires pour faire face à ce fléau et arrêter ces anarchistes.
Et il est inutile de rappeler, dans ce sens, comment ces clans se sont opposés au mois d'avril 2016 au redéploiement des forces de sécurité dans l’archipel arrivant même à incendier les postes de police et à jeter en mer les véhicules sécuritaires, pour justement continuer à profiter de l’anarchie, à organiser ces passages de la mort vers l’Italie et à dicter leurs lois aux sociétés énergétiques implantées dans la région.
Pour revenir au dernier drame du samedi 2 juin 2018, tout portait à croire qu’il était inévitable, puisque les mafieux passeurs ont entassé plus que deux cents personnes dans une embarcation de fortune de neuf mètres qui ne pouvaient contenir que 30 personnes au maximum.
Il semblerait qu’ils étaient presque convaincus que cette embarcation vieille et inadaptée ne pouvait pas rallier Lampedusa et qu’elle allait sombrer en mer à cause de la surcharge.
Mais le plus important pour eux c’était de collecter le maximum d’argent (2600 à 3000 dinars par personne) et de trouver un Rais (capitaine) aventurier capable d’amener ces personnes qui croient que la traversée va être rapide et facile, le plus loin possible vers les côtes italiennes.
Avant bien sûr de les abandonner face à leur destin tragique en pleine mer tout en s’assurant sa propre opération de sauvetage et celle de ses collaborateurs.
Face à ce nouveau drame et puisque tout le monde à Mellita et à Attaya connait les méthodes et l’identité des criminels organisateurs de ces traversées de la mort, il est temps que l’Etat intervienne pour combattre ces réseaux de trafiquants d’êtres humains, remettre de l’ordre dans cette superbe île de Kerkennah et y imposer sa loi.
Votre commentaire