Le concours "Archigénieur" couronne un Tunisien et un Burkinabè

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Ouvert aux élèves architectes, urbanistes et futurs ingénieurs inscrits dans des Ecoles, Universités ou Polytechniques africains ainsi qu'aux jeunes professionnels diplômés en 2012, d'origine africaine ou non, le concours Archigénieur Afrique a couronné, pour sa première édition, l’équipe n°12256 composé du Tunisien Zied Hattab et du Burkinabè Youssouf Sawadogo, de l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis (ENAU) pour leur «Baobab urbain», sur plus de mille étudiants et jeunes professionnels de plus de 30 pays africains et plus de 80 écoles et universités d'Afrique.

«Encourager, stimuler et récompenser la créativité et l’inventivité des jeunes talents architectes, urbanistes et ingénieurs d’Afrique» est le principal but du concours Archigénieur d’Afrikarchi, association à but non lucratif loi 1901, basée en France, représentée dans près de 12 pays africains avec un réseau international ; association dont les objectifs sont, principalement, de «soutenir et d'amplifier l'enseignement de l'Architecture, de l'Urbanisme et du Génie-Civil en Afrique, de faire naître et de diffuser une image positive et dynamique des matériaux locaux africains utilisés dans la construction».

Pour sa toute première édition, Archigénieur a lancé comme thème des projets des participants «Logements collectifs en milieu urbain». Il faut dire que la notion de logements collectifs est très importante pour notre continent, car certains pays perdent leurs caractéristiques architecturales traditionnelles pour ne reproduire que des éléments occidentaux, alors que les logements collectifs en milieu urbain peuvent conserver des cachets spécifiques aux pays où on les construit. Les candidats ont eu trois mois pour réaliser leur projet.

Le jury, présidé par l’architecte DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement) et urbaniste  d’origine comorienne Mahmoud Keldi, et composé de Fiona Meadows (architecte DPLG, responsable de programmes à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, FRANCE), Romarick Atoke (président d’Afrikarchi), Jean-Pierre Franca (ingénieur), Emmanuel Amougou (sociologue), Patrick Effiboley (spécialiste en muséologie) et François Codjo (architecte DPLG), a sélectionné 15 projets pour l’exposition internationale, qui a été entamée en mars dernier, et qui tourne sur plusieurs villes : Cotonou, Kumasi, Bamako, Dakar, Tunis, Paris, Grenoble, Goussainville, etc.

Ce jury a décerné le premier prix, à savoir 1000 euros, au duo tuniso-burkinabè de l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis (ENAU) que sont Zied Hattab et Youssouf Sawadogo, tous deux en 6e année, actuellement en stage professionnel, pour leur «Baobab urbain» ; un choix qui s’est fait sur plus de mille étudiants et jeunes professionnels de plus de 30 pays africains et de plus de 80 écoles et universités d'Afrique.

Pourquoi «Baobab urbain» ? Pour Zied Hattab : «Le Baobab est d’abord un arbre typiquement sahélien (Burkina Faso) qui a toujours joué un rôle important dans la société africaine à la fois nutritionnel (feuilles et fruits). Il est aussi synonyme de protection et de longévité». Pour Youssouf Sawadogo : «Le terme Baobab urbain évoque déjà l’identité africaine du projet et son enracinement dans la culture burkinabè».

Comme l’ont expliqué les deux jeunes lauréats, leur projet «est une réinterprétation de ce baobab à travers la grande toiture trouée et couverte de panneaux solaires qui joue le rôle d’une cime qui protège à la fois les habitats et crée un micro climat intérieur. Le concept obéit à un contexte climatique particulier et garantit une bonne fonctionnalité et une dureté dans le temps des habitats». Et Le jeune Burkinabè d’ajouter : «Le Baobab urbain est, avant tout, un projet de logements collectifs situé au centre ville de la capitale burkinabè,  réfléchi et conçu selon le principe  écologique (utilisation des matériaux locaux, énergies renouvelables telles que l’énergie solaire) mais aussi en tenant compte de l’identité architecturale locale, de la pratique même de l’espace par les habitants et aussi de l’environnement naturel qu’urbain qui caractérise le site. Le projet est l’aboutissement d’une réflexion sur l’habitat africain en particulier celui burkinabè. Le projet tente de réconcilier matériaux locaux, écologie, pratique locale de l’espace avec une architecture contemporaine».

Il faut savoir que ce n’est pas l’argent et les autres cadeaux (tablette tactile, Handycam HDD, Disque dur externe 1Tera, USB 32GB, stylo caméra intégrée, Logiciels Autodesk, livres, possibilités de formations/stages et autres) qui ont poussé ces deux jeunes futurs architectes à s’inscrire à ce concours. Zied Hattab a déclaré que ce qui l’avait poussé était «en quelque sorte la problématique  posée dans le concours  de "repenser" le logement en Afrique ou de présenter une vision de l’habitat africain dans son contexte aussi complexe que varié». Pour Youssouf Swadogo, «avant tout, la somme est symbolique. Le prix importe peu par rapport à ce que nous avons acquis comme connaissance. C’était une occasion d’imaginer un model d’habitat qui puise ses ressources du contexte local, en particulier celui burkinabè».

C’est un enrichissement personnel qu’a permis ce concours aux deux jeunes mais également à tous les participants. Un moment aussi de partage comme nous l’a signalé le jeune Tunisien : «Le travail était vraiment un travail d’équipe, de partage, d’échange d’idées et de concepts. Il y a eu plusieurs propositions  sur lesquelles nous avons discuté. Je ne pense pas qu’on  puisse  vraiment distinguer un apport personnel. Le travail a été le fruit de cette collaboration fructueuse. Néanmoins, Youssouf  a, bien entendu, plus connaissance du contexte et surtout de sa culture burkinabé».

Leur projet devrait être construit en totalité ou en partie d’ici 2015. En attendant, Zied Hattab cherche «à acquérir de la connaissance empirique, expérimentale et professionnel» et voit un fructueux partenariat avec son ami Youssouf «si des opportunités se présentent». Et le jeune Burkinabè d’ajouter : «Nous comptons aller au-delà de ce concours, car sortis de la même école on se comprend mieux !».

Charm ATA