JTC 2024 : Un Voyage Initiatique avec Full Moon de Josef Nadj

JTC 2024 : Un Voyage Initiatique avec Full Moon de Josef Nadj

La salle de l’Opéra à la Cité de la Culture a vibré hier sous les rythmes envoûtants de Full Moon (Pleine Lune), la nouvelle création magistrale du chorégraphe Josef Nadj.

Présentée dans le cadre de la section Théâtre du Monde des Journées Théâtrales de Carthage (JTC), cette œuvre a transporté les spectateurs dans un voyage initiatique, plongeant aux racines de la danse et des rythmes du jazz.

Un hommage à l’Afrique, berceau de la danse

Full Moon réunit sur scène sept danseurs issus de divers pays africains. Avec des corps en constante exploration, ils revisitent les origines de la danse, avant même l’apparition de la danse contemporaine et des rythmes jazz. Pieds nus et torses dénudés, les danseurs incarnent une énergie brute, empreinte de sacralité, que chaque mouvement, chaque cri, chaque grimace amplifie.

Le spectacle débute dans une simplicité primitive. Les danseurs, accompagnés par un personnage énigmatique, un homme blanc en costume avec le visage masqué, explorent les gestes ancestraux, hérités des rituels et des traditions chorégraphiques de leurs pays d’origine. Ce personnage, symbole à la fois de l’histoire coloniale et de l’héritage du jazz, agit comme un fil conducteur entre les dimensions culturelle et historique de la performance.

Une fusion musicale et cathartique

La musique, omniprésente, joue un rôle central dans cette œuvre. Les percussions africaines se mêlent aux sonorités syncopées du jazz : claves, cuivres et cymbales dessinent une trame sonore à la fois rythmée et émotionnelle. Les spectateurs sont immergés dans une ambiance tellurique, où les corps des danseurs deviennent de véritables instruments.

Josef Nadj utilise la danse comme une catharsis collective. À travers une série de tableaux chorégraphiques, Full Moon explore le mouvement individuel et collectif, tout en célébrant la force libératrice de l’art. Les tremblements des genoux, les mouvements saccadés, les éclats de voix et les regards hypnotiques créent une énergie viscérale qui enveloppe le public pendant une heure sans interruption.

Un questionnement sur l’histoire et l’identité

Au-delà de la beauté visuelle et sonore, Full Moon se veut une réflexion sur les origines du jazz, né de la rencontre entre la musique africaine et européenne à travers l’esclavage. Nadj interroge les blessures du passé, rappelant les millions d’Africains arrachés à leur terre pour devenir esclaves dans les plantations américaines.

La progression scénique illustre ce voyage historique. Commencée dans une nudité symbolique, la performance se termine avec les danseurs vêtus de costumes et portant des masques similaires à celui de l’homme blanc. Ce changement marque l’assimilation culturelle post-esclavage, tout en laissant des liens intacts avec la terre, incarnés par les pieds nus des danseurs.

Un éloge au métissage et à l’humanité

Full Moon est une ode à la culture africaine et à la richesse du métissage. Par son authenticité et sa puissance évocatrice, cette œuvre dépasse les frontières de l’art pour réaffirmer notre humanité commune. Josef Nadj célèbre les différences et montre que l’art est une force universelle de libération, de mémoire et d’affirmation.

En inscrivant ce spectacle dans la programmation des JTC 2024, l’événement confirme son rôle de plateforme pour les expressions artistiques du monde, mettant en lumière la diversité culturelle et les récits universels.

Full Moon, avec sa poésie corporelle et musicale, reste une invitation à se reconnecter à l’essence même de l’humanité, où le mouvement devient langage et la scène, un miroir de l’âme collective. Une expérience transcendante à la hauteur des promesses des Journées Théâtrales de Carthage.

Naira HORRICHE

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