La dernière carte à jouer en Ukraine...

La dernière carte à jouer en Ukraine...

Par Mahjoub Lotfi  BELHEDI
Universitaire, spécialiste en questions stratégiques

 
 Pour commencer …

Au cours de l’une de ses plus fortes allocutions, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti « qu’il faut limiter les risques d’escalade en Ukraine. Car le monde se dirige les yeux grands ouverts vers une guerre plus large » tout en estimant que « Les perspectives de paix ne cessent de se réduire. Les risques d’une escalade et d’un carnage supplémentaires ne cessent d’augmenter » suite à « l’absence de "vision stratégique" des décideurs politiques, et leur "penchant" pour les actions de court terme » …

L'ex-président russe et l'actuel vice-président du puissant conseil de sécurité Dimitri Medvedev  a révélé  sur son compte télégramme que « L'idée même de châtier un pays qui a le plus grand arsenal nucléaire au monde est absurde en soi. Et cela crée potentiellement une menace pour l'existence de l'humanité »…

Le  directeur de la CIA, William Burns, a déclaré que l’Amérique prenait au sérieux la menace d’une utilisation par la Russie de l’arme nucléaire tactique, « compte tenu de ses revers militaires » en Ukraine et au cas où « le président Poutine deviendrait désespéré »…

Les scientifiques/administrateurs de « l'horloge d'apocalypse » prévoient que le monde est seulement à 90 secondes de l'heure symbolique de minuit (la fin emblématique des temps).

Pour  finir…

En l'absence d'une vision stratégique de paix,  l'humanité risque fort de s'enfoncer dans un marécage apocalyptique  caractérisé par des opérations chirurgicales nucléaires dites «tactiques» orchestrées par les Etats puissants contre les pays dépourvus de parapluie nucléaire,  de facto, le concept de « dissuasion nucléaire » en terre ukrainienne se trouve dépouiller de toute signification doctrinale et effective en faveur d'une éventuelle action nucléaire russe dite « tactique » !? 

A titre de rappel, le basculement  des termes de gravitation au sein du couple Dissuasion / Terreur a été  expérimenté à Hiroshima et à Nagasaki au cours de la seconde guerre mondiale,  alors rien n'empêche qu'il se reproduit aujourd'hui portant,  cette fois-ci,  une signature terrifiante russo/soviétique !

Vu le déséquilibre – qu’en le veuille ou non - dans les rapports de force entre les deux belligérants,  le fait de miser sur «une guerre d'usure» contre la Russie est  une réflexion doublement suicidaire à État Ukrainien et à l’édifice même de l'union européenne fortement conditionné par des opinions publiques disparates et déferlantes.

Bien que tous les chemins de guerre en Ukraine mènent inévitablement à un enfer nucléaire, il ne reste plus à exaucer les vœux d’une  «  vision stratégique » du secrétaire général des nations-unis qu'une seule et ultime carte à jouer, à  savoir, l’emprunt de la voie de conciliation et de médiation. 

Le dénouement d’une telle dynamique dépend : 

1- d’une prise de conscience des parties directement ou indirectement impliquées dans cette guerre (OTAN &  Compagnies notamment) que l'ADN  impérial et soviétique du système politique russe ne permet en aucun cas l'hypothèse d’une défaite  même au prix d’un recours  à  l'arme nucléaire .

2- d’un ordre du jour de négociation réaliste et réalisable vibrant autour des grands axes/ éventualités suivantes : 
-    le report de toute négociation portant sur la question d'annexion de la Crimée, 
-    le retrait  des forces russes des régions sud de l’ukraine (Kherson & Zaborijia précisément), 
-    la mise sous tutelle onusienne (conseil de tutelle des nations-Unis) de la région de Dombass jusqu’à l’organisation d’un référendum compatible aux normes internationales décidant le sort définitif de cette région,
-    la co-gestion commerciale du port de « Marioupol » sous la supervision de l’Organisation Maritime Internationale (OMI),
-    etc. 

Et ce avant qu’il soit trop tard !

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