La nécropole punique oubliée et négligée à Kerkouane

La nécropole punique oubliée et négligée à Kerkouane

Le lancement officiel de la 34e édition du Mois du Patrimoine s’est déroulé en grande pompe le samedi dernier au site archéologique punique de Kerkouane classé au patrimoine mondial.

La cérémonie d’ouverture du Mois du Patrimoine a été marquée par la présentation d’un spectacle intitulée « La Dame de Kerkouane », mêlant théâtre, musique, danse, chant en langue punique et narration, le tout enrichi par des technologies numériques et des effets lumineux, dans une reconstitution de la vie quotidienne des habitants de la ville de Kerkouane, tout en évoquant les attaques et destructions subies au fil de l’histoire.

La cérémonie s’est déroulée en présence de la ministre de la Culture, Mme Amina Srarfi, qui a souligné que le choix du site de Kerkouane pour donner le coup d’envoi du Mois du Patrimoine visait à mettre en valeur la richesse du patrimoine mondial que possède la Tunisie. Elle a également invité non seulement à visiter ces sites, mais aussi à développer autour d’eux des activités culturelles, artistiques et même économiques, afin de mieux les faire connaître tant au niveau local qu’international, en particulier puisqu’il s’agit là d’un repère historique et patrimonial d’une grande valeur pour l’humanité.

Cependant, malgré l’importance de l’événement et le choix judicieux du ministère d’initier ce mois à Kerkouane, ville portant l’empreinte de l’une des plus anciennes civilisations, représentée par ce village punique inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986, nous aurions espéré que cette occasion soit également saisie pour faire connaître la nécropole punique, quasiment oubliée, et œuvrer à la sauver de la négligence et de l’oubli.

Alors que les vestiges de Kerkouane sont bien connus, accessibles et visibles aux visiteurs, la nécropole punique, lieu de repos des dirigeants, chefs et habitants de cette cité antique, rattachée au site archéologique, reste ignorée. Il n’existe aucune signalisation ni panneau explicatif indiquant sa localisation, son importance ou sa valeur historique.

La raison principale de cet abandon réside probablement dans l’état du chemin qui y mène, long d’environ un kilomètre et demi, non goudronné, non aménagé, et même dépourvu d’un simple sentier rural permettant aux visiteurs de l’atteindre facilement.

Ce chemin est également sans éclairage, sans panneaux de direction, et lors de la visite de la ministre, il était dans un état catastrophique à cause des pluies qui se sont abattues sur la région lors du week-end dernier, comme l’attestent les photos prises sur place le samedi dernier.

Il est à noter que cette nécropole contient encore des tombes non ouvertes, et semble receler de nombreux trésors archéologiques encore inexploités...

Ainsi, après avoir manqué cette opportunité de sensibiliser la ministre à l’importance de ce site et à la nécessité d’aménager la route qui y mène, nous lançons aujourd’hui un appel à toutes les autorités concernées : les ministères de la Culture et du Tourisme, l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine, le gouvernorat de Nabeul, ainsi que la municipalité de Dar Allouch, afin de relier cette nécropole au site archéologique, d’aménager la voie d’accès et de valoriser ce patrimoine oublié pour le préserver.

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