La Bourse de Tunis Vs Ticad 8 ?
Par Mahjoub Lotfi BELHEDI
On est seulement á une année grégorienne de la TICAD 8, un évènement majeur qui pourra servir de fortifiant efficace contre l’état d’hibernation prolongé de notre économie…
Outre, les pistes alternatives proposées dans mon article intitulé « TICAD 8 : une opportunité unique à ne pas rater ! » et au regard du panel sectoriel directement concerné par les travaux de cette conférence internationale, on est surpris par l’absence de l’acteur boursier du menu principal de la TICAD 8 bien qu’il représente l'un des secteurs majeurs de financement des économies partout au monde !
En dépit des réformes multiples entreprises sur le marché financier tunisien :
-Sur le plan réglementaire (sous l’impulsion de la loi du 14 novembre 1994) en préconisant une nette séparation entre les fonctions de contrôle et de régulation de la bourse conférées au CMF et les missions afférentes à sa gestion et à sa promotion entièrement dévolues àla BVMT.
-Sur le plan institutionnel via la création d’un dépositaire centrale chargé des opérations de livraison-règlement (l’ex- STOCODEVAM, l’actuel Tunisie Clearing), d’un Fonds de Garantie de Marché, d’une Association des intermédiaires en bourse etc et le compartimentage de la bourse en deux marchés, respectivement le marché de la cote avec ses subdivisions (marché principal / marché alternatif / marché obligataire) et celle du marché hors cote.
-Sur le plan de diversification d’indices boursiers, on a passé de l’indice général de la BVMT aux indices TUNINDEX / TUNINDEX. 20 / TUNBANK
-Sur le plan technologique marqué par l’introduction de la cotation électronique au sein de la bourse à partir de 1996 (Supercac – Unix)
Il s’est avéré par la suite que ce montage aux multi-strates n’a pas abouti à un meilleur concours de la BVMT au financement de l’économie tunisienne et par la suite à l’émergence de la bourse de Tunis sur sa sphère régionale et continentale.
Ce constat d’échec pour les uns, de mi-figue mi-raisin pour d’autres, tenait à des raisons explicitement circonscrites par l’étude de l’IACE ayant pour titre : « La bourse des valeurs mobilières de Tunis : repères de gouvernance et piste de résilience pour un meilleur financement de l’économie ».
Au delà de nombreuses carences et dysfonctionnements relevées par cette fameuse étude, il est fort utile de rappeler que les différentes places financières, abstraction faite de leurs tailles respectives (s’il sagit d’une place financière puissante, émergente ou en voie d'émergence) accordent au réseautage inter-boursiers une place de choix dans leurs stratégies d’ingénierie financière donnant lieu, dans la plupart des cas, à des alliances capitalistiques solides et pérennes !
En s’alliant à ce flot boursier de réseautage envahissant et irréversible, la bourse de Tunis évolue prudemment en privilégiant l’outil de mémorandums (généralement dépourvu d’une force exécutoire contraignante) passés avec de nombreuses places financières (EURONEXT depuis 1996, les bourses d’Alger, de Casablanca et de Douala en 2014, le Nasdaq de Dubaï en 2017 etc.)…
A l’occasion du TICAD 8, la BVMT aura une chance de donner une nouvelle impulsion à ses activités, à élargir sa cartographie de coopération avec l’une des places financières les plus puissantes au monde et à se faire rayonner sur son environnement régional et continental.
A ce titre, en tant qu'institution privée chargée de la gestion et surtout de la promotion de la bourse, la BVMT est appelée à négocier un rapprochement fluide et opérationnel avec la bourse de Tokyo, aux modalités incarnant parfaitement l’esprit d’une coopération boursière triangulaire entre Japon - Tunis - Afrique.
Certes, une fois amorcé, ce processus de rapprochement sera constamment balisé par voie d’une vision géoéconomique japonaise aux identifiants mutualistes et consensuels (voir mon article cité en haut) et fortement soutenu par une structure patronale locale très vivace, en l’occurrence, la Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Japonaise (CCITJ).
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