La Tunisie est prête pour la croissance selon OBG
L'économie tunisienne est partie pour jouir d'une longue période de croissance, selon les déclarations récentes du
Fonds Monétaire International et un rapport réalisé conjointement par la Banque Africaine de Développement et l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques. Cependant, les deux rapports en question ont insisté sur la nécessité d’endiguer le déficit de la balance courante tout en gardant le rythme des réformes, afin de permettre au pays de tirer pleinement avantage des ouvertures économiques a court et a moyen terme.
Dans sa dernière déclaration sur l'économie, effectuée à la mi-juin dans le cadre de la Consultation au titre de l’article IV avec la Tunisie, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé que le produit intérieur brut (PIB) du pays croîtrait probablement de presque 4% cette année, alors que ce chiffre était à 3.1% en 2009.
Les statistiques établies à la fin mai ont montré que l’inflation était passée de 3.7% à 5% d’une année à l’autre et que le déficit des finances publiques s’était creusé pour atteindre 3% du PIB, et ce, à cause d’une hausse des dépenses entraînée par les mesures de stimulation économique. Bien que ces chiffres soient quelque peu inquiétants, le FMI a déclaré que la position du gouvernement en matière de politique monétaire était adéquate vu les circonstances.
Il est surtout important de noter que le FMI avait précisé que le secteur financier tunisien n’avait pas été touché par la crise financière mondiale. En effet, selon le rapport, les niveaux de crédit étaient restés stables et la Bourse de Tunis continue d’enregistrer une croissance exceptionnelle.
Bien que les réserves internationales aient connu une baisse malgré la hausse de l’investissement étranger direct (IED) relatif à la même période en 2009, les avoirs en devises de la Tunisie s’élèvent depuis la fin mai à neuf milliards de dollars, un niveau « confortable », selon le FMI.
Cependant, il a quand même été spécifié dans la déclaration que même s’il y avait une reprise économique mondiale, la récupération serait non seulement inégale, mais qu’elle se ferait graduellement dans les Etats membres de l’Union européenne, qui seront, par ailleurs, sujets à des risques baissiers.
« Dans ce contexte, les politiques macroéconomiques de la Tunisie devront pouvoir s’adapter aux évolutions d’un environnement international incertain pour accompagner au mieux une amélioration de la croissance tunisienne », d’apres le rapport.
Le 15 juin dernier, Joël Toujas-Bernaté, le chef de mission du FMI à Tunis, a déclaré aux médias locaux que l’économie tunisienne devrait poursuivre sa croissance cette année et le PIB augmenter de 3.8%, et ce, malgré l’incertitude qui plane sur la scène internationale, notamment dans la zone euro, le partenaire commercial principal du pays.
Les résultats macroéconomiques de la Tunisie en 2009 étaient louables, a ajouté M. Toujas-Bernaté, et le pays a de fortes chances de connaître une croissance importante dans les quelques années à venir.
Il a également expliqué que, grâce à des réformes structurelles entreprises au cours des dernières années, dont le renforcement du secteur financier et la modernisation de la politique monétaire, les efforts de la Tunisie visant à mettre sur pied une économie fondée sur l’innovation et des secteurs à forte valeur ajoutée ont de bonnes chances de porter fruit.
Le FMI s’est appuyé pour plusieurs de ses évaluations sur une étude réalisée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont les résultats ont été publiés à la mi-juin. Selon le rapport, l’élargissement de la base de l’économie tunisienne et sa plus grande résistance à la conjoncture mondiale lui ont permis d’éviter le pire de la crise financière mondiale.
« La Tunisie a su contenir les effets de la crise économique mondiale grâce à son économie ouverte et diversifiée et a confirmé, une fois de plus, sa capacité à résister aux chocs externes », souligne le rapport.
Même si le rapport a attribué au moins quelques-uns des bons résultats de l’année dernière à des facteurs externes (les 6% d’amélioration des rendements agricoles ont été attribués à une bonne saison des pluies, par exemple), nombre de secteurs clés ont enregistré des taux de croissance qui s’approchent de ceux de l’agriculture voire les dépassent. Parmi les meilleurs résultats, on compte ceux du secteur des technologies de l’information et de la communication, ainsi que ceux de l'industrie des hydrocarbures, qui ont crû de 16% et de 13% respectivement.
Autant la déclaration du FMI que la déclaration conjointe de la BAD et de l’OCDE ont soulevé la question du déficit de la balance courante. Le FMI a affirmé que le déficit s’était creusé au cours des premiers mois de cette année à la suite d’une augmentation des importations supérieure à celle des exportations, ainsi que d’une stagnation des recettes touristiques et des envois d’argent des tunisiens à ‘étranger.
Bien que le gouvernement veuille contenir le déficit de la balance courante, il voit bien aussi certains des effets positifs de la hausse récente des dépenses à l’étranger. Ridha Ben Mosbah, le ministre du Commerce et de l’Artisanat, a déclaré à la fin mai que la hausse des importations découlant des investissements dans le matériel et les matières premières favorisera dans la plupart des cas la croissance économique.
« Le volume important des importations annonce une croissance continue du taux d’exportations, un redressement des investissements et une capacité de résistance de l’économie nationale aux chocs externes », a-t-il expliqué au moment de publier les chiffres du commerce extérieur pour les quatre premiers mois de l’année.
La Tunisie doit certes encore veiller à renforcer son économie et à se protéger davantage contre les chocs externes à venir, mais les fondations d’un développement durable sont déjà établies.