Je ne suis pas Amazigh !

Je ne suis pas Amazigh !

Par Jamel HENI

Kamel Daoued ne se sentait ni arabe ni pro-palestinien, en pleine guerre de Gaza, messires ! Il ne se vit reprocher ni le ton ni le jour choisi.  Un jour sanglant. Un ton mesquin. La lâcheté dans ses bottes, la lâcheté des rescapés.

C’est son affaire, me diriez-vous. Daoud, le roi Daoud peut se lâcher à tout moment. Gaza ou pas. La conscience ne frappe pas à la porte. Mais, moi ! Moi qui ne me sens ni Amazigh ni neutre, puis-je m’encanailler un coup ! Me lâcher ! Que je me lâches ! Et je me verrai reprocher le ton et le jour choisi. Un jour de paix, un ton soporifique. Neutre. La neutralité dans ses bottes.

Eh bien, je me lâcherai, petites  canailles. Que les redresseurs de torts, aillent remonter les bretelles « neutres » au roi Daoud. Moi. Je m’encanaillerai  parce que la conscience ne frappe pas à la porte. Je me lâcherai parce qu’il n’est jamais bon ni opportun de heurter la sensibilité de la minorité ! La majorité, elle, est faite pour encaisser. Un sac à frappe.

Je ne me sens pas Amazigh

Je ne suis pas Amazigh. Je ne me sens pas amazigh, je ne me suis jamais senti amazigh.  D’autres ne se sentent pas Arabes. Je dirais  ce que je ressens, rien de moins. A moins de m’obliger à mentir, je ne suis pas Amazigh. Je n’en ressens ni  la nécessité ni la réalité.

Je ne crois pas à l’élément ethnique pur.  Je ne crois pas aux identités à la carte, aux identités à la carte, aux identités rationnelles. Je n’ai pas choisi mon  père ni ma  langue. Je les ai  «  constatés », puis aimés, et pas qu’un peu mais passionnément,  d’une passion aveugle, génétique!

Les français, les juifs nés à Tunis, eux aussi, ne se sentent pas Amazighs! Je suis né d’un père provincial, basané, sémi-lettré. Il parlait l’arabe, un arabe paysan, bourré de métaphores et d’écholalies, un arabe fongeux, virginal, pauvre, de cette pauvreté raffinée propre aux bédouins, un arabe utilitaire, et donc beau.

D’un coup et sans autre forme de procès, je me sentais arabe. Je n’avais besoin de rien d’autre pour vivre. Un père et une langue. Une mère et un toit. Mon identité était faite. Je n’avais nul besoin de la refaire pour éviter de l’assumer. Je n’avais point besoin de la refaire pour éviter de la porter. Je n’avais point  besoin de la refaire pour éviter de l’aimer. Et puis pourquoi, je le devrais ? Je n’ai rien choisi. Dois-je me rendre à tous les conquérants ?  Jouer à l’hydre de Lerne ! Je ne vais pas « m’expliquer » !

 L’identité « rationnelle »

L’injection de la doctrine dans l’histoire est une extension du domaine du fashisme. L’histoire n’est pas l’identité et l’identité n’est pas la superposition des figures d’occupants et d’indigènes, n’est pas l’addition arithmétique des cultures d’occupants et d’indigènes! N’est pas un catalogue ethnique……

L’identité n’est pas du domaine de l’acquis mais bien de l’inné, elle ne procède de l’histoire savante mais bien de la génétique, nous ne sommes pas une succession, une juxtaposition, un recueil, nous sommes une unité, l’alchimiste !  

L’identité est le produit non linéaire d’un processus irrationnel. Et toute rationalisation a posteriori, toute historiographie doctrinaire, toute histoire de chancellerie,  relève du révisionnisme le plus équivoque.

On peut détester ce que l’on est, on peut avoir une liberté d’opinion sur soi! Mais l’identité,  elle n’est pas une opinion! L’histoire est autre paire  de manche. Guère un déni.  

D’ailleurs lorsqu’un révisionniste, prétend refaire l’histoire, il ne s’attaque pas aux fables amazighs, il s’en prend la légende arabe. Revisite la conquête arabe, et point les réalisations numides, renie la science arabe, et guère la sagesse berbère! Tout cela, parce qu’il est habité par l’élément arabe dont il veut se débarrasser! On ne peut « dénier » ce qu’on n’est pas. Seul son déni prouve l’identité ! De son déni renaît l’identité ! Heureuse ou malheureuse, là n’est pas la question…..Sincèrement, Bon idh Yennayer…….

 

J.H.

 

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